Trente-neuf ans après avoir accédé au trône, le roi d'Espagne, Juan Carlos, 76 ans, a annoncé, le 2 juin dernier, sa décision d'abdiquer de la couronne. Sa décision est motivée par le besoin de «renouveau» du pays. Artisan de la transition démocratique après la dictature franquiste, la fin de son règne aura cependant été marquée par une chute de popularité en raison de la multiplication d'affaires touchant la famille royale.

Jusque-là protégé par les médias, Juan Carlos s'était rendu en 2012 au Botswana pour une partie de chasse à l'éléphant, autorisée dans ce pays à condition de payer autour de 30 000 euros. Indiquant qu'il s'agissait d'un voyage privé, la maison royale a refusé de le confirmer. Mais une photographie de Juan Carlos posant en 2006, fusil à la main, devant un éléphant mort a été publiée en une de plusieurs quotidiens espagnols.

Alors que l'Espagne vient de présenter un budget d'une rigueur sans précédent, le cliché a de quoi ternir l'image du roi apprécié par les Espagnols pour avoir aidé à établir la transition démocratique, mais aussi pour ses manières simples. On connaît la suite.

Double discours d'un Juan Carlos canadien

Le gouvernement de Stephen Harper a modifié récemment le régime d'assurance-emploi, notamment la définition de ce qui constitue un «emploi convenable» et une «recherche d'emploi raisonnable». Médaillée des festivités monarchistes, la souverainiste Suzanne Tremblay préside la Coalition contre la réforme de l'assurance-emploi des conservateurs au Bas-Saint-Laurent. Rentable politiquement, Jean-François Fortin dispute l'appui des chômeurs à l'Opposition officielle. Le bloquiste se rend aux manifestations le poing levé. La communauté de Sainte-Anne-des-Monts put s'enorgueillir d'avoir en son église cet homme du peuple (Graffici.ca, 3 décembre 2013)!

Mais, savez-vous que l'hebdomadaire Le Riverain a publié le 9 septembre 2013 «Une autre facette de Jean-François Fortin». On y voit le député bloquiste à Ottawa sur son voilier de plaisance. Dans une des régions les plus affectées par la réforme, la Haute-Gaspésie, il nous raconte qu'une partie de son salaire de 160 000$ par année servit à acheter, puis à modifier son navire après l'agrandissement de sa famille. Est-il étonnant d'apprendre maintenant qu'il est l'un de ceux au Bloc qui s'opposent le plus fermement à l'obligation de donner 50 000$ à la cause souverainiste (Lina Dib, «Les députés bloquistes se consolent de l'élection de Mario Beaulieu», L'Actualité, 16 juin 2014)?

Juan Carlos 1er de Bourbon avec son fusil et son éléphant comme Jean-François Fortin de Sainte-Flavie avec son beau grand bateau, les psychanalystes ont ici probablement matière à disserter. Symboles phalliques par excellence...