Les chouchous

E66176948eb2cd83716c22479cfd086b

Les solidaires sont poussés par un système médiatique qui veut diviser le vote francophone

Québec solidaire c’est 3 députés indépendants sur 125, 2,4% de la députation à l’Assemblée nationale. Et une couverture médiatique qui fait rêver tous les autres partis marginaux au Canada et au Québec.


La chose n’est pas banale. Québec solidaire est un parti marginal, point à la ligne. 2,4% de la députation au Québec, trois députés indépendants, aucune emprise digne de ce nom en dehors d’un rayon modeste autour de l’UQAM.


Quiconque analyse la situation politique froidement vous répondra que rien n’indique que Québec solidaire atteindra le seuil minimal de reconnaissance officielle à l’Assemblée nationale en 2018, soit 12 députés ou 20% du vote populaire.


Pourtant, ce parti continue de jouir d’une couverture média qui outrepasse très largement sa représentation démocratique concrète.


Nous avons assisté à une autre manifestation de ce phénomène en fin de semaine dernière alors que les QSistes ont joui d’une couverture média digne d’un parti reconnu à l’Assemblée nationale lors de son conseil national.


En contrepartie, quand le Bloc québécois tenait un congrès politique en dehors de toute situation conflictuelle, un congrès habituel quoi, les stafferspolitiques de la formation indépendantistes avaient toutes les misères du monde à intéresser la presse parlementaire à ses propositions, aux « lignes médias » que le parti aurait voulu partager à la population.


Cette situation frustrante pour les bloquistes m’a été racontée à plusieurs reprises par des employés ou d’ex-députés. On répondait aux doléances des gens des comms que la couverture média dévolue au Bloc québécois respectait sa représentation démocratique et parlementaire.


Pas de problèmes pour les QSistes de ce côté-là!


Si on se fiait à la même logique, les gens de QS recevraient une attention polie, quelques mentions ici et là, sans plus.


Ceux qui ont suivi un tant soit peu l’actualité politique en fin de semaine auront remarqué que QS a joui d’une couverture « nationale », sur la plupart des réseaux, des topos constants du correspondant de Radio-Canada à l’Assemblée nationale, etc.


Quelqu’un qui débarque ici sans connaître les tenants et aboutissants de nos débats politiques pourrait croire que QS est l’opposition officielle, ou un parti aux portes du pouvoir.


Pour traiter des propositions politiques de QS, les journalistes politiques diront « si Québec solidaire formait le prochain gouvernement » de façon tout à fait sérieuse, sans broncher, comme si cela passait le test minimal de la cohérence politique. Dans les faits, cette assertion est loufoque.


Désolé de casser le party mais Québec solidaire n’a absolument aucune chance de former le prochain gouvernement. Ni même d’atteindre le seuil minimal de la représentation officielle à l’Assemblée nationale.


Même les gens de QS le savent.


Toutefois, ce parti a toujours joui d’un préjugé favorable de la part d’une intelligentsia en symbiose avec la posture politique que QS avance et défend. En prime, cette couverture média démesurément avantageuse pour les QSistes se traduit, le plus souvent, par le grignotement du vote péquiste.


Ça aussi les gens de QS le savent très bien.


Le poids média des partis politiques : influencer ou informer?


On se souviendra qu’en 2015, lors des élections fédérales, il y avait eu un débat sur le débat; alors que les « grands partis » (Conservateurs, Libéraux et NPD) auraient préféré un débat des chefs sans la présence des « partis marginaux » tels que le Bloc, les Verts et Force et démocratie.


Aussi, pendant cette campagne électorale fédérale, quand on scrute l’analyse quotidienne du poids médiatique des chefs faite par la firme Influence communication, on se rend compte que le Bloc n’a jouit d’aucun traitement de faveur. Systématiquement, on couvrait sa campagne tel un parti de 4e rang.


En fin de compte, les trois autres chefs auront été bénéficiaire d’au moins 10% de plus de couverture qu’en a reçu Gilles Duceppe.


En 2014, l’analyse du poids médias des chefs par Influence communication était très révélatrice. Félix B. Thiffault, conseiller de la firme d’analyse média, avance l’explication suivante :


« Au niveau provincial, en 2014, les chiffres du poids média étaient à 1% près les mêmes que ceux du résultat des votes. On peut alors se demander si c’est parce que les médias ont l’œil pour représenter dans leurs colonnes ce qui intéresse la population, ou si c’est parce qu’ils influencent les électeurs. »


La décision d’offrir une couverture très avantageuse à un parti marginal comme Québec solidaire procède du choix assumé des différentes directions de salles de nouvelles.


Et là aussi on est très conscient que « le poids média des partis, c’est-à-dire l’espace qu’obtient chacun d’eux dans l’ensemble des médias canadiens, est généralement un excellent indicateur des résultats des votes »...