Le Québec et l’empire du pétrole

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Miser sur l'hydroélectricité


Il faut féliciter François Legault de vouloir débarrasser le Québec de l’emprise du pétrole. Mais le premier ministre devrait aller plus loin dans les mesures qu’il a annoncées, en particulier en ce qui touche les transports collectifs.


La fin de la dépendance au pétrole ne peut pas vouloir dire le remplacement immédiat du pétrole par une autre source d’énergie. D’abord parce que le pétrole est quasi irremplaçable dans plusieurs domaines. Les plastiques, les engrais et une multitude de produits sont encore abondamment fabriqués à partir de pétrole.


Ensuite et surtout, la puissance de l’essence est incomparable. Elle équivaut à quatre fois la puissance explosive de la dynamite. C’est ce qui rend si difficile le remplacement des voitures à essence par des voitures qui rouleraient avec un autre type d’énergie, avec les mêmes performances.


Une nouvelle étape


Cependant, le Québec jouit d’une situation géographique unique. Sa population se trouve en aval d’immenses bassins hydrographiques. Il faut être fier de la manière extraordinaire dont nous avons développé notre potentiel électrique. Jamais aucune société privée n’aurait pu parvenir à ce que nous avons réussi avec Hydro-Québec.


À présent, une nouvelle étape pourrait commencer. Une étape qui vise à se départir de l’emprise du pétrole. Dans le monde, plus de 60 % de la consommation de pétrole sert au transport. M. Legault a raison de s’attaquer en priorité aux transports.


Mais son plan est parfois erroné. Par exemple, le tramway est un très mauvais choix pour les villes, surtout là où la population est dense ou là où elle pourrait se densifier de manière importante. Sur un horizon de plus de 20 ans, le métro coûte moins cher que le tramway. Parce qu’après 20 ans, il faut refaire complètement les rails et les wagons de tramway, surtout avec un climat comme le nôtre. Nos parents et nos grands-parents étaient très heureux de se débarrasser des tramways. Il serait navrant de régresser dans le développement des grandes villes du Québec.


Le problème est que les gouvernements qui se succèdent ne parviennent pas à imposer un plan de transport cohérent pour l’ensemble du Québec et qu’ils sont trop soumis aux lobbies des municipalités.


Créer une nouvelle société publique


Pourquoi ne pas créer une Société des transports collectifs pour le Québec ?


Rêvons un peu. Une telle société pourrait coordonner à long terme les transports collectifs dans plusieurs villes du Québec. Un peu comme Hydro-Québec a développé le réseau de transport électrique au Québec. Elle pourrait, avec ses propres équipes et à son rythme, creuser des lignes de métro dans plusieurs villes, commander des trolleybus, peut-être même développer des lignes de train dignes du 21e siècle.


Une telle société pourrait développer les transports collectifs à long terme. Si la Caisse de dépôt trouve qu’il y a des profits substantiels à faire avec les transports, pourquoi une société d’État ne se servirait-elle pas de la même logique pour développer les transports collectifs ?


On pourrait même mettre dans son mandat la lutte contre l’étalement urbain.


Une Société des transports collectifs du Québec pourrait jouer un rôle crucial pour le développement du Québec. Aussi crucial qu’Hydro-Québec.


N’en sommes-nous pas rendus là ?