Les prédateurs du monde financier

Les prisons ne seront jamais assez grandes pour nous débarrasser des prédateurs du monde financier.

Crise mondiale — crise financière

Allocution devant les membres du MÉDAC lors de la journée PORTE OUVERTE. Samedi, 31 janvier 2009. 12H.30
Texte publié dans Le devoir du mardi 3 février 2009
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En scrutant le monde financier, il y aura bientôt 16 ans, en mars 1993, je ne savais pas dans quelle galère je m’embarquais. Aux innocents les mains pleines ! L’eussé-je su, il n’est pas certain que je me serais lancé dans une tâche aussi herculéenne que de vouloir changer les mœurs des rapaces, des escrocs cravatés, des corsaires et des flibustiers qui pullulent dans l’univers des sociétés cotées en bourse et des courtiers véreux qui spéculent sur l’ignorance des honnêtes gens. Si je jette un regard rétrospectif sur ces seize années de luttes, de combats et d’escarmouches, j’ai parfois l’impression d’avoir labouré la mer ! Bien davantage : d’avoir épuisé mes réserves de colère et d’indignation devant l’exploitation criarde et répétée de nombre de dirigeants d’entreprises qui s’empiffrent de l’avoir de leurs actionnaires.
J’avais avec René Lévesque un différend qui ne s’est jamais résolu. Il attribuait à Marc-Aurèle et moi à Guillaume d’Orange, cette phrase célèbre qui n’a jamais cessé de m’inspirer tout le long de ma vie : «  Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ».
Je ne me suis jamais débarrassé d’un côté don quichottesque qui me fait épouser des causes sans mesure avec mes forces et mes capacités. Comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, j’ai inventé, pour ainsi dire, la notion de démocratie d’entreprise, suite à un jugement de cour rendu le 9 janvier 1996 qui m’accordait le droit de présenter des propositions aux banques lors de leurs assemblées d’actionnaires, alors que ces dernières s’y opposaient mordicus avec leurs millions et leurs batteries d’avocats chargés de me réduire en bouillie. Je les vois encore, après un deuxième échec en cour d’Appel, sortir penauds de la salle d’audience, la mine déconfite et le regard penaud. Il y a comme ça, dans la vie, des moments de réjouissances et de plénitude auxquels on ne s’attend guère et qui enrichissent vos souvenirs...

Finissons-en ! « Le moi est détestable», disait Pascal. Vous avez eu l’amabilité de souligner mon départ du MÉDAC à titre président fondateur, de cordiale et amicale façon. Je vous en remercie.
Le deuxième couplet de la Marseillaise débute par  Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus … Il est heureux qu’il en soit ainsi. Le MÉDAC a été, est et sera sous la nouvelle présidence de Claude Béland et les membres du conseil qui l’appuient, un outil formidable et indispensable pour l’éducation et la défense des investisseurs qui souhaitent faire fructifier leurs épargnes sagement et honnêtement. Avec, en prime, un chien de garde vigilant et à l'affût de la meute de combinards qui cherchent à les détrousser. Il est bien qu’il en soit ainsi. Les prisons ne seront jamais assez grandes pour nous débarrasser des prédateurs du monde financier.
Yves Michaud
Fondateur du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires ( MÉDAC)


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