Les Morales réclament une exemption à la loi 101

Leurs enfants doivent fréquenter l'école française depuis qu'ils ont franchi une étape vers la résidence permanente

Quid des motifs humanitaires quand il s'agit de la conséquence prévisible de ses propres choix?


Lisa-Marie Gervais - Des Mexicains installés au Québec contestent un avis du gouvernement qui les oblige à envoyer leurs enfants à l'école en français, en vertu de la loi 101. La famille Morales juge inacceptable que sa progéniture soit retirée de l'établissement anglophone de Montréal qu'elle a toujours fréquenté et invoque des motifs «humanitaires» pour ne pas déraciner les enfants de leur milieu scolaire.
La décision est tombée comme un couperet, au premier jour de la rentrée scolaire. Emiliano (16 ans) et Valentina (12 ans) ne pouvaient plus aller à l'Académie Royal West et Emmanuella (10 ans) devait cesser de fréquenter Royal Vale. Pourquoi? Parce que leurs parents ont mis fin à leur statut «temporaire» qu'ils renouvelaient depuis 11 ans et demandé la résidence permanente. La seule réception du Certificat de sélection du Québec (CSQ), première étape du processus de demande de résidence, fait perdre l'admissibilité des enfants à l'école anglophone.
«On savait qu'à partir du moment qu'on est résident permanent, on perd le droit d'aller à l'école anglophone. Mais ce qui n'est dit nulle part, c'est qu'on le perd dès qu'on reçoit le CSQ, alors qu'on n'est même pas encore résidents», a déploré le père, Ernesto Morales, un architecte détenteur d'un doctorat de McGill et de deux postdoctorats.
La famille Morales juge inacceptable d'avoir dû changer ses enfants d'école — qui fréquentent maintenant trois écoles françaises différentes, Paul-Gérin-Lajoie, Villa Maria et l'École de la Mosaïque —, surtout le fils aîné, qui est déraciné de son milieu alors qu'il s'apprêtait à faire sa dernière année du secondaire. «On aurait souhaité que mon fils puisse terminer son secondaire là où il l'a commencé, et que ma plus jeune [actuellement en 5e année] puisse finir son primaire à la même école», a indiqué M. Morales.
Inhumaine, la loi 101?
L'avocat engagé pour aider la famille mexicaine dans ses démarches, Me Julius Grey, croit qu'il est possible de faire appel aux exceptions de la loi 101. «Un des garçons est à sa dernière année, moment où les notes sont importantes. S'il est dans le meilleur intérêt de l'enfant de continuer dans l'école où il était, il ne faut pas le transférer. Il y a une jurisprudence pour ça», a dit Me Grey.
L'avocat bien connu se défend de mener une bataille contre la loi 101. «Je ne me bats pas contre la loi 101, mais je demande son application. Et dans son application, il y a une exemption pour motif humanitaire», a-t-il insisté.
Ernesto Morales ne veut pas que son geste de protestation soit interprété comme une charge contre la Charte de la langue française. «Je comprends le nationalisme et le sentiment de vouloir protéger sa langue. Je n'aime pas non plus qu'un touriste me parle en anglais à Mexico», a-t-il indiqué. S'il a choisi l'anglais pour ses enfants, c'est que cette langue lui a ouvert bien des portes, y compris celle du Québec. «Le français est une belle langue, mais l'anglais est la langue universelle», a-t-il dit en précisant que ses enfants ont appris le français en immersion.
En plus du plaidoyer de la famille Morales auprès du gouvernement, plusieurs acteurs du secteur anglophone, en manque d'inscriptions, ont également fait des pressions. «C'est inhumain qu'un jeune termine sa dernière année du secondaire dans une école francophone alors qu'il a fait tout son secondaire en anglais», a déclaré Sylvia Lo Bianco, vice-présidente de la commission scolaire English Montreal (CSEM). «Je suis certaine que le ministère va reconnaître qu'il y a des motifs humanitaires. Le problème, c'est que ça prend trop de temps. On est déjà en octobre.»


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