Macron suspend sa taxe Gafam : du torse bombé aux petits bras

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La France plie devant les États-Unis

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En plein Davos, l’annonce a soulagé les milieux d’affaires : la France suspend temporairement le paiement de sa taxe Gafam. La guerre des tarifs douaniers n’aura pas lieu. Alléluia ! Et bien sûr, tout le monde se réjouit de cette grande victoire de la raison et des perspectives radieuses d’une solution venue de l’OCDE. Le multilatéralisme, il n’y a que ça de vrai…


En réalité, ce rétropédalage français – dans la dignité, bien entendu – est un fait majeur. Ce qui se joue sous nos yeux est la survie ou non de la démocratie, c’est-à-dire de la possibilité, à l’échelle d’une nation, d’une entité nationale ou d’une gouvernance mondiale, de faire valoir la volonté souveraine des citoyens face à des intérêts privés. Dramatisation excessive ? Trace de « souverainisme » obsessionnel ? Le monde vit un bouleversement majeur marqué par la toute-puissance d’entreprises du numérique échappant totalement à toute forme de régulation. Ne pas en anticiper les conséquences relève d’un aveuglement crasse dicté par des préjugés archaïques qui se résument peu ou prou à « la mondialisation, c’est bien, le protectionnisme, c’est mal. »


De quelle nature est le bras de fer que joue actuellement la France ? Nous avions suffisamment soutenu Emmanuel Macron dans ces colonnes lorsqu’il avait tenté son va-tout et imposé unilatéralement une taxe pour ne pas souligner aujourd’hui combien cette suspension est une capitulation en rase campagne. Les lobbys industriels mettront évidemment toute leur énergie à vider de sa substance un accord signé par l’OCDE, comme sont vidés de leur substance, et en particulier de leur dimension contraignante, tous les accords...