Les projets de loi Drainville

Tribune libre

Dans le cadre du programme législatif du gouvernement Marois pour assurer une intégrité sans faille à l’administration publique, le ministre responsable des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, a présenté deux projets de loi modifiant la Loi électorale. Le premier, sur le financement des partis politiques, abaisse de 1000$ à 100$ le plafond des contributions et abolit le crédit d’impôt afférent.
L’argent ainsi économisé par le trésor public serait redistribué aux partis sous forme d’une hausse de 85 cents à 1.67$ de l’allocation par vote exprimé. Le deuxième, qui fait l’unanimité sauf chez les libéraux, prévoit des élections à date fixe comme c’est déjà le cas dans huit provinces canadiennes sur 10.
Il serait toutefois préférable que cette date soit fixée au début d’octobre plutôt qu’à la fin de septembre afin que la campagne électorale n’empiète pas sur la période des vacances estivales qui -comme on a pu le constater cet été à cause du désir de Jean Charest d’éviter la commission Charbonneau- n’est pas propice aux débats publics.
La baisse de la cotisation de 1000$ à 100$ soulève des objections. Ce montant, que le ministre semble considérer comme non-discutable et qu’il veut faire inscrire dans la loi avant l’ajournement de la session prévu le 7 décembre prochain, empêcherait notamment la création de nouveaux partis et nuirait au développement de ceux en émergence, comme Québec solidaire, au profit des partis établis.
Selon certains, il pourrait aussi favoriser la prolifération d’enveloppes brunes et tarir le financement populaire si cher au grand démocrate qu’était René Lévesque. Pourquoi alors ne pas fixer ce plafond à 500$ d’autant plus qu’il était à 3 000$ jusqu’à l’an dernier?
Par ailleurs, le projet de loi Drainville reste muet sur la limitation des dépenses électorales. C’est pourtant une question aussi cruciale que le financement car le coût astronomique de ces dernières incite inévitablement les politiciens à se tourner vers les gens d’affaire pour obtenir du financement.
Or, la commission Charbonneau a démontré d’entrée de jeu que les mafieux sont passés maitres dans l’art de s’affubler d’une fausse respectabilité dans ce secteur. Il faut donc que le gouvernement accepte sans attendre la proposition de la CAQ de réduire de façon drastique le plafond de ces dépenses nettement excessives qui procurent un avantage indu aux partis à la caisse bien garnie; d’autant plus qu’elles sont surtout destinées à la diffusion d’une publicité massive aussi superflue qu’intoxicante.
Enfin, le gouvernement Marois doit s’atteler dès maintenant à la tâche de réformer en profondeur le système électoral municipal qui semble encore plus taré qu’au niveau provincial. Il ne peut attendre les recommandations de la commission Charbonneau pour agir dans ce domaine.
Paul Cliche, Montréal
11 novembre 2012

Featured f44d27f94ebbf12b28f86dfe57497a44

Paul Cliche76 articles

  • 60 113

Membre fondateur du Mouvement pour une démocratie nouvelle et auteur du livre Pour une réduction du déficit démocratique: le scrutin proportionnel ; membre de Québec Solidaire; membre d’ATTAC Québec; membre à vie de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal.





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 novembre 2012

    On parle beaucoup d'argent, de caisse électorale, de partis politique, de réaménagements de toutes sortes, mais très peu du principal intéressé propriétaire; le peuple.
    Toc! toc! Hé! nous sommes là! vous vous souvenez? c'est nous là, le peuple votre employeur.
    Ces gens là ne comprennent rien au peuple; autrement ils ne passeraient pas tout leur temps à faire des travaux de réparation d'enclosures pour empêcher les brebis de passer d'un royaume à l'autre et surtout d'empêcher les moutons noirs de revenir libérer les autres.
    Mais ils viendront les moutons libérateurs du nouveau monde.
    http://www.youtube.com/watch?v=XSfFDl5AQkA
    Jean

  • Archives de Vigile Répondre

    12 novembre 2012

    Je ne comprends pas pourquoi Drainville revient avec le vote le lundi alors que le reste de la planète vote le dimanche.
    De plus, le lundi désavantage le PQ et la CAQ aux dépends du PLQ. Les jeunes familles courent entre le travail, la garderie, le souper, le bain et les devoirs. Résultats: y vont pas voter. Alors que les vieux, eux, ont tout le temps d'aller voter pour le PLQ. Faudrait que quelqu'un fasse un dessin à Drainville. Notre ami Barberis, peut-être?