Les travailleurs millionnaires

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L'argent rend fou





Il y a deux catégories de riches. D’abord, les entrepreneurs qui ont construit leur fortune et leurs héritiers qui l’ont fait fructifier, parfois de façon exponentielle. Ensuite, les cadres dirigeants des entreprises multinationales qui commandent, dixit Jean C Monty samedi dans La Presse, des salaires et primes stratosphériques pour faire face à la compétition internationale.


Jean C. Monty, cet ex-dirigeant d’entreprises, est aujourd’hui président du comité des ressources humaines et de la rémunération chez Bombardier. Il défend ces augmentations reliées à la performance. Il assure que la moitié des 32 millions de dollars de rémunération est conditionnelle à l’amélioration des performances d’ici trois ans. Monsieur Monty est heureux de dire que les hauts dirigeants ne toucheront pas ces primes si l’entreprise ne fait pas de bons résultats, si le cours des actions n’augmente pas et si elle ne crée pas de valeur pour ses actionnaires.


Tant de propos raisonnables émeuvent. Mais on notera que le porte-parole de Bombardier n’a pas dit mot sur le milliard que Québec versera à l’entreprise. Car Bombardier malgré ses effets de toge dans l’annonce de son carnet de commandes de nouveaux avions ne peut masquer qu’elle a du plomb dans l’aile.


Arrogance


L’arrogance de Bombardier a semblé sans limites. Ses hauts dirigeants devaient penser que les Québécois, nés pour un petit pain et qui exigent la gratuité des services mur à mur, sont jaloux et frustrés. Mais ceux-ci vivent chichement tout en payant leurs impôts, qui servent en partie à soutenir une entreprise qui ne pouvait trouver d’aide qu’auprès du gouvernement québécois. D’ailleurs, selon des spécialistes de l’industrie aéronautique, le Québec a négocié une entente en prenant trop de risques. Mais les contribuables ont le dos large, c’est bien connu.


Souvenons-nous du sauvetage de la compagnie General Motors par Obama au moment de la crise de 2008 aux États-Unis. GM où les hauts dirigeants s’attribuaient des primes de centaines de millions de dollars. Une fois la situation normalisée, ces mêmes dirigeants ont retrouvé leurs réflexes de carnassiers de billets verts et se sont attribué des salaires et primes à dégoûter même Bill Gates et Warren Buffet.


Pierre Lassonde, un Québécois milliardaire, a créé son entreprise dans les mines. Dans un entretien pour le Journal de Montréal en 2013, il m’affirmait que l’argent peut rendre fou. C’est pourquoi cet homme modeste ne laisse en héritage à ses enfants qu’une infime partie de son immense fortune, qu’il investit dans des activités de mécénat.


Sans âme


Nombre de hauts dirigeants qui commandent des dizaines de millions de dollars vivent sur une autre planète. Dans le cas de Bombardier, l’entreprise dirigée avec une main de maître par Laurent Beaudoin qui y a insufflé une âme l’a perdue à l’évidence.


Le fleuron Bombardier est éclaboussé. 93 % des Québécois sont choqués par cette orgie salariale pour des gens qui encourent peu de risques. Ce consensus invraisemblable a donc amené Bombardier à reporter ces augmentations. Car c’est l’État québécois et les actionnaires qui prennent des risques.


La cupidité ici semble plus grande que la compétence. Et le mépris du peuple déclasse socialement ces parvenus.
 




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