Le Salon bleu est funéraire

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«L’avenir appartient à ceux qui se tiennent debout»

J’avais regardé la première période de questions au Salon bleu il y a peu de temps quand la proposition de supprimer les applaudissements a été votée à l’unanimité et que tout ce beau monde a applaudi pour une dernière fois. Il y avait de l’espoir que le climat allait peut-être s’assainir et que les réponses seraient enfin à la hauteur des questions. J’ai pu constater mardi dernier, jour où j’ai suivi toute la période de questions en direct, qu’il n’en était rien.

Le parti au pouvoir a applaudi chaleureusement le dépôt des documents concernant le fameux pacte fiscal qui semble faire le bonheur des maires de Montréal et de Québec au point qu’ils ne portent plus à terre. Les oppositions s’en sont tenues au règlement qui interdit les applaudissements. On sentait un froid glacial du côté des oppositions. Est-ce que nous, les citoyens-payeurs, serions en train de nous en faire passer une sans qu’on nous ait demandé notre avis ?

Un an et demi après son élection, le Parti libéral a-t-il changé ? Je répondrais : « pas tellement ». Il a toujours le même ton arrogant et un peu méprisant dont le ministre du Trésor est toujours le plus représentatif, il faut bien le dire. Cet homme ne doute jamais un seul instant de ses décisions, même quand elles entraînent la destruction pure et simple de ce que d’autres avant lui ont mis tant d’efforts à construire. On pourrait penser que sa devise est : « Je fais table rase » ou « Après moi le déluge ». Les deux lui vont parfaitement bien.

J’hésite à vous parler du ministre de l’Éducation qui patauge dans ses dossiers sans être capable d’expliquer clairement ce qu’il entend faire face aux coupes sauvages qui touchent ce secteur névralgique de notre devenir collectif. Jamais la proposition qui traîne dans le décor de préparer nos enfants à répondre aux besoins des entreprises plutôt que de leur apprendre à transformer le monde qui va leur appartenir, jamais cette proposition ne sera acceptable. Notre toute première préoccupation devrait être l’instruction mise à la disposition des enfants du Québec afin qu’ils deviennent autre chose que des fabricants d’argent pour les plus riches qu’eux. Là-dessus, comme pour beaucoup d’autres choses, le gouvernement est sourd comme un pot.

Dans ce Salon bleu si triste à la fin, il y a un ministre très visible qui fait de gros efforts pour être l’humoriste de service. Le bon docteur Barrette ne recule devant aucune pitrerie pour faire rire tout le monde. Il torture les mots, les idées aussi, la vérité souvent, et il est évident qu’il se trouve très drôle. Si ça n’était pas interdit, il s’applaudirait lui-même. On sait que ce n’est pas la modestie qui l’étouffe. Ce qui finira par l’étouffer, ce sont les bons services qu’il rend à ses collègues médecins qui vont lui en devoir toute une et la ténacité des infirmières qui vont lui montrer de quel bois elles se chauffent. Cette fois, je crois qu’elles ont vraiment le gros bout du bâton.

Il est évident que les petits jeux politiques à Québec ont réussi à passer sous l’écran radar à cause de la durée insensée de la campagne électorale fédérale. Préoccupés par les manoeuvres douteuses des conservateurs durant toutes ces semaines, par les entourloupettes de monsieur Mulcair selon la province où il se trouvait ou les affirmations solennelles de l’admiration de Justin Trudeau, les citoyens et citoyennes ont pris le temps de refaire connaissance avec Gilles Duceppe dont ils ont fini par apprécier la franchise, la détermination et le courage, qui sont des qualités de plus en plus rares, même au Québec.

Nous sommes le 2 octobre. Nous sommes en campagne électorale depuis si longtemps que j’ai l’impression que ça fait six mois au moins. Tout a été dit et dédit. Et il est évident que tout reste à faire. C’est le bout le plus difficile et le plus important. Ouvrez l’oeil, car il n’est pas dit qu’on n’essaiera pas de nous en passer des pas mûres dans les jours qui restent.

On disait autrefois que « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ». Je vous propose une nouvelle version : « l’avenir appartient à ceux qui se tiennent debout ».

Ce matin, je le confesse, mon coeur est catalan. Ces millions de personnes dans les rues de Barcelone pour célébrer une victoire imparfaite mais une victoire indéniable ont été un réconfort pour nous tous dans notre désir de chanter et de danser dans nos rues comme ils l’ont fait chez eux. Je souhaite un jour retourner en Catalogne pour voir de près de quoi ça a l’air, un peuple heureux et enfin libre. La dernière fois que j’y suis allée, il y a longtemps, ils en parlaient beaucoup mais c’était encore un rêve. Ils sont maintenant tout près d’avoir un pays.


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