Mexique : la présidence de Peña Nieto risque de finir plus tôt que prévu

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Le Mexique au bord de la révolution ?

La lutte pour réclamer justice pour les étudiants disparus de l’École Normale Rurale d’Ayotzinapa est rapidement devenue une bataille historique pour le présent et l’avenir de la nation. D’un côté, les forces de la mort, la répression, la et l’ignorance. Face à cela se dresse l’esprit libertaire d’un peuple mexicain plein de créativité, de dignité et d’espoir.


gal_9507 Le contraste entre la détestable vidéo insultante où Angélica Rivera (femme du président) étale sespropriétés de millionnaire et n’importe quelle interview d’ Omar García, ou d’autres membres de la grande famille d’Ayotzinapa, met en évidence l’infranchissable  gouffre culturel entre l’indolente classe dirigeante et le peuple travailleur. Ni Enrique Peña Nieto ni les membres de son cabinet ne pourraient survivre à un débat public en face, sans prompteur, avec des étudiants ou des parents d’Ayotzinapa. Ils seraient submergés en quelques minutes par la clarté, la conviction et l’intelligence énormes des voix rebelles de Guerrero.


Nous sommes mal gouvernés par un groupe de personnes incultes, sans instruction ni éthique ni connaissances  historiques, dont le seul intérêt est d’accumuler de l’ et du pouvoir. Mais leur ignorance les condamne à répéter l’ et à rester accrochés à un immobilisme conservateur qui finira par causer leur défaite fracassante. Le vent de l’ souffle à grande force et l’extraordinaire ingéniosité du peuple mexicain saura remplir ses voiles avec l’énergie du processus de transformation mondial en cours.


La mise à feu, le 20 novembre, de l’effigie de Peña Nieto, considéré par beaucoup comme le Judas de la nation, a annoncé au monde entier la fin du mandat, prévu pour six ans mais maintenant réduit à deux, de celui qui, aujourd’hui, occupe encore Los Pinos (résidence officielle du président). Chaque fois que le mari de l’actrice millionnaire  de Televisa s’accroche à son fauteuil, le pouvoir se vide un peu plus de contenu. Ce n’est pas la fonction qui fait l’homme, mais l’homme qui fait la fonction, dit le sage dicton mexicain. Ainsi, quand l’homme s’avère être un simple bonhomme de papier, sa fonction s’envole aussi en fumée, par définition.


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Il est beaucoup plus simple de faire en sorte qu’un président quitte sa fonction que la plupart des pinaillages juridiques ne le suggèrent. Il n’est nullement nécessaire que le Président présente officiellement sa démission au Congrès conformément à l’article 86 de la . Il suffirait juste que l’occupant de Los Pinos ne se présente pas au travail, et donc aurait la situation de carence absolue mentionnée à l’article 84 de la . En d’autres termes, Peña n’aurait pas besoin de démissionner, il suffirait qu’il aille se faire voir ailleurs.


Mais indépendamment du fait que Peña Nieto quitte ses fonctions ou non, ce qui est certain, c’est que chaque jour où il se maintiendra à son poste, de moins en moins de Mexicains feront cas de lui. Nous assistons aujourd’hui à un mouvement mondial massif de désobéissance civile en faveur de la justice et d’un changement de régime au . L’Action Globale pour Ayotzinapa du 20 Novembre a non seulement mobilisé plus de 150 000 personnes sur le Zocalo [Place de la Constitution, au centre de Mexico, où se trouve la palais présidentiel, une des plus grandes places du monde, de 240 m. de longueur et de largeur, NdT] mais elle a mobilisé simultanément des dizaines de milliers d’autres personnes à travers le pays et le monde, des communes les plus pauvres du Guerrero et du Chiapas à Tokyo, Toronto et La Paz.


Ce dont nous sommes aujourd’hui témoins, c’est d’une immense bataille civilisationnelle en réponse à l’ du pouvoir présidentiel comme centre d’articulation de la légitimité publique au Mexique. D’une part, l’appareil militaire et de sécurité a eu recours aux vieilles pratiques de répression et de terreur. L’action coordonnée entre provocateurs et policiers, et entre Peña Nieto et Miguel Angel Mancera [chef du du District Fédéral, étiquette PRD, Parti de la révolution démocratique, « opposition » de « gauche », NdT] pour déloger les du Zocalo le 20 Novembre avec un luxe de violence  était, dans son essence, analogue aux opérations du 2 Octobre 1968 et du 10 Juin 1971*.


D’autre part, les vieux loups de la gauche partidaire ont appelé à former un nouveau congrès constituant. Et les puristes de la société civile cherchent des sauveurs citoyens pour rectifier le cours des choses durant une présidence intérimaire.


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Mais au lieu de recycler des vieilles formules pour sauver la stabilité d’un régime totalement caduc, nous devrions nous inspirer directement de la grande Révolution mexicaine de 1910 pour que le pays donne une fois de plus un exemple au monde sur le terrain de la transformation sociale. Ayons une vision : celle d’une nouvelle nation où les charges publiques sont assumées par tirage au sort, la richesse nationale distribuée de manière égalitaire, la sécurité publique gérée par la population elle-même et la corruption un vague souvenir d’un sombre passé.


Comme l’a dit Omar Garcia samedi dernier à la tribune légitime du concert du groupe Calle Trece : « Nous ne voulons pas de changements de cabinet, nous voulons des changements profonds (…) et nous devons arriver aux conséquences ultimes » (Voir http://ow.ly/EKXtp).

Suivons tous son exemple de dignité et d’intelligence.


NdT


*Le 2 octobre 1968: Dans l’après-midi et la nuit du 2 octobre 1968 sur la place des Trois Cultures à Tlatelolco au Mexique, l’armée ouvre le feu sur les étudiants en grève rassemblés. Bilan estimé : 300 morts. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Luis Echeverría Álvarez, a été acquitté en 2009. Le président de l’époque, Gustavo Díaz Ordaz, agent de la CIA sous le nom de code Litempo-2, ne fut jamais vraiment inquiété pour ce crime, mais seulement « critiqué », ce qui l’amena à démissionner de son poste d’ambassadeur en Espagne en 1977. La découverte du rôle de la CIA dans ce massacre conduisit Philipp Agee à démissionner de l’agence.

Le 10 juin 1971: Massacre d’étudiants dit de la Fête-Dieu (Corpus Christi), commis par un groupe paramilitaire entraîné par la CIA, Les Faucons. Dans ce cas aussi, la justice a absous Luis Echeverría Álvarez, qui était alors président, de toute responsabilité. Bilan estimé : 120 morts.


http://tlaxcala-int.org/article.asp?reference=13977



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