Un pays, pour moi, c'est une nation et un état. En langage de la construction, c'est une charpente et une fondation. Quand une nation n'a pas de fondation qui lui sied bien, il y a instabilité politique et sociale. L'endroit où on construit la fondation, lui, ne va jamais disparaître. La charpente, elle, peut disparaître ou changer totalement de forme. Donc, le Québec a une bonne charpente et un terrain, mais il est locataire, donc il ne peut pas construire de fondation solide et permanente.
Depuis les années 1960, je crois que le Québec construit, souvent dans l'adversité, une belle maison à son image. Rien n'est parfait bien sûr. On a laissé entrer beaucoup de monde à l'intérieur et on a voulu être très accueillant, en essayant d'avoir une seule cuisine et un seul salon afin que tout le monde puissent vivre en paix. Au Canada, avec le multiculturalisme, c'est plusieurs cuisines et salons, des remises et des garages, des greniers et des hangars pour que tout le monde trouvent sa place, mais le résultat est que le Canada est devenu n'importe quoi, tellement que c'est sa renommée et caractéristique première d'être n'importe quoi. Et ce n'importe quoi, qui est quand même assez original, a l'anglais, malgré ce que plusieurs pensent, comme colle.
Au Québec, dans la maison, ou veut sûrement des couleurs, de la diversité. On peut même faire des accommodements pour que tout le monde se sentent bienvenus dans la cuisine et le salon. Dans les chambres à coucher, ça, on s'en fout de ce qui s'y passe. Les gens parleront la langue qu'ils veulent, s'aimeront dans les positions qu'ils veulent et prieront les dieux qu'ils veulent. Le plus important, c'est que dans les pièces communes, tout le monde puissent échanger, se comprendre, partager, s'aimer, etc.
La fondation du Québec en ce moment, c'est celle du Canada. Cette dernière permet à tout le monde de se construire des remises, des garages, des hangars autour de la maison Québec.
Ainsi, si le Québec ne décide pas un jour de solidifier sa maison, sa charpente, sur une fondation solide, définie et claire, la maison Québec ressemblera à la photo de gauche tout en haut.
Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de passer son temps à critiquer les gens qui se construisent des hangars, des garages ou encore ceux qui vivent dans le grenier. On a le droit de s'en désoler, mais ça ne donne rien d'en faire une fixation.
Il faut plutôt mettre tout en oeuvre pour se bâtir une belle fondation solide et stable pour la nation québécoise. Par la suite, s'il y a des gens qui veulent encore vivre dans les hangars et dans le grenier, les Québécois pourront au moins mettre des limites à ces constructions, établir un cadre parce qu'il sera le seul émetteur des permis de construction. En attendant, oubliez les gens qui vivent dans la remise ou le grenier, on n’y peut rien ! En étant à moitié sur la fondation du Canada, même si le Québec voulait changer les règles en émettant tous ses permis de construction, ce seront toujours les permis d'Ottawa qui primeront (voire la Charte et la constitution).