On a tous lu dans les journaux ou entendu aux nouvelles la déclaration récente du papa Benoît XVI qui s'est excusé publiquement pour les innombrables abus sexuels pédophiles «commis par des prêtres aux États-Unis, en Australie et envers les Amérindiens canadiens» (sic), ainsi qu'auprès des Irlandais. (D'ailleurs suite à ces déclarations, un évêque irlandais responsable d'avoir caché ces abus a été contraint de démissionner).
Ouais, tout ça c'est bien beau, mais qu'arrive-t-il des victimes québécois(es) et/ou canadien(ne)s qui ne sont pas amérindiens??? Est-ce à dire que ce n'est pas grave, ou moins grave, d'agresser sexuellement des enfants du Québec en autant que ce ne sont pas des Amérindiens? Ou encore que le pape et les autorités religieuses québécoises continuent de nier que des agressions sexuelles aient été commises par des prêtres québécois pédophiles? Pourquoi le pape ne s'est-il pas contenté de dire qu'il s'excusait tout simplement auprès de toutes les victimes, d'où qu'elles soient?
Les hautes autorités religieuses catholiques veulent maintenant nous faire croire qu'elles regrettent ces événements, après les avoir niés, cachés et protégés pendant plusieurs décennies. Ce n'est qu'après un demi-siècle de déni, de cache-cache, de transfert de diocèse et même de continent, de contestations judiciaires longues et coûteuses jusqu'aux tribunaux suprêmes que, ne pouvant plus nier l'évidence, ces saint hommes, probablement encore inspirés de Dieu, comme il le prétendent toujours, finissent par nous faire part de leur «indignation, sentiment de trahison et la honte ressentis...». Hé ben, ça été drôlement long à venir ces aveux.
Quand même très surprenant que ces timides excuses émanent de ce même personnage qui a été l'un des rédacteurs et instigateurs du texte canonique datant de 1962, intitulé CRIMEN SOLLICITATIONIS qui a imposé aux évêques et cardinaux le secret absolu lorsqu'ils enquêtent sur les cas d'agressios sexuelles commis par des membres du clergé. Ce secret s'imposait à tous, y compris aux victimes, sous peine d'excommunication.
Un documentaire de la BBC sur «Les crimes sexuels et le Vatican» souligne que l'homme chargé d'appliquer cette nouvelle loi pendant vingt ans était nul autre que le cardinal Joseph Ratzinger, devenu aujourd'hui le pape Benoit XVI. C'est lui qui était le plus haut responsable au sein de l'Église pour gérer ces cas de pédophilie et d'abus sexuels imputés à des ecclésiastiques. Et ils veulent maintenant nous faire croire qu'on peut leur pardonner puisqu'ils reconnaissent leurs erreurs et qu'ils se sont même engagés à payer, dans plusieurs diocèses aux États-Unis et au Canada, des dizaines de millions de dollars en dédommagement aux victimes.
Notamment, récemment Mgr Raymond Lahey (lui-même pris «les culottes à terre» à peine quelques semaines plus tard) a été l'architecte d'une entente de 13 millions de dollars à la suite d'un recours collectif intenté par des victimes d'agressions sexuelles commises par des prêtres du diocèse d'Antigonish dans les années '50. Vraiment édifiant tout ça!!! Mais ils oublient ou omettent d'indiquer d'où proviennent ces dizaines de millions de dollars??? Hé oui, de la dime et des poches de ces pauvres fidèles qui se délestent gentiment à la quête le dimanche.
Finalement, quand on y pense bien, ce sont les simples fidèles de la base qui payent pour permettre aux curés pédophiles d'assouvir leurs plus bas instincts auprès d'enfants innocents. Et ceci au même moment où on ne parvient plus à entretenir ou à maintenir notre patrimoine religieux pour manque de fonds, les Églises devant être vendues les unes après les autres, mais curieusement on trouve (ou on devra trouver) l'argent pour payer pour les crimes commis par des prêtres.
Et ce n'est pas tout, poussons plus loin la réflexion. Qui sont les vrais responsables de cette situation? Qui? Les prêtres pedophiles? Oui, bien sûr, mais seulement en partie, ils ne sont pas les seuls à blâmer... Les plus grands responsables sont le pape lui-même et sa petite clique de la curie romaine qui l'entoure. Au Québec comme à peu près partout ailleurs dans le monde, les fidèles catholiques de la base et même l'ensemble du clergé de la base, se sont prononcés depuis longtemps à très forte majorité, pour le mariage des prêtres et l'ordination des femmes!
Mais ces dirigeants qui vivent dans leur tour d'ivoire à Rome, ceux qu'on appelle la Curie romaine, sont complètement coupés de toute réalité et beaucoup trop occupés à s'encenser mutuellement pour se préoccuper de ce que pense le bas peuple. Pourtant la majorité des apôtres étaient mariés, et jamais le Christ n'a exigé que les prêtres soient célibataires. D'ailleurs pendant plus de mille ans, les prêtres pouvaient se marier... et même plusieurs papes!!!
Mais là, c'est vrai, sûrement que celui qui a pris cette décision d'interdire le mariage des prêtres était inspiré de Dieu dont il a reçu soudainement et encore une fois cette vérité révélée, chanceux qu'ils sont ces papes d'être «pluggés» directement sur Dieu!
La vérité est que pour tout homme et femme «normaux», la sexualité est un besoin essentiel, et qu'on ne peut être privé pendant toute une vie d'un besoin aussi fondamental sans qu'il n'y ait conséquence grave. Même si on ne peut approuver les gestes déplorables commis par ces prêtres pédophiles, il est remarquable de constater qu'il s'agit souvent de prêtres d'âge assez avancé, dont la sexualité a été brimée, refoulée et bafouée pendant des années, souvent même pendant des décennies.
Les vrais coupables, ce sont ceux qui ont pris et maintenu, et maintiennent encore, ce célibat ridicule et dénaturé pour les prêtres. Honte au pape et à ses proches de sa petite clique de Rome. Ce sont eux les vrais responsables. Ils se sont peinturés dans leur coin et se retrouveront bientôt seuls avec leurs dogmes ridicules.
Vive la spiritualité laïque!