Les Palestiniens dénoncent les propos «racistes» de Romney

En parlant de l'économie israélienne, le candidat républicain a souligné l'effet de la culture et la «main de la providence»

Le fric peut tout acheter, même l'honneur d'un candidat qui renonce à "parler vrai" pour "parler efficace"... et attirer des votes "démocratique-ment"



Lee-Anne Goodman La Presse Canadienne Washington
Les difficultés à l'étranger du probable candidat républicain à la présidence des États-Unis, Mitt Romney, se sont aggravées lundi, quand il a affirmé que la «culture» israélienne expliquait pourquoi la situation économique de l'État hébreu est meilleure que celle des Palestiniens.
La culture israélienne, la persévérance face à l'adversité et «la main de la providence» sont les raisons pour lesquelles les Israéliens connaissent un meilleur succès économique que les Palestiniens, a déclaré Mitt Romney lundi, au dernier jour de sa visite en Israël. Son équipe de campagne a affirmé que ses propos avaient été «grossièrement déformés».
Les Palestiniens l'ont aussitôt accusé d'ignorer l'histoire de l'occupation des Territoires palestiniens et les contrôles incessants qui limitent l'accès à la Cisjordanie et la circulation de ses résidants. Mitt Romney n'a pas parlé du blocus économique imposé par Israël à la bande de Gaza.
Les remarques de M. Romney visaient à rallier les électeurs juifs aux États-Unis, qui ne sont pas très favorables à sa candidature. Selon un nouveau sondage Gallup, Barack Obama récolte 68 pour cent des intentions de vote dans cette frange de l'électorat, contre 25 pour cent pour Mitt Romney.
La tournée à l'étranger de Mitt Romney vise à améliorer son image en politique étrangère à l'approche de l'élection présidentielle de novembre, qui reste très centrée sur les difficultés économiques aux États-Unis.
En parlant de l'économie israélienne, le candidat républicain a souligné l'effet de la culture et la «main de la providence».
«Quand on vient ici et qu'on regarde le PIB (produit intérieur brut) par habitant, par exemple en Israël, où il est d'environ 21 000 $ US, et qu'on le compare au PIB par habitant dans des zones situées tout près gérées par l'Autorité palestinienne, qui est d'environ 10 000 $ US, on constate une différence spectaculaire dans la vitalité économique», a déclaré Mitt Romney devant une quarantaine de riches donateurs dans un hôtel luxueux de Jérusalem.
À ses côtés se trouvait le milliardaire Sheldon Adelson, un propriétaire de casino aux États-Unis et un fidèle défenseur d'Israël, qui a promis de verser 100 millions $ US pour aider le candidat républicain à battre Barack Obama.
En citant le livre «Richesse et pauvreté des nations», Mitt Romney a repris la thèse de l'auteur David Landes.
«Il dit que s'il y a une chose à apprendre de l'histoire économique du monde, c'est que la culture fait toute la différence. Et quand je viens ici, que je regarde cette ville (Jérusalem) et que j'observe les accomplissements du peuple de ce pays, je reconnais le pouvoir de la culture et d'autres choses», a-t-il dit, notamment «la main de la providence».
Il a ajouté que des disparités économiques semblables existaient ailleurs dans le monde, notamment entre les États-Unis et le Mexique.
Les données de la Banque mondiale montrent toutefois que les chiffres de Mitt Romney ne sont pas conformes à la réalité. La situation des Palestiniens comparativement à celle des Israéliens est encore pire que ce qu'il en a dit: en 2011, le PIB par habitant en Israël était d'environ 31 000 $ US, contre un peu plus de 1500 $ US en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
La Banque mondiale et le Fonds monétaire international répètent régulièrement que l'économie palestinienne ne peut s'améliorer que si Israël lève ses nombreuses restrictions sur le commerce et les déplacements des Palestiniens. Mais les dirigeants israéliens font valoir que ces restrictions sont vitales pour la sécurité du pays.
Les Palestiniens n'ont pas tardé à réagir.
«C'est une déclaration raciste. Cet homme ne semble pas réaliser que l'économie palestinienne ne peut atteindre son plein potentiel à cause de l'occupation israélienne», a déclaré Saeb Erekat, un proche collaborateur du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
«J'ai l'impression que cet homme manque d'information, de connaissances, de vision et de compréhension de cette région et de son peuple», a ajouté M. Erekat. «Il manque aussi de connaissance au sujet des Israéliens. Je n'ai jamais entendu un responsable israélien parler de supériorité culturelle.»
Durant sa visite dans la région, Mitt Romney n'a pas rencontré Mahmoud Abbas et ne s'est pas rendu dans les Territoires palestiniens-. Il a cependant eu un court entretien avec le premier ministre palestinien, Salam Fayyad.
M. Romney a poursuivi sa tournée internationale en Pologne lundi.


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