Le PQ exhorte le gouvernement Charest à rejeter le kirpan au parlement

Kirpan - Québec


La Presse canadienne - Le 18 janvier dernier, quatre membres de la communauté sikhe se sont fait refuser l’entrée à l’Assemblée nationale, parce qu’ils ne voulaient pas se séparer du poignard qu’ils portent pour des raisons religieuses
_ Photo : Agence Reuters Chris Wattie

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L’opposition péquiste veut forcer la main au gouvernement Charest, pour qu’il affiche la neutralité de l’État québécois sur le plan religieux. La députée péquiste de Rosemont, Louise Beaudoin, porte-parole sur les questions de laïcité, a déposé une motion en ce sens, débattue ce mercredi en après-midi.
La neutralité de l’État doit avoir préséance sur la liberté religieuse et le port de signes religieux, tels que le kirpan, selon la vision péquiste.
Le modèle du multiculturalisme à la canadienne n’est donc certainement pas celui à retenir pour le Québec, a réaffirmé Mme Beaudoin, en point de presse, avant le début du débat sur sa motion.
La motion prend prétexte d’un incident récent impliquant des sikhs portant leur kirpan pour relancer le débat sur la place de l’expression religieuse dans les institutions publiques québécoises.
Le 18 janvier dernier, quatre membres de la communauté sikhe se sont fait refuser l’entrée à l’Assemblée nationale, parce qu’ils ne voulaient pas se séparer du poignard qu’ils portent pour des raisons religieuses.
Les quatre membres du World Sikh Organization of Canada, deux hommes et deux femmes, s’étaient présentés en vue de témoigner devant la commission parlementaire qui étudie le projet de loi 94 visant à interdire le port du voile intégral dans les services publics.
Le service de sécurité de l’Assemblée nationale avait alors jugé que le poignard sikh était en fait une arme blanche et n’avait donc pas sa place au parlement.
Les sikhs avaient refusé de laisser leur kirpan en consigne, comme on les avait invités à le faire pour les accommoder.
Deux droits s’affrontent ici: la liberté religieuse et la sécurité, a plaidé Mme Beaudoin, toujours prête à défendre le principe de la nécessaire séparation entre l’Église et l’État.
«Il faut choisir un de ces droits-là et quand tu es dans un État laïque, tu fais le choix que la liberté de religion a des limites», a-t-elle fait valoir.
En appui à sa position, elle a dit que dans tous les édifices des Nations unies, à New York ou à Genève, le port du kirpan était aussi prohibé.
Si jamais les libéraux votaient contre la motion, cela exprimera leur malaise sur ces questions, selon Mme Beaudoin, qui se dit persuadée que les valeurs et principes qu’elle défend sont ceux auxquels «la majorité des Québécois se rallient».
La ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, qui pilote le projet de loi 94, a dit lors d’un bref point de presse qu’elle était prête à endosser la motion, à quelques détails près.
Sauf qu’elle tient à rester sur le terrain «pragmatique» de la sécurité des lieux, refusant l’invitation péquiste d’élargir le débat à la sphère politique.
«Je soutiens cette décision qui a été vraiment prise pour des raisons de sécurité», a-t-elle dit, reprenant pour l’essentiel la position qu’elle avait exprimée le 18 janvier, à la suite de l’incident.
Le libellé de la motion vise à amener l’Assemblée nationale à «appuyer sans réserve» la décision de la direction de la sécurité d’interdire le port du kirpan en ses murs, «appliquant ainsi le principe de la neutralité de l’État».
Le vote doit avoir lieu en fin de journée ou jeudi.


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