Les «problèmes de communication» de M. Couillard

Fcf9659d16c48fcefcef610f629306da

La responsabilité pleine et entière de Philippe Couillard





En politique, c’est un très grand classique. Lorsque des membres du caucus d’un gouvernement commencent à maugréer contre le bureau du premier ministre, son chef de cabinet et un supposé «problème de communication», c’est que l’inquiétude gagne les troupes.


Et surtout, c’est que les troupes – ou du moins, une partie d’entre elles -, vise en fait le premier ministre. Son chef de cabinet, après tout, étant le dernier arrêt avant le grand «patron», le vrai.


On ne parle évidemment pas en termes de «fronde» ou de «putsch» visant le premier ministre. Dès qu'un chef de parti, quel qu'il soit, est à la tête d'un gouvernement majoritaire, il n'y a habituellement pas de danger de ce côté-là....


Par contre, lorsque l'inquiétude monte et que la «gestion de crises» est déficiente, même chez les libéraux, ça risque de ruer un brin dans les brancards.


À l’immense différence près qu’à l’opposé des péquistes, les libéraux font habituellement ce genre de reproches en privé, loin des caméras ou des oreilles épanchées des journalistes.


Or, depuis quelques mois, des députés libéraux brisent cette règle non écrite.


Ils confient discrètement à des journalistes leur propre insatisfaction envers le bureau du premier ministre. Ça se plaint d'une mauvaise communication gouvernementale, d'une gestion de crises erratique, de l'absence de consultation du caucus, d'un pouvoir trop centralisé, d'une image écorchée sur le plan de l'éthique, etc.


***


Comme je l’écris ce matin dans ma chronique, malgré leur «monopole» apparent au pouvoir, l’inquiétude monte peu à peu chez les libéraux en vue de l’élection de 2018.


À  21% seulement d’appuis chez les francophones et à 72% de taux d’insatisfaction chez ces derniers, si rien ne change d’ici la prochaine élection, le risque d’un gouvernement minoritaire, quel qu’il soit, ne sera plus une vue de l'esprit.


Et pourtant, les fameuses «mauvaises communications» sont presque toujours le symptôme de quelque chose de plus profond qui cloche. Ce n'est pas, ou presque jamais, le vrai problème.


Le vrai problème étant habituellement une mauvaise gouverne, de mauvaises décisions, de mauvaises politiques publiques, etc. Bref, le vrai problème est souvent un problème de leadership.


***


Voyez justement ce qu’en disait Robert Bourassa en 1995 dans son livre «Gouverner le Québec».


M. Bourassa, décédé en 1996, fut chef du Parti libéral du Québec et premier ministre du Québec pour quatre mandats scindés en deux blocs distincts. Déjà, un exploit en soi.


Donc, voici ce qu’il disait en 1995 sur les «communications» en politique:


«Il y a toujours des spécialistes qui sont prêts à vous donner des conseils. Finalement, et ça va de soi, c’est le chef qui décide de la stratégie.»


Robert Bourassa parlait plus spécifiquement des campagnes électorales.


La clarté avec laquelle il pointait directement la responsabilité, bonne ou mauvaise, du chef, est néanmoins une règle d'or qui va nettement au-delà des campagnes électorales. Quiconque a connu M. Bourassa le sait...


Traduction : que ce soit en campagne ou au pouvoir, la «communication» n’est en fait que le reflet des stratégies adoptées par le «patron».


Et le «patron», c’est le chef du parti. Pas son chef de cabinet.


Ou, si vous préférez, comme le disent les Anglais, «the buck stops here»...


 


 




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé