Perspectives 2009

Les investissements gouvernementaux permettront au Québec d'éviter le pire

La plupart des économistes voient poindre une reprise, quoique modeste, dès le troisième trimestre 2009

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Le Québec et la crise

Même s'ils donneront un coup de pouce à l'économie, les investissements massifs du gouvernement québécois dans les infrastructures et les travaux de construction de nouvelles centrales d'Hydro-Québec n'empêcheront pas le Québec de connaître une légère récession en 2009, estiment les prévisionnistes.
«Ce qui se passe ailleurs, surtout chez nos voisins du sud, est tellement fort qu'il n'y a absolument rien qu'un gouvernement québécois puisse faire pour éviter ça», lance Carlos Leitao, économiste en chef à la Banque Laurentienne.
M. Leitao prévoit un recul de 0,3 % du produit intérieur brut (PIB) réel du Québec en 2009, alors que les économistes du Mouvement Desjardins et de la Banque Royale anticipent une stagnation (croissance de 0 %). La Banque Nationale est plus optimiste: elle s'attend à une progression de 0,2 % du PIB québécois l'an prochain.
Le portrait est plus sombre pour l'ensemble du Canada: la Banque Laurentienne entrevoit une baisse de 0,5 % du PIB réel, alors que Desjardins prédit une diminution de 0,3 %. La Banque Royale pronostique que l'activité économique fera du surplace en 2009. L'Ontario sera la province la plus mal en point avec une chute attendue du PIB réel de 1,4 %.
Conséquence: le taux de chômage augmentera, la croissance des ventes au détail ralentira et les exportations continueront de reculer à cause de la récession américaine.
Loin de la dépression
Mais en dépit de l'effondrement des Bourses cet automne, que plusieurs experts ont apparenté à un krach, le Québec et le Canada sont encore loin d'une dépression, voire d'une récession sévère.
Selon Carlos Leitao, la récession que connaîtra le Québec en 2009 sera plus importante que celle enregistrée en 2000-01, mais moins grave que celle de 1990-91, qui avait marqué bien des esprits. Il faut dire qu'en 1991, le PIB réel du Québec avait reculé de 2 %. Cette fois-ci, la plupart des économistes voient poindre une reprise, quoique modeste, dès le troisième trimestre 2009.
«La récession actuelle sera dite technique et non classique, peut-on lire dans les plus récentes prévisions de Desjardins. [...] La province devrait donc traverser cette récession sans trop de dommages.»
Les économistes s'entendent pour dire que ce sont les investissements publics qui permettront d'éviter le pire.
«Le Québec peut se réjouir d'avoir eu des infrastructures en si mauvais état qu'on ne pouvait plus attendre pour les réparer», ironise Yves St-Maurice, économiste en chef adjoint du Mouvement Desjardins.
C'est sans compter que les exportations du Québec sont plus diversifiées que celles de l'Ontario -- dominées par un secteur de l'automobile en crise -- et que la province a beaucoup moins profité que l'ouest du pays de la flambée des cours du pétrole et des autres matières premières. La chute brutale des prix de celles-ci est généralement favorable aux entreprises québécoises, exception faite du secteur minier.
Le Québec peut aussi compter sur un secteur aéronautique qui demeure fort malgré la tempête. Les nouvelles commandes ont certes reculé en 2008, une situation qui risque de perdurer en 2009, mais M. St-Maurice croit que la reprise arrivera avant que les costauds carnets de commandes des entreprises de la région montréalaise n'aient complètement fondu.
Plan de relance
L'ensemble du Canada profitera par ailleurs du plan de relance fédéral de plusieurs milliards de dollars, attendu à la fin janvier. On s'attend à ce qu'il prévoie des investissements dans les infrastructures, dans le logement social pour les autochtones, dans la rénovation domiciliaire, de même que des allègements fiscaux temporaires et une bonification des prestations d'assurance-emploi.
Bien sûr, les projections des économistes pourraient dérailler si la récession américaine devait durer plus longtemps que prévu. Pour l'instant, les économistes de Desjardins prévoient un recul de 1,2 % du PIB réel américain en 2009, alors que la Banque Royale pronostique une baisse de 1,5 %. La reprise américaine viendrait en 2010 avec une croissance variant entre 1,7 % (selon Desjardins) et 2,1 % (Banque Royale).
Pour l'ensemble du monde, le Fonds monétaire international prévoit une croissance de tout juste 2,2 % en 2009, soit bien moins que les 3,9 % sur lesquels il tablait en juillet. Selon l'organisation, le PIB réel de l'ensemble des économies développées fléchira d'environ 0,25 % en 2009, alors que celui des pays en développement connaîtra une progression de 5,1 % -- la plus faible depuis 2002.
Les marchés boursiers, qui réagissent toujours avant l'économie réelle aux récessions, seraient sur le point de freiner leur chute, selon plusieurs économistes. Après tout, l'indice composite S&P/TSX a reculé de 40 % en 2008.
L'économiste en chef de la Banque CIBC, Jeff Rubin, s'aventure à prédire que l'indice phare de la Bourse de Toronto terminera 2009 à 11 000 points, bien loin de son sommet historique de 15 000 points, mais tout de même 30 % plus haut qu'à sa clôture du 22 décembre. Pour Carlos Leitao, toutefois, le déclin n'est pas terminé: selon lui, l'indice composite S&P/TSX sera 5 % moins élevé dans un an.
Pour ce qui est du dollar canadien, la Banque Royale s'attend à ce qu'il «touche un creux» au cours de la première moitié de 2009, avant de remonter aux alentours de 80 ¢US au second semestre.
Sur le plan de la politique monétaire, la plupart des économistes entrevoient une nouvelle baisse du taux directeur de la Banque du Canada -- à 1 % -- en début d'année, puis une stabilité par la suite.
Quant au pétrole, la Banque Royale projette une remontée «modeste» des cours en 2009, «mais les prix risquent de rester inférieurs à la moyenne de 2008», qui avait été marquée par le record de 147 $US atteint en juillet.
«Les prix de 40 ou 41 $ US le baril sont aussi étranges et inappropriés que l'était le sommet de 147 $US, a fait remarquer M. Leitao. Ce n'est pas soutenable.»


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