Legault: erreur de calcul

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« Les cabinets ministériels caquistes sont remplis d’organisateurs et de stratèges du PQ, de l’ère Landry et de l’ère Marois. »


François Legault sortira comme un grand gagnant de l’élection fédérale. Dès le jour un, il a imposé ses thèmes. Il a forcé les leaders des partis fédéraux à lui faire la génuflexion. Il a profité de son actuelle popularité pour faire une démonstration de force.


Même dans le débat en anglais, les aspirants premiers ministres du Canada se sont retrouvés à parler des politiques du gouvernement Legault. Même ceux qui détestent la loi 21 marchaient sur des œufs de peur d’indisposer le tout-puissant premier ministre québécois.


Ses demandes à l’endroit des partis fédéraux ont orienté la campagne. D’habitude, le gouvernement du Québec formule sa liste d’épicerie, on en discute 24 heures, et c’est fini. Cette fois-ci, François Legault a prouvé qu’un nationalisme québécois décomplexé est en train de s’imposer.


À la CAQ, on jubile à l’idée d’avoir à Ottawa un gouvernement minoritaire. On se dit que François Legault pourra faire danser à sa guise un premier ministre affaibli au son de sa musique. Qui osera lui dire non dans le contexte d’un gouvernement minoritaire avec un Bloc fort ?


Legault a propulsé le Bloc


L’impact de François Legault dans la campagne est indissociable de la montée du Bloc. On pourra toujours blâmer aussi Andrew Scheer qui a raté le bateau en attendant la dernière semaine pour se positionner en allié potentiel du Québec. Et donnons le mérite à Yves-François Blanchet qui a su habilement accrocher son wagon derrière le train de la CAQ.


Il n’en demeure pas moins que le chef de la CAQ a puissamment contribué à la résurrection du Bloc. Si le Bloc réussit une récolte spectaculaire de comtés lundi soir, ce sera notamment grâce à l’agressivité de François Legault à positionner les enjeux du Québec.


Mais à long terme, le chef de la CAQ se serait-il tiré dans le pied ? Le succès de la CAQ repose sur le vote francophone. Si la CAQ a gagné autant de points, c’est notamment grâce à l’affaiblissement du Parti québécois.


PQ heureux


Depuis quelques années, François Legault n’a pas ménagé les efforts pour vider le PQ de son sang. Il occupe tout le terrain politique du PQ. L’identité, la défense des intérêts du Québec, la langue française, la CAQ tire le tapis sous les pieds du PQ sur tous ses thèmes porteurs.


Ce que le public voit moins, ce sont les efforts de la CAQ pour recruter tout le personnel expérimenté du PQ. Les cabinets ministériels caquistes sont remplis d’organisateurs et de stratèges du PQ, de l’ère Landry et de l’ère Marois. Ce n’est pas par accident. Le gouvernement Lévesque avait vidé l’Union nationale de ses forces vives après 1976, menant à l’asphyxie de ce parti.


Dès le lendemain de l’élection, le Bloc va être un allié du PQ. Le Bloc aura de nouveaux députés qui embaucheront une nouvelle génération d’attachés politiques.


En aidant le Bloc, François Legault pourrait bien avoir fourni au PQ la potion magique qui lui permettra de rebondir.