Dans son édition du 6 avril, le [Globe and Mail révèle en manchette les résultats d’une étude de Statistique Canada->36829] qui démontre que les investissements des entreprises dans la machinerie et les équipements pour augmenter la productivité ont diminué en même temps que les gouvernements réduisaient l’impôt sur les corporations.
Le taux d’impôt était de 42% en l’an 2000 et, par suite des baisses successives, il est aujourd’hui de 28%. Le Parti conservateur de Stephen Harper veut l’abaisser à 25%.
Pendant la même période, la part de l’investissement en machinerie et en équipements de l’ensemble de la production économique est passée de 7,7% en 2000, à 6,8% en 2005 et à 5,5% en 2010.
Qu’ont fait les patrons avec l’argent économisé en impôt s’ils ne l’ont pas réinvesti pour améliorer la productivité de leur entreprise ? Ils l’ont versé à leurs actionnaires ou l’ont tout simplement déposé dans leur compte de banque pour le jouer sur les marchés financiers. Plusieurs grosses entreprises sont devenues dans les faits de mini-banques.
Selon Statistique Canada, depuis la récession de 2008, un montant de 83 milliards de dollars résultant des baisses d’impôt a ainsi été thésaurisé par les grandes entreprises canadiennes ou versé aux actionnaires.
Le Globe and Mail rappelle qu’entre 1960 et 1990, les entreprises réinvestissaient pratiquement chaque sous dans leur entreprise pour en améliorer la productivité.
Cette pratique a changé avec le triomphe du néolibéralisme et la financiarisation de l’économie. Le résultat est connu : les diminutions d’impôt des entreprises s’accompagnent du rétrécissement du rôle de l’État et de la privatisation de nombreux services.
Parallèlement, l’écart s’élargit entre les riches et les pauvres, les actionnaires encaissant les profits, alors que les salaires stagnent.
Bien entendu, l’article du Globe and Mail n’est pas anodin. Il sert à alimenter la campagne électorale de Michael Ignatieff qui s’oppose à la réduction de l’impôt des entreprises promise par Stephen Harper.
Les campagnes électorales ont ceci de bon : pour appuyer des promesses électorales, elles permettent certaines révélations fort instructives.
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