Par Denis Lessard et Tommy Chouinard - Appel du pied aux écologistes : s’il est élu, le Parti québécois annulera la vente du Mont-Orford au secteur privé. La loi 23, adoptée en décembre, sera abrogée, et Mont-Orford inc. devra honorer le bail qui la lie au gouvernement.
Clin d’œil à l’aile gauche du PQ : s’il devient premier ministre, André Boisclair répondra favorablement à certaines demandes formulées par les Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ-Libre) pour les assistés sociaux et les travailleurs.
Et une fleur pour l’éducation : une administration péquiste s’engagera dans un vaste programme de réfection des écoles, dont beaucoup se sont dégradées au fil des ans.
Diverses autres mesures seront aussi proposées aux militants, notamment pour assurer un meilleur suivi des actions du gouvernement et de la dette publique, a appris La Presse hier ainsi que lors d’une entrevue avec M. Boisclair plus tôt cette semaine.
La proposition au sujet du parc du Mont-Orford étonne puisque, l’an dernier, André Boisclair avait désavoué son député de Johnson qui proposait exactement ce qui devient maintenant la position du Parti québécois. « Ce qu’il voulait dire, c’est qu’une fois le projet de condominium construit, personne ne pourrait mettre le bulldozer là-dedans », disait hier Pierre Rodier, maire d’Orford et sympathisant péquiste. Justement, M. Boisclair se trouve ce matin à Orford et devrait confirmer cet engagement.
Les propositions d’ordre social sont quant à elles inspirées par l’aile progressiste du parti.
– Abrogation du chapitre 4 de la loi 142 qui prive les employés de l’État de faire quelque moyen de pression que ce soit.
– Indexation complète des prestations des assistés sociaux aptes au travail (coût de 30 millions par année).
– Abolition de la « clause Tanguy » qui pénalise de 100 $ par mois les assistés sociaux qui habitent chez leurs parents.
– Relance de la réforme sur la santé et la sécurité du travail pour rendre obligatoire la création de comités de prévention dans différents milieux de travail, comme les hôpitaux, les écoles et les hôtels.
André Boisclair ne reviendra toutefois pas sur les modifications apportées par les libéraux à l’article 45 du Code du travail afin de favoriser la sous-traitance.
Pas de baisses d’impôts
Selon nos informations, le Parti québécois s’engagera à injecter 750 millions supplémentaires dans la réfection des écoles du Québec sur la durée d’un mandat. Datant des années 50 et 60, le parc immobilier s’est dégradé, en particulier à Montréal.
Un gouvernement péquiste mettra aussi en ligne une « feuille de route de l’action menée par le gouvernement » sur Internet. De plus, avec un « journal de bord » en ligne, le gouvernement rendra annuellement des comptes sur le respect de ses engagements. « La marque de commerce du PQ, le respect des engagements électoraux, sera au cœur de l’engagement qu’on prendra avec la population. On veut réinstaurer la confiance avec cet élément nouveau », a soutenu M. Boisclair lors d’une entrevue cette semaine. Le budget, les crédits peuvent donner une photo des finances publiques, le « journal de bord » du gouvernement sera un pas de plus, un geste « solennel » qui haussera d’un cran la « reddition de comptes ».
Il ne faut toutefois pas s’attendre à de nouvelles baisses des impôts, insiste-t-il. De la même manière, les engagements coûteux envisagés par le PQ quant au remboursement de la dette ont été réévalués à l’aune des finances publiques.
Plus question d’injecter 500 millions par année automatiquement pour réduire la dette – ou même 1 milliard annuellement une fois le Québec devenu souverain. M. Boisclair laisse entendre que la plateforme de son parti sera plus proche de son engagement de campagne à la direction à ce sujet : on remboursera la dette si la croissance économique dépasse 2,5 %.
Des morts sur la conscience
Si la journée de demain s’annonce occupée, et houleuse, celle d’hier a été chargée. Le chef péquiste s’est rendu devant le centre hospitalier Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe pour déplorer la « négligence » du gouvernement Charest dans la « crise majeure » du C. difficile. Dans les propos qui lui sont attribués dans son communiqué de presse, il laisse entendre que les libéraux ont des morts sur la conscience. « Il aura fallu 4838 cas de C. difficile en 2004 pour que le gouvernement Charest adopte enfin un plan d’action en juin 2006. Ce délai a été tragique pour des milliers de personnes qui sont décédées alors que plusieurs d’entre elles auraient pu survivre grâce à une politique énergique de prévention de l’infection. »
André Boisclair propose d’inscrire le Clostridium difficile dans la liste des maladies à déclaration obligatoire afin d’éliminer tout délai entre l’éclosion d’un cas de C. difficile et le moment où les dirigeants de la santé publique sont prévenus.
Mais selon le directeur national de la santé publique, le Dr Alain Poirier, le « système de surveillance » mis en place par le ministère de la Santé est plus efficace que la mesure proposée par le PQ.
Seize décès reliés au Clostridium difficile sont survenus à l’hôpital de Saint-Hyacinthe. Une enquête du coroner a été déclenchée.
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