Dans Le Devoir du 19 mars, Josée Boileau consacre un éditorial à Philippe Couillard intitulé « Le fantôme de Porter ». Mme Boileau y aborde la question des liens du chef libéral avec l’Arabie saoudite. Elle rappelle qu’il a été un conseiller du ministre de la Santé de ce pays.
En conclusion, Mme Boileau, faisant référence au National Post du 18 novembre 2011, écrit « M. Couillard, cité ailleurs dans l’article, a refusé de commenter ce point. Il ne s’est d’ailleurs jamais trop épanché sur le contexte de son travail là-bas. Y avait-il là aussi carte blanche ? »
M. Couillard doit aujourd’hui répondre aux questions à ce sujet. Sur son travail en Arabie saoudite, M. Couillard doit notamment nous dire s’il a conseillé le ministre saoudien en sa qualité de médecin ou d’homme politique.
Si c’est en sa qualité de médecin, une question se pose : jusqu’où un médecin d’un pays démocratique peut-il aller dans sa collaboration avec un ministre d’un régime qui bafoue systématiquement les droits de la personne ?
Si c’est en sa qualité d’homme politique que M. Couillard est intervenu, une autre question se pose : pourquoi un homme issu de l’une des plus vieilles démocraties en Amérique du Nord, un homme qui aspire à en devenir le dirigeant, a-t-il fait profiter un ministre d’un gouvernement totalitaire de ses conseils judicieux ?
Par ailleurs, M. Couillard n’a pas fait de bénévolat en Arabie saoudite. Il ne travaillait pas pour Médecins sans frontières. Sur la base de quel contrat a-t-il collaboré avec ce régime totalitaire ? Pour quel montant ? Sur quelle période ?
L’information fournie par Amnistie internationale sur son site Internet est éloquente concernant la nature de ce régime barbare. M. Couillard ne peut l’ignorer.
Pour l’année 2013, voici le titre d’un communiqué en date du 2 août concernant l’Arabie saoudite : « Sept ans de prison et 600 coups de fouet pour le créateur d’un forum en ligne ». Dans le communiqué du 8 février 2013 intitulé « L’Arabie saoudite a décapité deux personnes par semaine depuis le début de l’année », on peut lire : « En Arabie saoudite, la plupart des procédures judiciaires se déroulent à huis clos. Il est rare que les accusés soient autorisés à être représentés par un avocat et il arrive que leur condamnation repose uniquement sur des “ aveux ” obtenus par la contrainte, sous la torture ou d’autres formes de mauvais traitements, ou par la ruse. Dans bien des cas, les accusés eux-mêmes ne sont pas informés de l’évolution de la procédure engagée contre eux. »
Sur la situation générale en Arabie saoudite, voici ce que dit Amnistie internationale dans son rapport de 2013: « Les autorités imposaient des restrictions sévères à la liberté d’expression, d’association et de réunion et elles réprimaient la dissidence. Des militants politiques et des personnes qui avaient critiqué le gouvernement ont été incarcérés sans jugement, ou condamnés à l’issue de procès manifestement inéquitables. Les femmes étaient victimes de discrimination dans la législation et en pratique ; elles n’étaient pas suffisamment protégées contre les violences, y compris au sein de la famille. Des travailleurs migrants ont été exploités et maltraités. Des peines de flagellation ont été prononcées et appliquées. Il y avait à la fin de l’année plusieurs centaines de prisonniers condamnés à mort ; au moins 79 personnes ont été exécutées en 2012. »
Les rapports d’Amnistie internationale des années précédentes indiquent que cet enfer totalitaire et barbare dure depuis des années. Philippe Couillard était au courant de la nature de ce régime. Pourquoi a-t-il collaboré avec ces tortionnaires ? Sur une question aussi fondamentale, cet homme, qui aspire à devenir notre premier ministre, doit faire preuve d’une transparence absolue.
Jean-Pierre Gagnon - Québec
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