Plusieurs se souviennent des discours de René Lévesque au Centre Paul-Sauvé, mais plusieurs décennies avant les traditionnels rassemblements du Parti québécois, on parlait aussi de nationalisme, cette fois à la Palestre nationale. Parmi les orateurs qui y ont livré des discours, on compte Lionel Groulx. L'historien Jonathan Livernois s'attaque à l'épineuse question : Lionel Groulx était-il séparatiste?
La Palestre nationale était avant tout un lieu de promotion de l’éducation physique. Toutefois, derrière cette visée purement sportive se cachaient aussi des visées nationalistes : la formation d’une race
forte.
Créée par des nationalistes, la Palestre nationale servait aussi de lieu pour la tenue de débats et de conférences. On a pu y entendre, dans les années 1930, Henri Bourassa, Adrien Arcand et Lionel Groulx, entre autres.
C’est à cet endroit que s’est tenu le congrès des Jeunesses patriotes de 1936. Le mouvement, fondé l'année d'avant, ne faisait pas seulement partie de la mouvance nationaliste de l’époque : il était carrément séparatiste. Il lorgnait aussi un peu du côté du fascisme
, précise Jonathan Livernois.
Lionel Groulx, qui était une véritable vedette à l'époque, était l'un des invités de marque de ce congrès. Cela signifie-t-il qu’il était, lui aussi, séparatiste? Plusieurs le pensent, mais la réponse n’est pas aussi claire, selon Jonathan Livernois.
Il cite un extrait du discours qu'il a prononcé pour l'occasion : Le devoir certain, où il n’y a pas de risque de se tromper ni de perdre son effort, c’est de travailler à la création d’un État français dans le Québec, dans la Confédération, si possible; en dehors de la Confédération, si impossible.
Il semblerait donc que Lionel Groulx n’ait appuyé l’idée d’un Québec indépendant qu’en dernier recours seulement.
Au-delà de la question séparatiste, Lionel Groulx a aussi insisté, au cours de ce discours, sur l’importance d’éviter un nationalisme agressif et raciste, une tendance que l'on pouvait voir dans plusieurs pays à l'époque.