Mon beau sapin

Noël et Jour de l'An - 2010- 2011


Gabriel Racle - Ottawa - Chaque année, pour Noël, près de 40 millions d'arbres naturels sont vendus en Amérique du Nord, dont de 5 à 6 millions proviennent du Canada et surtout du Québec. D'où nous vient cette tradition qui associe Noël et sapins, au sens générique du terme puisque tous ces arbres ne sont pas des sapins?
Il faut se rappeler que Noël coïncide avec l'ancienne fête du solstice d'hiver, récupérée et christianisée par l'Église de Rome au IVe siècle. Les Saturnales, comme se dénommaient ces fêtes, étaient une période de réjouissances associées à Saturne, dieu des semailles et de l'agriculture, où l'on célébrait le retour de la lumière, du soleil, de la vie.
On offrait des cadeaux: des porte-bonheur, du miel, des gâteaux, de l'or, on décorait les maisons avec du lierre, des branches de houx et du gui, autrement dit des plantes vertes même en hiver qui marquaient bien le symbolisme des célébrations.
En fait, il semble que toutes les civilisations anciennes aient célébré, d'une manière ou d'une autre, le solstice d'hiver, qui marque le retour des jours plus longs et celui du soleil, autrement dit le retour à la vie.
C'est sans doute de ce tréfonds plus ou moins obscur qu'a pris naissance la tradition de l'arbre de Noël que nous connaissons aujourd'hui. Un texte de 1521, des archives de la ville de Sélestat, en Alsace, est aujourd'hui la plus ancienne mention écrite que l'on connaisse au sujet d'un arbre de Noël. Des archives un peu plus tardives, mais toujours du XVIe siècle, démontrent que la tradition est déjà très populaire.
Ce n'est cependant qu'à partir de 1600 que l'on parle de la décoration de ces arbres: en Alsace toujours, on trouve des roses, des pommes, des confiseries et de petits gâteaux. En Allemagne, vers 1605, on trouve des arbres parés de décorations. Il pourrait s'agir de la reprise de vieilles traditions germaniques associées à la décoration d'arbres lors de l'ancienne célébration de Yule, la fête du solstice d'hiver.
Si les roses symbolisent la Vierge, les pommes évoquent l'arbre de la connaissance du bien et du mal du paradis d'Adam et Ève, canonisés par les églises orientales et fêtés le 24 décembre. C'est ce symbolisme qui sera développé au moment de la Réforme, vers 1560, par les églises protestantes qui refusent d'utiliser la crèche des catholiques. La tradition du sapin de Noël se répand ainsi dans l'Europe protestante, l'Allemagne, les pays scandinaves.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on commence à illuminer les sapins. On plaçait des coquilles de noix remplies d'huile dans laquelle flottait une petite mèche, un peu à la manière des anciennes lampes romaines, puis de petites bougies apparurent. C'est à partir de 1880 qu'on a pu voir aux États-Unis les premières décorations avec des ampoules électriques, bien rares car très chères.
En effet, le sapin de Noël avait fait du chemin. En 1738, Marie Leszczynska, épouse du roi Louis XV et reine de France, introduit un sapin de Noël décoré au château de Versailles. Or, bien que d'origine polonaise, elle avait vécu en exil dans la ville alsacienne de Wissembourg. Un siècle plus tard, en 1837, Hélène de Mecklembourg, duchesse d'Orléans, d'origine allemande, installe un sapin de Noël aux Tuileries à Paris.
Au Canada, c'est le général allemand Von Reidesel, commandant des troupes britanniques en garnison à Sorel qui, en 1741, dresse et illumine le premier sapin de Noël, avant même l'Angleterre, d'où la tradition va se répandre en Amérique du Nord. Ce n'est qu'en 1841 que le mari de la reine Victoria, le prince Albert, d'origine allemande, fait installer un arbre de Noël au château de Windsor. De la cour, la mode du sapin de Noël s'est répandue au fil des ans dans les divers milieux sociaux.
À l'époque victorienne, on posait le sapin sur une table recouverte d'une nappe de damas blanc. On le décorait avec des guirlandes, des bonbonnières et des fleurs en papier. Les premiers sapins de grandes dimensions seraient apparus vers la fin du XIXe siècle. La boule de Noël, qui décore les sapins, est née à Meisenthal, en France, pour remplacer des pommes mises à mal par l'hiver rigoureux de 1858. Un artisan verrier avait alors eu l'idée de créer des boules représentant une pomme. La boule de Noël était née.
La tradition du sapin à Noël est bien une subsistance des anciennes fêtes de l'équinoxe d'hiver, d'origine germanique, marquée par cette idée que les arbres à feuilles persistantes représentent le renouveau de la vie, comme le retour du soleil. [...]
Quant à la chanson Mon beau sapin, c'est l'adaptation d'une chanson allemande, O Tannenbaum, dont la première version connue des paroles date de 1550. La version la plus célèbre est celle de 1824, de l'organiste allemand Ernst Anschütz. Cette chanson a été adaptée dans de nombreuses langues.
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