Les Québécois en veulent pour leur vote

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On tente d'imposer au peuple une réforme électorale au détriment du vote francophone des régions


La majorité est claire. Pas moins de 69 % des Québécois appellent le premier ministre François Legault à respecter sa parole et à réformer le mode de scrutin, indique un sondage Léger dont Le Devoir a obtenu copie.


Ce fort appui dispense le gouvernement caquiste de soumettre son projet de mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire à un référendum, est d’avis le Mouvement démocratie nouvelle (MDN), qui a commandité le coup de sonde. « Ce que le sondage vient dire, c’est : “M. Legault, vous avez l’appui d’une majorité de Québécois !” », résume la vice-présidente du MDN, Françoise David. « M. Legault peut aller de l’avant de façon tout à fait démocratique. Il va, j’espère, déposer un projet de loi le 1er octobre. Bien sûr, il faut un temps raisonnable pour en débattre et pour l’adopter. [Il faudrait le faire] au plus tard au printemps 2020 et tout mettre en oeuvre pour les élections de 2022 », ajoute-t-elle.


L’ancienne co-porte-parole de Québec solidaire (2006-2017) se réjouit du large appui apporté à la réforme du mode de scrutin. « C’est un appui qui vient autant des grands centres que des régions. C’est un appui qui vient des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes. Ça, c’est vraiment intéressant », souligne-t-elle.


Le mode de scrutin actuel pose problème pour 60 % des Québécois, peut-on lire aussi dans le rapport du sondage.


Plus de 6 répondants sur 10 trouvent injuste qu’un parti politique obtienne 57 % des sièges de l’Assemblée nationale après avoir recueilli 38 % des votes lors d’élections générales. En gros, c’est ce qui est arrivé à la Coalition avenir Québec l’automne dernier. « Les gens voient que ce n’est pas juste. C’est quasiment comme un réflexe ; c’est clair pour eux qu’il faut compenser », explique le président du MDN, Jean-Pierre Charbonneau.


En effet, les Québécois sont a priori favorables à l’adoption de mesures permettant de réduire l’écart entre la distribution des votes et la distribution des sièges, comme l’élection de « députés de régions à partir de listes de candidates et de candidats établies par chaque parti politique » en plus de députés de circonscription. Le MDN a notamment sondé les Québécois sur ce cas de figure : le parti A obtient 30 % des votes dans une région donnée et 15 % des sièges de circonscriptions de cette même région à l’Assemblée nationale. Il se voit attribuer des sièges régionaux afin de compenser l’écart entre le pourcentage de votes et le nombre de sièges dans la région. Là-dessus, 59 % des répondants se sont dits plutôt favorables, alors que 19 % se sont dits plutôt opposés.


En revanche, à peine un tiers des personnes sondées par Léger trouve injuste qu’une formation politique se retrouve sans représentant au Parlement après avoir obtenu l’appui de 2 % des électeurs. « Quand la distorsion n’est pas très grande, il y a un réflexe de prudence [chez les répondants] », soutient M. Charbonneau. Cette prudence n’est pas étrangère, selon l’ex-président de l’Assemblée nationale, à la crainte de voir des « partis extrémistes, petits » se faufiler au Parlement.


« Simple et accessible »


Le sondage permet également de mieux circonscrire les attentes de l’électorat à l’égard du mode de scrutin sur la table à dessin de la ministre Sonia LeBel.


La population s’attend tout d’abord à élire ses représentants au Parlement au moyen d’un système électoral « simple et accessible ». Ensuite, elle espère que le nouveau mode de scrutin contribue à ce que l’Assemblée nationale reflète « le plus possible » le vote populaire de l’ensemble des Québécois et assure un « lien significatif entre les électeurs et les élus ». Puis, la population encourage une solution de remplacement au bon vieux mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour qui « favorise la stabilité du gouvernement » et tienne compte du poids politique des régions. Enfin, elle s’attend à ce que le mode de scrutin en construction dans le cabinet de la ministre Sonia LeBel « contribue à une meilleure représentation des femmes, des jeunes et des communautés ethnoculturelles en politique ». « La vieille féministe que je suis dit : “faut pas lâcher, faut continuer à en parler” », lance Mme David, qui incite le gouvernement caquiste à adopter des « mesures concrètes et vérifiables » visant l’atteinte de la parité femmes-hommes à l’Assemblée nationale.


Expliquer et rallier


Les dirigeants du MDN demandent aux élus de la CAQ de cesser net leurs tentatives de sabordage de la réforme, puis d’appuyer l’instauration d’un mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire régional à temps pour les prochaines élections générales, prévues en 2022.


Ils se portent volontaires pour « expliquer comme il le faut aux gens » le projet de loi et « aller chercher les appuis des populations dans toutes les régions », et ce, de concert avec l’équipe de la ministre responsable de la réforme des institutions démocratiques, Sonia LeBel.


Le sondage dont il est question dans cet article a été mené en ligne entre le 1er et 11 mai dernier, auprès de 2506 répondants.









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