Les néo-felquistes

Oups - quand on veut tuer son chien...




La marginalisation du Bloc Québécois lors des élections fédérales du 2 mai dernier, jumelée à l’implosion appréhendée du Parti Québécois, risquent de gonfler prochainement les rangs des organisations souverainistes les plus extrémistes.
Le président du Réseau de résistance du Québécois, Patrick Bourgeois, se félicite d’ailleurs déjà de sa popularité grandissante: «Avec ce qui se passe au PQ et au Bloc, ceux parmi les indépendantistes qui sont un peu plus radicaux se tournent de plus en plus vers nous».
ULTRA-SÉPARATISME
Pour être plus radical, le RRQ l’est bel et bien! Dans son bilan de la récente visite du couple royal, Bourgeois salue la mobilisation des troupes anti-monarchistes mais déplore que le volet « désobéissance civile » ait « beaucoup moins bien fonctionné » puisque « la moitié des gens présents à la manifestation n’étaient pas des militants ».
Il ajoute même: « J’ai pensé aux enfants (présents parmi eux), et je n’ai tout simplement pas pu donner la consigne de marcher contre la ligne policière. »
Bourgeois promet que « la prochaine fois, je m’assurerai que les opérations de désobéissance civile soient organisées d’une façon qui nous permettra d’éviter de tels risques. » Autrement dit, watch-out! Le prochain coup, seul les vandales aguerris viendront. Le grabuge et la casse seront définitivement au rendez-vous.
HISTOIRE INVERSÉE
Cette escalade de violence, pour l’instant verbale avec une possibilité de dégénérer, peut surprendre mais s’explique facilement. Tandis que les Québécois démontrent de moins en moins d’empressement pour la cause souverainiste, les militants les plus impatients désespèrent d’arriver rapidement au grand soir de l’indépendance par le biais du jeu démocratique.
Nous assistons aujourd’hui, potentiellement, au phénomène inverse de ce qui s’est produit à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix.
Le FLQ connu ses heures de gloire alors que le souverainisme démocratique était relégué à la marge. De nombreux felquistes de l’époque avaient même adhéré à l’organisation terroriste par dépit, voyant que leurs candidats du RIN ou du PQ n’arrivaient pas, du premier coup, à déloger leurs adversaires unionistes ou libéraux.
René Lévesque réussira, par la suite, à coaliser toutes les forces souverainistes, de gauche et de droite, des souverainistes pressés à ceux frileux. L’unité se formera autour de lui en raison de son charisme évidemment mais aussi, et surtout, parce que tous réunis ils pouvaient aspirer à gagner un référendum.
Ce ciment qui tenait la coalition ensemble à l’époque ne prend définitivement plus.
DANGER
Avant de se réjouir trop rapidement de la mort possible du mouvement souverainiste dans l’arène politique, il faut réfléchir aux conséquences non-désirées d’un tel effondrement. Personne n’a intérêt à revivre chez-nous le cauchemar des bombes, des kidnapping ou des assassinats politiques.
Pendant que le débat gauche-droite s’apprête à prendre le relai de celui entre les camps du OUI et du NON, notre système politique devra trouver une façon de permettre aux indépendantistes de se faire entendre et être représentés à l’intérieur de nos institutions démocratiques, pas uniquement dans la rue ou parmi des groupuscules marginaux. Notre paix sociale et nos valeurs démocratiques en dépendent.


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