Les libéraux ont le moral à zéro

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Élections fédérales du 14 octobre 2008



Photo PC
Joël-Denis Bellavance à Ottawa

Hugo de Grandpré à Winnipeg

De l’aveu même de plusieurs libéraux influents, le Parti libéral se dirige tout droit vers l’abattoir au Québec à quelques jours du déclenchement des élections fédérales. Sans argent, sans organisation digne de ce nom et incapable de recruter des candidats imposants, certains libéraux craignent même de revivre la débâcle de 1984.


«Au Québec, c’est simple, c’est le désastre », a affirmé une source libérale bien au fait de l’état de préparation des troupes de Stéphane Dion.
«Des candidats vedettes pour les libéraux au Québec ? Ha ! Ha ! Ceux qui en parlent font preuve d’un excès d’optimisme», s’esclaffe un organisateur libéral qui a connu les affres de la campagne de Paul Martin au Québec aux élections de janvier 2006.
«À l’extérieur de nos bastions montréalais, c’est le désert pour nous. En matière de préparation, sur une échelle de 1 à 10, je nous donne à peine un 3», affirme une autre source libérale.
Toutes les sources interrogées par La Presse hier au sujet de l’état d’esprit des libéraux à l’approche de la campagne tiennent la lieutenante politique de Stéphane Dion au Québec, la sénatrice Céline Hervieux-Payette, responsable.
Alors que le Parti libéral est en reconstruction au Québec, Mme Hervieux-Payette s’est farouchement opposée au retour de l’ancienne ministre du Patrimoine, Liza Frulla, dans la circonscription de LaSalle-Émard, détenue par l’ex-premier ministre Paul Martin.
L’association libérale de cette circonscription est d’ailleurs dans la dèche, n’ayant en banque qu’un maigre 3000 $ pour la campagne, selon des informations obtenues hier.
De fait, le Parti libéral devra emprunter une bonne partie des 19 millions de dollars qu’il compte dépenser durant la prochaine campagne électorale de 37 jours, soit la limite permise par la loi, alors que son principal adversaire, le Parti conservateur, a les coffres bien garnis au point d’avoir déjà tout cet argent dans son compte de banque.
À quelques jours d’un déclenchement du scrutin, Gatineau, Outremont, Brossard et LaSalle-Émard, des circonscriptions traditionnellement jugées plus sûres, n’ont toujours pas de candidat libéral annoncé. Seule Westmount–Ville Marie est «occupée» par le candidat-vedette Marc Garneau.
Dans Outremont et Gatineau, deux bastions libéraux qui sont présentement détenus par le NPD et le Bloc québécois respectivement, les stratèges libéraux entretiennent d’ailleurs peu d’espoir de les reprendre. Dans Outremont, l’ancien ministre libéral Martin Cauchon a fermé la porte à un retour en politique dans l’immédiat, faisant ainsi taire les rumeurs qui circulaient à ce sujet depuis une semaine.
Dans Jeanne–Le Ber, une assemblée d’investiture tendue doit avoir lieu demain soir. Deux anciennes grosses pointures du parti se font la guerre pour promouvoir la candidature de leur candidat respectif. Mark Bruneau obtient l’appui de l’ancienne députée de l’endroit, Liza Frulla. Christian Feuillette, celui du sénateur Raymond Lavigne. M. Lavigne a été expulsé du caucus libéral après avoir été accusé de fraude.
«Le seul fait qu’il (Raymond Lavigne) puisse ainsi diriger la circulation après avoir été expulsé démontre à quel point il y a un malaise», a confié une source.
Le seul gain envisageable pour les libéraux est la circonscription de Papineau, qui est passée au Bloc québécois en 2006. Justin Trudeau y est le candidat libéral.
Dans la région de Québec, Mme Hervieux-Payette s’est aussi mise à dos l’ancienne ministre libérale Hélène Scherrer en nommant des libéraux à des postes clés à Québec sans la consulter.
Réunis en caucus à Winnipeg, à la veille des élections, les libéraux ont tout fait pour projeter une image d’unité, hier. Mais au-delà des apparences, les divisions restent bien réelles, particulièrement au Québec.
Chose certaine, le style autoritaire de Mme Hervieux-Payette est le grief qui revient le plus souvent lorsque se confient des libéraux de la province.
Dans une entrevue accordée à La Presse, hier soir, la principale intéressée a affirmé que son travail n’était pas de gagner un concours de popularité, mais de préparer les troupes à la bataille à venir.
«Je n’ai jamais été là pour gagner un concours de popularité mais pour faire le travail. L’important, ce n’est pas de gagner le concours de popularité du caucus. L’important, c’est de regarder les résultats. Et on pourra analyser tout cela le lendemain des élections», a affirmé Mme Hervieux-Payette.
«Je pense que la plupart des gens réalisent que je fais le travail. Remonter toute l’organisation au Québec depuis six mois, c’était un travail titanesque. (…) La plupart des gens qui me dénigrent ne travaillent pas fort», a-t-elle ajouté.
«On doit de temps en temps trancher et ça ne fait pas toujours l’affaire des gens mais tous ceux à qui j’ai demandé de collaborer, qui ont participé, ils sont très contents», a-t-elle encore dit.
Elle a soutenu que le Parti libéral est prêt pour la bataille. «J’ai des budgets, des publicités. Les premières publicités sont déjà «cannées». J’ai mon matériel qui est disponible. Je dirais que plus de 90 candidats ont déjà tout le matériel en main. Alors il reste quelques formalités parce que l’on aura une dernière commission électorale cette semaine pour sanctionner les dernières nominations.»
À Winnipeg, les députés libéraux du Québec ont tenu une rencontre à huis clos hier matin pour discuter des élections. À la sortie, ces députés ont affirmé être satisfaits des explications fournies par la sénatrice Hervieux-Payette.
«Le genre de questions que nous avons posé, c’est : «où en sommes-nous dans le recrutement des candidats ?» On nous a répondu : «on a une liste à plus de 95 % complète», a déclaré la députée de Notre-Dame-de-Grâce, Marlene Jennings.
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