Le Venezuela ou le socialisme pour les nuls

Ee5ac0fb77abf4aea30465da1bfda95e

Le naufrage socialiste du Venezuela

Les dés semblent jetés : Nicolás Maduro ne restera plus longtemps à la tête du pays qu'il a conduit à la faillite. L'échec du socialisme vénézuélien doit servir de leçon : on ne peut redistribuer ce que l'on ne produit pas.


Les images avaient fait rire le monde entier. Samedi 4 août 2018,Nicolás Maduro préside un défilé militaire. Son discours glorifie la victorieuse révolution bolivarienne redressant l'économie avec brio, lorsqu'éclate une petite explosion. La caméra montre un président rendu brutalement muet, bouche ouverte, apeuré, désemparé, puis, dans un plan large pris d'en haut, on voit les régiments qui défilaient en rang devant la tribune présidentielle se carapater à vive allure dans un sauve-qui-peut des plus pitoyables. Un drone avait percuté la façade d'un immeuble. Le régime a arrêté ensuite six « terroristes »responsables du « coup fomenté de l'extérieur » destiné à tuer le valeureux président.


VIDEO. « L'attaque au drone » du 4 août




L'épisode illustrait l'éternel côté ridicule des dictatures que Charlie Chaplin avait si drôlement filmé. Il prouvait surtout que le dernier rempart qui préserve encore le pouvoir du président du Venezuela est bien fragile. Ses soldats ne feront pas preuve d'un courage à toute épreuve pour le défendre. Nicolás Maduro n'en a donc plus pour longtemps.


Arrivé au sommet de l'Etat en 2013 à la mort du colonel Hugo Chávez, il a toujours compris qu'il fallait veiller au soutien des militaires. Il leur a accordé des faveurs sans discontinuer et a donné aux généraux les clefs rémunératrices des industries de l'alimentation, du pétrole et de nombreuses mines. Mais, cette fois, les dés sont jetés.


En 2017, malgré l'effondrement complet de son économie , le régime vénézuélien semblait tenir. L'opposition, qui avait remporté les législatives en décembre 2015, restait divisée, sans leader, incapable d'imaginer une stratégie. Les manifestations étaient réprimées dans le sang, on évoque 100 morts, et les arrestations arbitraires multipliées, Human Rights Watch en dénombre 12.800. Nicolás Maduro était parvenu à écarter la Chambre des députés par la mise en place d'une Assemblée constituante, chargée de réécrire la Constitution. En mai 2018, il truquait l'élection présidentielle et se faisait réélire pour un mandat jusqu'en 2025.


Corruption généralisée


Que s'est-il passé pour qu'aujourd'hui, début 2019, on puisse affirmer que les jours de Nicolás Maduro au palais de Miraflores sont comptés ? Les 3 millions de Vénézuéliens qui ont quitté le pays donnent la réponse. Le régime s'est perdu dans l'impéritie et la corruption. Hugo Chávez avait offert une caricature du socialisme pour les nuls : distribuer ce qu'on ne produit pas.


La nationalisation brutale du pétrole et les harangues démagogiques contre les Yankees ont coupé le pays de l'expertise pétrolière et glacé l'investissement de la bourgeoisie locale. La mise en place d'une administration parallèle pour distribuer « au peuple » les bienfaits de l'or noir a désorganisé l'Etat et installé une corruption généralisée.


Nicolás Maduro, socialiste pour les encore-plus-nuls, a foncé dans l'impasse, distribué le peu qui restait à une fraction toujours plus réduite de la population, mis en armes une milice archi-corrompue et espéré se sauver par une répression féroce. Le pays qui dispose des plus grandes réserves mondiales d'or noir est tombé dans la misère absolue. Les pénuries touchent la nourriture, les médicaments et tous les objets de première nécessité.  L'inflation atteint 1 million de pour-cent , c'est dire si le peuple ne trouve plus rien, il est affamé, il fuit.


Rétablir le droit


« Le peuple » perdu, reste l'armée ? Mais les choses ont changé côté politique. L'unité de l'opposition s'est faite à l'Assemblée derrière Juan Guaido, un ingénieur de trente-cinq ans. Qui a eu l'idée de le proclamer « président » par intérim et de le faire reconnaître par les Etats-Unis et par le Groupe de Lima, regroupant 13 pays d'Amérique latine, dont le Brésil et l'Argentine ? On ne sait pas. Mais Marco Rubio, le sénateur de Floride, a convaincu Donald Trump du plan : « reconnu » comme autorité légitime, M. Guaido peut disposer des avoirs vénézuéliens gelés aux Etats-Unis, il a une stature et des moyens.


Juan Guaido demande à l'armée de le rejoindre pour rétablir la démocratie et le droit, distribuer une aide humanitaire d'urgence et organiser des élections. Les tentatives précédentes de certains officiers pour renverser le pouvoir avaient échoué, mais le rapport des forces internes est désormais tel que Nicolás Maduro doit sentir qu'il sera bientôt lâché.


Il n'y a, dans le monde entier, que Jean-Luc Mélenchon pour admirer encore cette version bolivarienne du socialisme, primaire et antidémocratique. Au prochain départ de Maduro, il dénoncera un complot yankee. La réalité est que l'échec du chavisme était écrit depuis le début.