PARTI QUÉBÉCOIS

Le souvenir de Sandra

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Un autre recul stratégique ?






En 2013, la CAQ avait fait tout un cirque à propos de la petite Sandra, fille d’un militaire blessé en Afghanistan, qui faisait partie de ces enfants de soldats francophones auxquels le gouvernement Marois voulait retirer le privilège de fréquenter l’école anglaise.


 

Au cours du débat sur le projet de loi 14, qui se voulait une « nouvelle loi 101 », le député de La Peltrie, Éric Caire, lui-même un ancien membre des Forces armées, soutenait que les sacrifices consentis sur les champs de bataille justifiaient une exception à la règle que devaient respecter tous les autres francophones du Québec. Il faut aussi dire que sa circonscription abrite la base de Valcartier.


 

Le plus étonnant avait été de voir le rédacteur en chef de la Revue juridique des étudiants en droit de l’Université Laval dénoncer la « cruauté » du PQ, invoquant la considération due « aux fils et aux filles des héros de guerre ». La ministre responsable de la Charte de la langue française, Diane de Courcy, voyait plutôt dans ce privilège l’équivalent des « écoles passerelles », qui permettaient aux mieux nantis d’acheter le droit d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise moyennant un coûteux séjour dans un établissement non subventionné.


 

L’exemption prévue dans la loi 101 visait à l’origine les enfants de soldats anglophones affectés temporairement à une base en territoire québécois et avait été indûment étendue aux francophones, mais M. Caire accusait plutôt le PQ de chercher à créer « un conflit autour du drapeau canadien » pour promouvoir la souveraineté.


 

Il est vrai que des militaires francophones peuvent être mutés dans des provinces anglophones, mais l’armée canadienne a précisément fait en sorte que leurs enfants puissent fréquenter une école française. Il y en a une à proximité de 24 des 25 bases canadiennes, l’exception étant celle de Gander à Terre-Neuve. Il est pour le moins paradoxal que le gouvernement du Québec sabote ces efforts en les incitant plutôt à choisir l’école anglaise.


 

 


Jean-François Lisée, qui faisait partie du gouvernement Marois, convient volontiers qu’il y a là une incongruité, mais il a néanmoins décidé de ne pas inclure cette disposition du projet de loi 14 dans la « proposition principale » qui sera soumise au conseil national en fin de semaine prochaine. Inévitablement, la CAQ referait le même débat qu’à l’époque et le chef du PQ estime que le coût politique serait trop élevé, compte tenu du faible rendement en matière de francisation. « Il faut choisir ses combats », a-t-il fait valoir mercredi au cours d’une entrevue au Devoir.


 

Il fait le même calcul dans le cas des municipalités auxquelles la loi 101 avait reconnu un statut bilingue. Le gouvernement Marois projetait de leur retirer ce statut si la proportion de résidants anglophones tombait sous la barre des 50 %, mais M. Lisée y a renoncé. Selon lui, ce serait « beaucoup de divisions pour peu de résultats ». Il aurait pu ajouter qu’une telle mesure, qui avait déclenché l’ire de la communauté anglophone il y a cinq ans, compromettrait d’entrée de jeu la reprise du dialogue qu’il dit souhaiter.


 

Il reconnaît aussi qu’il n’est pas normal que la moitié des allophones choisissent de s’inscrire au cégep anglais après avoir fait leurs études primaires et secondaires en français, mais étendre les dispositions de la loi 101 au niveau collégial, comme l’avait résolu le congrès d’avril 2011, lui apparaît trop périlleux sur le plan politique.


 

 


Il est vrai que des mesures comme l’obligation pour les immigrants d’avoir une connaissance suffisante du français avant d’être admis au Québec, l’extension des programmes de francisation aux entreprises de 25 à 49 employés ou encore l’enseignement obligatoire du français dans les cégeps et universités de langue anglaise semblent nettement plus porteuses. Les délégués au conseil national devraient leur faire bon accueil, mais l’« ouverture » de M. Lisée à la communauté anglophone l’a toujours rendu suspect aux yeux de certains.


 
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