Le vrai problème des anglophones

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Les Anglais défendent avant tout leurs intérêts ethniques : ils savent pour qui voter !

Cette semaine, quatre maires de villes défusionnées de Montréal ainsi que le conseiller Marvin Rotrand ont fait une sortie médiatique afin de dénoncer ce qu’ils estiment être le caractère antidémocratique de la nouvelle carte électorale provinciale. Essentiellement, ils dénoncent la perte d’une circonscription dans le centre-ouest de l’ïle, et le fait que les deux circonscriptions restantes aient chacune 56 000 électeurs, contre une moyenne provinciale de 48 950 électeurs par circonscription.


Selon eux, cela pose un problème de représentation politique de la population (surtout anglophone) de ce secteur, et ils demandent donc aux partis provinciaux de s’engager à revoir la carte électorale s’ils sont portés au pouvoir.


Cette sortie est quelque peu étrange, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, parce que le processus de révision de la carte électorale est largement dépolitisé afin d’éviter que les partis politiques ne le manipulent à leur avantage. Faire une sortie sur le découpage de la carte électorale en pleine élection est donc plutôt mal avisé; on voit mal un candidat s’engager à politiser ce processus pendant une campagne électorale.


La sortie est aussi surprenante parce que les nouvelles circonscriptions respectent la Loi, qui prévoit que les circonscriptions doivent avoir, dans la mesure du possible, pas plus de 25% d’électeurs que la moyenne nationale. Il est certes dommage que certaines circonscriptions contiennent plus d’électeurs que d’autres, mais une certaine forme de souplesse est nécessaire, et il ne semble pas évident ici que la situation est particulièrement préjudiciables pour les citoyens du secteur.


Un problème bien réel


Il est vrai, toutefois, que les anglophones de Montréal ont un problème de représentation politique, mais ce problème n’est pas la conséquence du découpage de la carte électorale.


Le premier problème vient d’abord du fait que les villes défusionnées sont, effectivement... défusionnées. Comme toutes les villes défusionnées sur l’ïle de Montréal se trouvent à l’ouest (à l’exception de Montréal-Est), le centre de gravité politique de la Ville de Montréal se situe en fait davantage vers l’est, majoritairement francophone. Minoritaires au sein du conseil d’agglomération, absentes au conseil municipal, les villes défusionnées sont effectivement plutôt isolées politiquement. Alors que la mairesse de Montréal a l’oreille du gouvernement provincial lorsqu’elle en a besoin, on peut effectivement douter que le maire de Hampstead bénéficie d’un tel traitement.


Ensuite, les anglophones montréalais sont politiquement captifs du Parti Libéral du Québec, qui peut compter sur leur soutien indéfectible depuis des décennies. Cela permet au PLQ d’empocher un grand nombre de circonscriptions à Montréal sans vraiment avoir besoin de récompenser la région pour son appui politique. Qu’a fait le PLQ pour sa base anglophone dans les 15 dernières années? Le PLQ n’a ni projet ambitieux de développement de l’ouest de Montréal, ni de ministre anglophone important au sein de son conseil exécutif depuis le départ de Thomas Mulcair, en 2006. Si ce n’était du dédain des électeurs anglophones pour le Parti Québécois, il y a longtemps que le PLQ aurait payé le prix électoral pour ces manquements.


En 2012, la communauté anglophone avait déjà identifié ce problème. Lors des élections générales provinciales, le journal The Gazette avait appelé à voter pour la CAQ plutôt que pour le PLQ, et Robert Libman, ancien leader du Parti Égalité, un parti pro-anglophones, avait fait de même.


Considérant l’avance significative de la CAQ dans les sondages, le PLQ a besoin plus que jamais de pouvoir compter sur sa base anglophone. Si j’étais un leader anglophone, je profiterais de la situation afin d’obtenir des engagements fermes du PLQ pour le centre-ouest de l’île, ou bien je réitérerais les appels à voter pour la CAQ, voire pour le NPD Québec, afin que les Libéraux cessent de prendre cette communauté pour acquise. Ce serait probablement plus efficace que de se plaindre de la carte électorale.