Pour une deuxième année, la hausse tarifaire autorisée à Hydro-Québec par la Régie de l’énergie est inférieure à la demande de la société d’État, mais les groupes de défense des consommateurs ont néanmoins exprimé une vive déception devant l’augmentation de la facture.
Alors que la société d’État avait formulé le souhait de pouvoir augmenter ses tarifs de 3,9 %, la Régie lui a concédé 2,9 % en reconnaissant du fait qu’une bonne partie de cette hausse est due aux achats d’électricité qu’Hydro-Québec doit faire auprès des producteurs éoliens du secteur privé. Le tarif des grands clients industriels, par ailleurs, va augmenter de 2,5 %.
Pour un client moyen qui utilise l’électricité comme source de chauffage, la hausse tarifaire représente 44 $ par an. Dans son analyse, l’Union des consommateurs a relevé que les tarifs ont augmenté de plus de 30 % depuis le 1er janvier 2004.
« L’augmentation s’explique en grande partie par les coûts des approvisionnements postpatrimoniaux découlant des programmes d’achats décrétés par le gouvernement du Québec », a écrit la Régie. « Il s’agit majoritairement de la mise en service des parcs éoliens et, dans une moindre mesure, des projets de production à partir de la biomasse et de petites centrales hydroélectriques. Ces nouveaux approvisionnements contribuent à l’augmentation tarifaire pour environ 2,1 % sur les 2,9 % autorisés par la Régie. »
Pour ce qui est du reste du calcul, la Régie a accordé une hausse de 0,4 % pour l’augmentation du prix de l’électricité patrimoniale et de 0,4 % pour sa croissance nette des coûts.
La décision de la Régie survient après qu’Hydro-Québec eut dévoilé pour 2014 un bénéfice de 3,4 milliards, en hausse de 15 % comparativement à 2013. La société d’État versera à Québec un dividende record de 2,5 milliards. Cette somme tombe à point nommé pour un gouvernement qui doit déposer son budget 2015-2016 d’ici quelques semaines et tente désespérément de rétablir l’équilibre budgétaire.
Au moment de présenter les résultats au siège social, le 26 février, le président Thierry Vandal avait affirmé que la rentabilité de la société d’État n’avait rien à voir avec l’évolution des tarifs, mais qu’elle découlait notamment des exportations et des gains d’efficience. M. Vandal, qui quittera ses fonctions au mois de mai, avait affirmé qu’« Hydro ne fait pas d’argent lorsqu’elle achète de l’énergie éolienne » et que, sans cette obligation, les achats d’Hydro-Québec ne seraient « pas du même niveau ».
Amortissement sur cinq ans
Le temps froid de cet hiver a entraîné chez Hydro-Québec Distribution des achats de courant supérieurs aux prévisions, et ce, « à des prix élevés sur les marchés de court terme », a noté la Régie. Ces achats se font auprès d’une autre filiale, Hydro-Québec Production. Le coût de ces achats pourrait être récupéré d’un seul élan, mais l’opération pourra être répartie sur cinq ans.
« Compte tenu de l’importance des sommes en cause et afin d’assurer une stabilité tarifaire, la Régie accepte la proposition du Distributeur d’amortir exceptionnellement ce solde de 222 millions sur cinq ans, à compter de 2016, plutôt que de le verser intégralement dans les revenus requis de 2015, comme l’exigerait la pratique réglementaire reconnue », a écrit la Régie. Cela, a-t-elle affirmé, « permet de limiter l’ajustement tarifaire au 1er avril 2015 ».
L’Union des consommateurs a souligné dans un communiqué que, sans cet amortissement, la hausse de cette année aurait pu atteindre 5 %. « Il faut bien comprendre que les montants différés que devra payer la clientèle avec intérêts à partir de 2016 n’empêcheront pas Hydro de demander de nouvelles hausses tarifaires pour 2016 et pour les années suivantes, auxquelles s’ajouteront donc ces montants différés », a affirmé Marc-Olivier Moisan-Plante, analyste en énergie.
Un autre groupe, Option Consommateurs, a lui aussi déploré les contrecoups de l’éolien sur les tarifs en affirmant que Québec devrait maintenant repenser sa manière de faire du développement économique régional.
Les plus récents développements de la filière éolienne au Québec remontent essentiellement au début des années 2000. Le milieu de l’énergie éolienne affirme que le déploiement a permis de stimuler l’économie — environ 5000 personnes travaillent dans ce secteur — et que les investissements sur une dizaine d’années totalisent maintenant 10 milliards.
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