Face à une prétendue "menace russe", les Américains réaniment un site stratégique en sommeil depuis dix ans: leur base de Keflavik en Islande.
Plusieurs revues militaires des armées américaines ont annoncé la décision inattendue de relancer la base militaire américaine de l'aéroport de Keflavik (Islande), mise en sommeil en 2006. Aujourd'hui ce site accueille déjà des Orion P-8 — avions anti-sous-marins très modernes — et les casernes sont aménagées pour accueillir un contingent équivalent à une brigade renforcée.
Au début de la Guerre froide, le site de Keflavik était d'une importance cruciale: cet aérodrome permettait de contrôler tout l'espace aérien de l'Atlantique nord, et notamment le détroit entre l'Islande et les Shetland et les Orcades — seule voie vers le théâtre des opérations atlantique pour la flotte soviétique du nord.
Toutefois, suite à l'affaiblissement de la machine de guerre soviétique, les Américains ont mis la base en "stand-by", y laissant seulement des avions anti-sous-marins et des détecteurs de mouvement au fond de la mer. L'itinéraire éventuel de la flotte soviétique a cessé d'exister, tout comme les projets stratégiques ambitieux du Pacte de Varsovie déjà enterré, et finalement la base a été fermée en 2006. Les bâtiments, eux, sont restés en l'état.
Jusqu'à récemment, le site de Keflavik n'avait même pas sa propre escadrille et n'accueillait en permanence que des hélicoptères de sauvetage et des bateaux-citernes. Des Orion P-3 visitaient de temps en temps cette base dans le cadre d'exercices militaires: ils patrouillaient depuis la Sicile ou Naples, où les Américains ont stationné leurs escadrilles. Aujourd'hui, de nouveaux Orion P-8 devraient revenir à Keflavik pour "chasser les sous-marins russes" et protéger les nerfs fragiles des Britanniques. Londres avait en effet tiré la sonnette d'alarme au printemps dernier, en cherchant des signes d'incursions russes dans ses eaux. En septembre 2015, Robert Work, vice-ministre américain de la Défense, avait inspecté la base de Keflavik avant de lancer sa réanimation en tant qu'élément majeur de l'infrastructure militaire de l'Otan dans l'Atlantique nord.
Le bras-de-fer stratégique est actuellement si proche de la Guerre froide que l'Otan réanime tout son vieux système de réaction, réduit après 1991 à cause de l'absence d'ennemi. Aujourd'hui, personne n'évoque évidemment plus les plans des années 1980 ou la perspective d'une guerre en Europe: les technologies et les modalités des conflits ont changé. Mais l'Atlantique nord conserve donc bien son caractère stratégique.
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