TROIS-RIVIÈRES

Les mains "propres"

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Tribune libre

Ce sont les savants qui nous ont dit d’apprendre de nos erreurs. 


L’un d’eux, Jean Rostand, biologiste, nous aurait laissé cette citation à méditer :


"Dans toute solution à un problème, il y a le germe du futur problème à résoudre."


Ce n’est donc pas d’hier que nous devons douter des autorités qui ont toutes les autorisations pour détruire l’environnement au nom du progrès commercial.


L’humanité sait s’y prendre pour détruire et reconstruire; il semble que c’est sans fin : on détruit et l’on reconstruit depuis des millénaires. Reste cependant à se demander si la prochaine destruction sera finale et qu’il ne sera plus possible de reconstruire! Certains savants pensent qu’on s’approche de cette ultime fin : il y a plus de 50 ans, le Club de Rome nous avait éveillés à ce cul-de-sac existentiel : "Halte à la croissance!" nous avait-il alertés.


Mais l’humain demeure un rêveur, un conquérant : il balaye sous le tapis cette inquiétude. Et à Trois-Rivières, on ne fait pas exception; pas encore, semble-t-il. On peut avoir un doute raisonnable, car la décision de détruire des terres humides n’est pas encore officiellement prise par l’autorité locale.


Oui, les sermons bienveillants des autorités se multiplient pour justifier la destruction au nom bien évidemment d’une nécessité commerciale vitale. Mais certaines autorités reconnaissent maintenant qu’il faut se laver les mains avec plus de précautions si, demain, nous voulons continuer à chanter. 


Je lis présentement le deuxième livre d’Edward Bernays : "Propaganda; comment manipuler l’opinion en démocratie": lisons :


"La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays.


Nous sommes pour une large part gouvernés par des hommes dont nous ignorons tout, qui modèlent nos esprits, forgent nos goûts, nous soufflent nos idées. … Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d’une société au fonctionnement bien huilé.


… Ce livre se propose d’expliquer la structure du mécanisme de contrôle de l’opinion publique, de montrer comment il est manipulé par ceux qui cherchent à susciter l’approbation générale pour une idée ou un produit particulier."


Ce livre de Bernays ne date pas de 2022, mais de 1928! Il a servi au nazisme, aux cigarettiers et à nombre d’entreprises de relations publiques. Comme quoi les spécialistes des communications pour manipuler l’opinion publique ont plus d’un siècle d’expérience pour nous faire dire "OUI" à ce qui est devenu aujourd’hui inacceptable : la destruction de l’environnement.


Ce 30 mars dernier, à l’Hôtel de Ville de Trois-Rivières, on se serait cru en 1928 : la présentation de la destruction des terres humides semblait tellement insignifiante qu’on se demandait pourquoi s’insurger. Et pourtant, des savants le disent : il faut cesser la destruction. Ailleurs au Québec, des villes importantes ont pris le virage de la cessation de la destruction.


La Ville de Trois-Rivières, ses conseillers municipaux, son premier magistrat et son officier commercial ont les mains propres : la destruction de l’environnement, comme dans le bon vieux temps, peut se faire : toutes les autorisations ont été obtenues du grand frère provincial : Trois-Rivières a la permission de détruire encore une fois ses terres humides.


Se pourrait-il cependant qu’un doute surgisse, que les mains ne soient pas assez propres et que la pandémie mortelle resurgisse? Jean Rostand peut-il encore faire comprendre qu’il y a toujours un germe d’erreur dans nos vieilles solutions de croissance? Ne faudrait-il pas plutôt récupérer de nos infrastructures vieillissantes et ainsi éviter de détruire pour rien? 


Aujourd’hui, être "vert" c’est difficile; il faut apprendre de nos erreurs, s’efforcer de récupérer et même cesser d’être archaïque. Avoir les mains propres ne suffit plus : elles doivent être exemptes de tous germes, sinon… 



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1 commentaire

  • Philippe Giroul Répondre

    6 avril 2022

    En plus du projet de destruction de 15 hectares de milieux humides, il y a la destruction parteille de la biodiversité avec son pojet de contrôle des insectes piqueurs pour la fabuleuse somme de plus de 1 300 000 $ annuellement pour conforter quels golfeurs et promeneus de fin de semaine;


    et plus encore... le Grand Prix de Trois-Rivières vient de se faire honorer pour ses nuisances environnementales, par le Gala RADISSON de la Chambre de commerce et Industries dépourvue d'imagination 


    La ville de Trois-Rivières se mérite un GROSSE pancarte publicitaire à toutes ses entrées :


                         *      " TROIS-RIVIÈRES - TRès ÉCODIDAIRE "   *