Les langues de chez nous

Montréal - élection 2009



Une bonne maîtrise de l’anglais est devenue indispensable pour occuper un poste d’avant-plan dans les affaires publiques au Québec. Leur handicap sur ce plan a miné récemment tour à tour Pauline Marois et Louise Harel, en plus d’en faire des têtes de Turc de choix.
Il ne faut surtout pas les stigmatiser. Le bilinguisme n’était pas monnaie courante chez les personnes de cette génération, et encore moins en régions. Cette lacune les a cependant rattrapées alors qu’elles aspirent aux plus hautes fonctions, première ministre du Québec et mairesse de Montréal.
Ces fonctions exigent de leur titulaire de pouvoir entretenir des relations d’affaires et humaines avec toutes les communautés qui composent le Québec. Pour chacun de ces postes, celui qui l’occupe doit pouvoir discuter et négocier serré avec tous les membres du gouvernement fédéral, pas nécessairement tous bilingues, malheureusement. Ces fonctions impliquent également une part de représentations internationales, dans certains cas pour attirer des investisseurs, dans d’autres, simplement à des fins diplomatiques.
Plantes vertes
Mme Marois et Mme Harel ont par ailleurs dirigé toutes deux d’importants ministères au sein du gouvernement québécois. Elles ont eu à participer à une multitude de conférences fédérales-provinciales, à remplir des missions à l’étranger parfois d’une extrême sensibilité pour l’avancement de divers dossiers. Il suffit de rappeler que Mme Marois a été entre autres ministre des Finances.
Dans le cas de Mme Harel, ex-présidente de l’Assemblée nationale, cette fonction parlementaire est la plus importante sur le plan diplomatique pour le Québec, après le rôle que joue lui-même le premier ministre en cette matière.
Quel a été le niveau de participation réelle à tous ces forums de représentants du Québec unilingues, autre que de faire de la figuration à côté d’un sous-ministre ou d’un chef de cabinet? Il leur était impossible également de développer des relations interpersonnelles avec leurs homologues. Celles-ci sont toujours très précieuses.
Gêne
Il ne faut surtout pas établir un lien, comme certains tentent de le faire, entre l’option politique souverainiste et l’unilinguisme pour y voir une forme de repli et encore moins de la xénophobie. Les personnes publiques qui composent avec le handicap le font toujours avec gêne et elles éprouvent de l’humiliation. On en retrouve chez les libéraux comme chez les péquistes. J’oserais faire un parallèle avec l’analphabète démasqué.
La controverse autour de la participation ou non de Louise Harel à un débat en anglais avec Gérald Tremblay dans le cadre de la présente campagne électorale pose néanmoins un problème de fond pour la société québécoise. Nos gouvernements ont adopté des lois pour protéger et promouvoir le français. Une vigilance constante est toujours nécessaire pour que la loi 101 soit respectée et les Québécois francophones assurent celle-ci. Les affaires publiques sont aussi traitées essentiellement en français. Mais même si cela peut frustrer certains nationalistes, une maîtrise adéquate de l’anglais est obligatoire pour occuper des postes de premier ministre, de ministre, ou de maire d’une grande ville, comme elle l’est pour diriger une grande entreprise.
Si cela peut être une consolation, à l’inverse, il est maintenant impossible pour un unilingue anglophone de penser pouvoir devenir premier ministre du Canada.


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