Nicolas Sarkozy défend un Etat "entrepreneur" et régulateur

Le Québec et la crise


C'est devant l'ancien premier ministre britannique Tony Blair, chantre de la mondialisation des années 1990, et la chancelière allemande Angela Merkel, que Nicolas Sarkozy a proclamé le "retour de l'Etat" jeudi 8 janvier lors du colloque "Nouveau Monde, nouveau capitalisme".

Pour M. Sarkozy, "le fait majeur de cette crise, c'est le retour de l'Etat". S'inscrivant dans la tradition colbertiste française, le président de la République entend aller au-delà de l'Etat régulateur et protecteur défendu par le fondateur de la troisième voie, entre socialisme et libéralisme, Tony Blair. Il défend aussi un "Etat entrepreneur", qui agirait notamment via des fonds souverains. L'enjeu est de retrouver un "capitalisme d'entrepreneurs" que l'Etat doit "animer", "entraîner".
M. Sarkozy estime que l'intervention publique apparaîtra demain "plus légitime". Devant Mme Merkel, qui souhaite elle aussi aider plus librement son industrie, notamment automobile, M. Sarkozy devait rappeler que "la concurrence n'est pas une fin en soi mais un moyen".
"SPÉCULATION"
Le colloque s'est tenu à l'approche du second sommet qui réunira les vingt principales puissances de la planète à Londres début avril. Ce G20 doit poursuivre l'ajustement des règles financières mondiales esquissé à Washington en novembre lors d'une réunion qualifiée d'"historique".
Estimant que "le rêve de la mondialisation heureuse a fini avec le 11 septembre 2001", M. Sarkozy s'est livré à une critique profonde du capitalisme financier "On attendait la concurrence et l'abondance. On a eu la rareté, le triomphe de l'économie de rente, la spéculation et des dumpings". Finie la mondialisation où chacun est gagnant. "Ce fut un jeu où chacun s'efforça de croître au détriment des autres".
Si la critique est vive, faisant fi de la forte croissance connue depuis vingt ans par les pays émergents, M. Sarkozy prend néanmoins garde de ne pas jeter le capitalisme avec l'eau du bain. L'anticapitalisme, estime-t-il a conduit aux "pires totalitarismes". "Il ne s'agit pas de nationaliser toute l'économie mondiale", insiste-t-il encore en mettant en garde contre les risques "d'une réglementation trop lourde, trop compliquée, trop tatillonne".
Mais en plaidant pour un "rééquilibrage des rôles respectifs de l'Etat et du marché", il continue de chasser sur les terres de la gauche modérée. Et en actant l'émergence d'un "monde nouveau", il réintroduit le concept de "rupture", slogan de campagne mis à mal par l'exercice du pouvoir. Il tente aussi de réhabiliter l'idée d'"un projet de civilisation" à construire. Ce concept, emprunté au sociologue de gauche Hervé Morin, avait été lancé il y a tout juste un an. Il avait alors suscité l'incompréhension totale.
Arnaud Leparmentier


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