ARME ET BURQA

Les craintes de Lisée dégonflées par les policiers

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Maladroit de référer à des études policières sans s'être d'abord assuré qu'elles existaient

Les deux principaux corps de police au Québec ne partagent pas les craintes du chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, de voir un terroriste se dissimuler sous une burqa ou un niqab. Ni la Sûreté du Québec (SQ) ni le Service de police de Montréal (SPVM) ne détiennent actuellement de « rapport » ou d’« étude » portant sur une menace d’attaque terroriste impliquant ces vêtements couvrant pratiquement tout le corps, y compris le visage.

Durant la course à la direction du PQ, M. Lisée avait invoqué des risques à la sécurité nationale pour justifier sa promesse de tenir une « discussion » sur une éventuelle interdiction de la burqa et du niqab dans l’espace public. « Ma première responsabilité si je suis premier ministre, c’est la sécurité des citoyens du Québec », avait-il déclaré solennellement durant la table éditoriale tenue par Le Devoir le 16 septembre dernier. « En Afrique, les AK47 sous les burqas, c’est avéré là. Mais moi, ce qui me préoccupe et ce qui préoccupe les policiers européens, c’est l’incapacité de repérer dans une foule des suspects qui ont commis ou qui [pourraient] commettre [un attentat] », avait-il ajouté.

À la question « Est-ce que les policiers réclament [l’interdiction de la burqa ou du niqab] ? », le député de Rosemont avait rétorqué : « Avez-vous parlé aux policiers ? Faites votre travail : parlez-leur, écoutez-les ! Oui, je me suis renseigné sur ces questions-là. »

Pas de documents


Le Devoir a pris au mot M. Lisée et a demandé à la SQ, au SPVM ainsi qu’à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) s’ils avaient demandé à un expert interne ou externe de mesurer le risque posé par ces pièces d’étoffe.

Le SPVM n’a « retracé aucun document » de la sorte, a répondu le chef de section des Archives, Benoît Robitaille à une demande d’information faite par Le Devoir en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics.

Même si elle constitue une actrice-clé dans la lutte contre le terrorisme, la SQ ne possède aucun document du genre et n’en a pas commandé à ce jour, a affirmé le capitaine Guy Lapointe après quelques vérifications.

La GRC a pour sa part opposé une fin de non-recevoir à la demande de renseignements du Devoir. « La GRC n’a pas de rapport qu’elle émet publiquement en ce qui a trait aux menaces d’attaques terroristes que pourrait subir le Canada », a indiqué la caporale Annie Delisle. Si la GRC a en main une étude sur la burqa ou le niqab, elle n’a pas cru nécessaire de la porter à l’attention du SPVM ou de la SQ, a souligné une source policière à micros fermés.

Lisée refroidi ?


M. Lisée avait indiqué que l’absence d’études qualifiant la burqa et le niqab de menaces à la sécurité le dissuaderait grandement de légiférer afin d’interdire ces symboles de l’oppression subie par les femmes de l’espace public. « Ça va me refroidir considérablement », avait-il laissé tomber, et ce, même si une telle interdiction pourrait renforcer, selon lui, la « valeur universelle d’égalité des hommes et des femmes qu’on considère particulièrement chère » au Québec.
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