Que nous le voulions ou pas, la famille nationaliste qui prend de l’expansion depuis le 2 mai se retrouve segmentée en chapelles autour desquelles se rassemblent des citoyens qui adhèrent à des dogmes et des programmes qui, croient-t-ils, auront le plus de chances de leur procurer un certain bien-être moral et économique pour eux-mêmes, leurs proches et la société à laquelle ils appartiennent et s’identifient. Certains pensent que le fédéralisme est un rempart contre l’instabilité mais souhaiteraient malgré tout redéfinir le vivre-ensemble de manière plus égalitaire. D’autres, au contraire, se sentent à l’étroit dans cette fédération qu’ils subissent et veulent en s’extirper d’une manière ou d’une autre. C’est ainsi que des niches se forment qui entrent en compétition pour attirer vers eux le maximum de votes.
Nous vivons, malgré tout, une période exaltante de notre histoire démocratique provoquée par la fin de l’illusion de l’influence du Québec au sein de la fédération canadienne. Les québécois ont réalisé brutalement le 2 mai qu’ils n’ont plus d’emprise sur ce pays et se retrouvent maintenant face à eux-mêmes. Notre histoire commune vient de prendre fin avec cette réalité où le vivre-ensemble n’est plus possible. La question n’est plus tant de savoir quand la rupture sera consommée que de la manière dont elle le sera. D’ici là, nous devons nous résoudre à vivre une période d’instabilité politique douloureuse mais NÉCESSAIRE pour forger le consensus minimal de la nation. C’est dans les périodes de crise que l’humanité à toujours avancée. Je compare ce processus à une primaire où chaque candidat d’un camp politique se fait valoir en même temps que sont programme.
La présente crise qui s’exprime dans le déchirement et la division dans un premier temps trouvera son aboutissement dans une certaine forme d’équilibre où chaque formation ayant trouvé un consensus clair et sans ambages sur l’objectif de faire l’indépendance, se battront entre eux sur le PROJET de pays plutôt que sur le mécanisme d’accession à l’indépendance. Souhaitons-nous d’y arriver le plus rapidement possible.