Le rapport Bouchard-Taylor plutôt bien accueilli

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Commission BT - le rapport «Fonder l’avenir - Le temps de la conciliation»


Charles Taylor et Gérard Bouchard. (Photo Ivanoh Demers, La Presse)

Presse Canadienne - Le rapport de la Commission Bouchard-Taylor a été plutôt bien accueilli, bien qu'il porte sur un sujet qui a suscité depuis plus d'un an déchirements et débats.

Les 37 recommandations émises par les commissaires permettent aux divers groupes et représentants des communautés culturelles d'y trouver un élément positif. L'accent, mis sur la conciliation et l'amélioration des conditions pour faciliter l'intégration, a mis la table pour cet accueil favorable.
Pour Mohamed Kamel, du Forum musulman canadien, le rapport doit devenir un moteur au sein de la société pour combattre les préjugés, plus particulièrement ceux à l'égard des musulmans et des juifs.
Ce rapport, «c'est le point de départ, pas l'arrivée. C'est très important de le réaliser», a indiqué en entrevue M. Kamel, qui espère que les gouvernements prendront le relais et mettront des efforts à éduquer et sensibiliser la population, comme le recommande la Commission.
«Il n'y a pas de façon de lutter contre l'islamophobie, ou la xénophobie ou toute la haine sans moyens. Et les moyens commencent par les ressources et l'appui du gouvernement», a poursuivi M. Kamel.
Même accueil au Congrès juif canadien, où le président, Victor Goldbloom, se réjouit de constater que le rapport conclut, comme son organisme, qu'il n'y a pas de crise au Québec.
M. Goldbloom n'est cependant pas d'accord avec la recommandation qui propose d'interdire le port de signes religieux aux agents de l'Etat représentant l'autorité, comme les procureurs de la Couronne, les policiers et les gardiens de prison.
Dans son mémoire, rappelle le président, le Congrès juif n'avait pas adopté une position qui «empêcherait un juif pratiquant de porter la kippa».
Du côté syndical, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) applaudit le «gros bon sens» du rapport qui réitère trois réalités québécoises: le Québec est une société laïque, francophone et qui prône l'égalité entre les hommes et les femmes.
La FTQ a néanmoins quelques réserves, notamment à l'endroit de la recommandation sur les signes religieux qui n'est pas assez restrictive à son goût. «L'Etat doit rester neutre, ce qui implique ses fonctionnaires et ses représentants, ainsi que ses institutions. Il faut donc réglementer clairement le port de signes religieux», a déclaré son président, Michel Arsenault.
La Confédération des syndicats nationaux (CSN) rappelle avoir proposé l'adoption d'une charte de la laïcité, qui encadrerait entre autres le port de signes religieux. «Nous prônions que cet aspect fasse partie du débat menant à l'adoption de la charte, particulièrement en ce qui concerne les enseignants. Les commissaires estiment que ceux-ci devraient pouvoir porter des signes ostentatoires, alors que nous croyons qu'il y a des nuances à faire selon les ordres d'enseignement», a fait valoir la secrétaire générale, Lise Poulin.
A la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), on se montre un peu plus critique face à un rapport qui n'apporte pas, à son avis, grand-chose de neuf. La CSQ estime qu'il aurait mieux valu, pour les commissaires, de baliser plus précisément la pratique des accommodements raisonnables.
L'utilisation du terme «Québécois d'origine canadienne-française» fait aussi réagir. «A trop vouloir modifier les termes pour adoucir les angles au nom de l'intégration et notamment pour éviter de heurter certaines sensibilités, nous en arrivons à un certain révisionnisme linguistique. (...) Au fil des ans, nous avons choisi de nous identifier comme Québécois. Pour nous, il n'est pas question de diluer qui nous sommes», a soutenu le président de la CSQ, Réjean Parent.
Du côté de la Société Saint-Jean-Baptiste, ce terme fait aussi «tiquer» le président, Jean Dorion.
«Je ne vois pas ce qu'il y a de gênant de dire qu'on est Québécois quand on appartient au groupe culturel majoritaire au Québec», a lâché M. Dorion, qui aurait aussi aimé un peu plus de fermeté sur la question de la langue française.
Enfin, la Fédération des commissions scolaires du Québec se dit heureuse de constater que la Commission recommande de ne pas permettre l'exemption à des cours obligatoires pour des raisons religieuses, tout en incitant le gouvernement à promouvoir fortement le cours «Ethique et culture religieuse» qui doit débuter en septembre 2008.


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