Le PQ veut jouer la carte identitaire

Conseil national - Collogue PQ - immigration et langue - 21-22 novembre -

Jocelyne Richer - Le Parti québécois (PQ) jouera désormais à fond la carte identitaire, notamment en déposant la semaine prochaine à l'Assemblée nationale un projet de loi devant réaffirmer les grandes valeurs québécoises.
Le PQ se positionnera plus que jamais comme celui des partis s'affichant comme le plus apte à jouer le rôle de chien de garde de la différence québécoise, tout en cherchant à forcer le gouvernement à se mouiller davantage.
Egalité entre hommes et femmes, primauté du français et laïcité de l'Etat seront les trois axes de ce projet de loi, qui aura cependant peu de chances de gagner l'adhésion du gouvernement et d'être adopté.
La chef du parti, Pauline Marois, a fait cette annonce samedi, lors d'une allocution devant quelque 500 militants de son parti, réunis en colloque sur les questions d'identité, de langue et d'immigration, en vue de préparer le prochain programme du parti, au printemps 2011.
Il faut défendre nos valeurs, car «sinon personne ne le fera à notre place», a soutenu la chef péquiste, en accusant le gouvernement Charest d'immobilisme en matière de défense et de promotion du français.
Selon elle, la loi 101 constitue une épine au pied des libéraux de Jean Charest, tandis qu'elle est «la plus grande fierté du PQ», qui l'a fait adopter il y a une trentaine d'années.
Après trois décennies et de grands pans éliminés par les tribunaux, la loi 101 a bien besoin d'un second souffle, selon le PQ.
Le président du parti, Jonathan Valois, a illustré l'état d'esprit du parti, en lançant aux militants dans son discours d'ouverture, qu'il en avait assez de ne pas pouvoir «acheter un bagel en français» à Montréal.
«Ca m'énerve!», a-t-il dit.
Samedi, les péquistes ont donc débattu entre eux de plusieurs sujets liés à l'identité, dont la pertinence d'imposer la fréquentation du cégep francophone et la place du français dans les services de garde, qui affichent un taux de bilinguisme élevé à Montréal.
Les moyens à privilégier pour faciliter l'intégration des immigrants à la majorité francophone ont aussi été au coeur des discussions.
«Les accommodements, quand ils sont déraisonnables, ils doivent être interdits», a lancé la chef souverainiste à ses militants, en soutenant qu'il revenait au gouvernement de fixer des balises à ce qui est acceptable en ce domaine.
Mais les péquistes n'ont pas encore réussi à fixer entre eux des balises claires à la fréquentation du cégep en français.
Obligation du Cégep français
Au premier chef, les députés sont divisés sur l'opportunité d'obliger les étudiants de cégeps, francophones ou allophones, à s'inscrire au secteur français.
Quant à elle, la chef refuse de se prononcer, prétextant vouloir laisser parler la base.
Samedi matin, en point de presse, les députés semblaient hésiter à afficher des opinions tranchées sur cette question.
En 2006, au total, 13 000 étudiants francophones et allophones ayant fait leur secondaire en français ont fait le saut au cégep anglophone.
Le député de Borduas, Pierre Curzi, porte-parole péquiste en matière de langue et d'éducation, a dit, du bout des lèvres, qu'il était prêt à endosser l'obligation du cégep français.
«Personnellement, je penche vers ça. On a essayé d'imaginer une autre solution, mais elle ne tient pas le coup», selon lui.
La députée de Rosemont, Louise Beaudoin, ex-ministre responsable de la loi 101, a dit que dans le passé elle était contre cette idée, mais que l'évolution des choses ébranlait ses convictions.
On cherchera aussi à assurer la présence du français dans les services de garde.
Les enfants d'immigrants qui fréquentent des garderies où on ne parle pas français «arrivent très mal préparés à la maternelle», a noté le député de Vachon, Camil Bouchard, porte-parole en immigration.
La Presse Canadienne révélait la veille qu'à Montréal 57 pour cent des garderies privées, 50 pour cent des garderies familiales et 24 pour cent des Centres de la petite enfance (CPE) étaient bilingues et qu'un certain nombre de services excluaient le français.
«Il faut agir prestement», selon M. Bouchard, pour que des éducatrices francophones fassent leur place dans tous les services de garde.
L'obtention d'un permis pour administrer un service de garde pourrait être conditionnelle à leur présence.
La chef péquiste est allée plus loin cette semaine en disant que la loi 101 devrait s'appliquer dans les services de garde, ce qui voudrait dire pour les enfants d'immigrants fréquenter obligatoirement la garderie en français.
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