Alors qu’un peu partout les projets de prestige sont mis au placard pour cause de crise aiguë, en France c’est l’inverse. En effet, le nouveau premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault est atteint du virus de la folie des grandeurs dispendieuses.
Un projet vieux de quarante ans de créer un deuxième aéroport dans la région de Nantes à Notre-Dame des Landes, dont M. Ayrault était jusqu’aux dernières élections le député-maire, dormait sous le boisseau. Or ce projet non viable, réanimé par la grâce du pouvoir, a refait surface et mis le feu aux poudres http://www.youtube.com/watch?v=kptXxgsXs64&feature=related
Cette splendide région encore intacte est déjà dotée d’un aéroport sous-utilisé, et lorsque l’on connaît le marasme que traversent les compagnies aériennes tant au Canada qu’en France (Air France vient d’annoncer la suppression de 4.000 emplois et le licenciement de 450 pilotes), on se surprend que les décideurs continuent de faire comme si de rien n’était.
À Montréal, l’aéroport de Dorval de Montréal était censé être insuffisant. Dès lors tout fut mis en œuvre pour justifier la création d’un deuxième aéroport gigantesque à Mirabel qui allait très vite se révéler un éléphant blanc. Cette implantation, qui laisse encore un goût amer, se solda par un déficit d’exploitation record qui amena les autorités à fermer carrément le site.
En France, à Vatry, à 170 km de Paris, dans ce que l’on a le culot d’appeler la grande banlieue (!) on a construit un aéroport dans le but rien moins que de révolutionner (sic) les transports aériens. Fiasco total ! Cet immense tarmac est un lieu quasi désert dont la problématique et les controverses n’ont pas fini d’alimenter le déficit abyssale de la France.
À Nantes, ce projet de nouvel aéroport mené tambour battant par le groupe international VINCI est défendu en première ligne par M. Ayrault qui en fait une affaire personnelle. En tout se sont 2 000 hectares de terres agricoles qui doivent disparaître sous le bitume et les infrastructures, et comme si cela n’allait pas assez vite, le premier Ministre a pris les grands moyens, comme aux pires heures de l’histoire.
En effet, ce sont au moins 1 500 policiers et gendarmes, hélicoptères et chiens policiers qui ont été dépêchés à grand frais pour déloger ces manants de paysans qui osent revendiquer non seulement leur droit de travailler, mais de préserver le sanctuaire de ce bocage Nantais non pollué jusqu’à ce jour
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=w0MN2nb9ofc
Comme à Gaza, la Force publique harcèle et traque jour et nuit les habitants, détruisant les habitations ainsi que les exploitations à l’aide d’énormes pelleteuses. Malgré les assauts et les tirs tendus de grenades lacrymogènes de la maréchaussée, les récalcitrants aidés par la population et diverses organisations dont la Confédération Paysanne tiennent bon et sont déterminés à tenir pacifiquement pour faire avorter ce projet d,autant plus irresponsable qu’une desserte par le train à grande vitesse (TGV) est déjà prévue.
La France est un petit pays. Or 100.000 hectares disparaissent chaque année, du fait de la création de routes, de terrains de stationnement, de grandes surfaces, ou tout simplement du mitage sous l’effet de la prolifération incontrôlée de zones d’habitation. La terre n’est pas un bien renouvelable, une fois détériorée les dégâts sont irréversibles. Il n’est que de voir le sort que fait subir la pétrolière Total à l’Alberta pour se donner une idée du massacre.
Les agriculteurs sont les jardiniers de la nature qu’ils entretiennent et chérissent avec amour. Au pire, le seul mal qu’ils aient commis est celui de nourrir la population Nantaise et ceux-là même qui les pourchassent en produits frais.
Madame Cécile Duflot, présidente du Groupe Europe Ecologie/Les Verts , hier prolixe pour défendre la cause de ces paysans expropriés par cet aéroport, maintenant ministre dans le gouvernement Ayrault, s’est faite très discrète. Quand les droits et libertés sont bafoués, ne reste plus que la désobéissance civique pacifique.
Le pays des Droits de l’Homme a perdu la tête. Il y a deux ans, le vice-président du Tribunal de Paris, Serge PORTELLI
http://www.dailymotion.com/video/xdiyod_serge-portelli-paroles-de-resistanc_news, avait, dans un discours remarquable et dans un lieu hautement symbolique, le Plateau des Glières, alerté l’opinion publique française contre le climat mafieux qui règne dans les milieux politiques et judiciaires. Selon lui, nous ne sommes plus en Démocratie mais dans un « État limite », et son message se voulait un appel à la Résistance ! Tout était dit.
Christian SÉBENNE