Crise de la zone euro

Le plan grec voté sur fond d'émeutes

Le premier ministre Papadémos lance un appel au calme

Géopolitique — Union européenne

Hier soir, la police pourchassait les émeutiers dans les rues d’Athènes. Dans l’après-midi, 100 000 manifestants s’étaient donné rendez-vous devant le Parlement pour exprimer leur colère contre le nouveau plan d’austérité. Les parlementaires de la Grèce ont adopté, tôt ce matin, le nouveau plan d'austérité exigé par ses créanciers et devant permettre au pays endetté d'éviter de sombrer dans la faillite, peu de temps après qu'une manifestation dénonçant ces mesures eut tourné à l'émeute au centre-ville d'Athènes. Le vote historique ouvre la voie au douloureux plan d'austérité réclamé au pays en échange d'une aide supplémentaire de 130 milliards d'euros (171 milliards $) de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). Sans ces nouveaux prêts, la Grèce pourrait être confrontée à un défaut de paiement le mois prochain et éventuellement quitter la zone euro, ce qui n'apaiserait en rien les marchés boursiers à l'international. Les députés grecs ont voté majoritairement en faveur de ces compressions, à 199 voix contre 74, et ce, malgré l'opposition féroce de membres des deux principaux partis de la coalition gouvernementale. Les affrontements, hier, ont éclaté après que plus de 100 000 manifestants se furent donné rendez-vous devant le Parlement pour exprimer leur colère contre le plan, qui prévoit notamment l'abolition d'un poste sur cinq de la fonction publique et un recul de plus du cinquième du salaire minimum. Au moins 45 commerces ont été endommagés par les incendies, dont plusieurs bâtiments historiques, des salles de cinéma, des banques et une cafétéria. Cinquante policiers ont été blessés, tandis qu'au moins 70 manifestants ont dû être hospitalisés. Soixante-sept présumés émeutiers ont été arrêtés et 70 autres étaient détenus, au moment de mettre sous presse. Le premier ministre grec, Lucas Papadémos, avait lancé un appel au calme, déclarant que le vandalisme et les destructions «n'avaient pas leur place en démocratie et ne seront pas tolérés». Le plan entérine par ailleurs l'accord d'échange d'obligations avec les créanciers privés de la Grèce, qui doit lui permettre d'effacer au moins 100 milliards d'euros (132 milliards $) sur les 360 milliards d'euros (475 milliards $) de sa dette. Appel des syndicats Le débat, qui a commencé peu après 15h30 locales, devait durer au moins dix heures et ne s'achever qu'après minuit. Les adversaires du projet avaient prévu de fréquentes et bruyantes interruptions qui devaient encore ralentir l'examen du texte. De leur côté, les syndicats avaient appelé à une grande manifestation devant le siège du Parlement, la Vouli, à partir de 17h. Près de 100 000 personnes se sont massées en milieu d'après-midi sur la place Syntagma, devant le bâtiment, et un flot continu de nouveaux arrivants venaient grossir les rangs des manifestants, qui devaient rester mobilisés jusqu'au vote. Des heurts ont éclaté vers 18h entre les policiers antiémeutes et une centaine de manifestants anarchistes. Les protestataires ont commencé à jeter des bouteilles, des pierres, des engins incendiaires et des morceaux de marbre sur les forces de l'ordre qui ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Les manifestants pacifiques fuyaient la place devant le Parlement pour se replier vers les rues adjacentes. Vers 19h, les affrontements s'étaient propagés au-delà de la place, des batailles se poursuivant dans les rues avoisinantes. Un café Starbucks proche du principal bâtiment de l'Université d'Athènes était en feu. Les syndicats proches des communistes, qui avaient organisé un autre rassemblement avant de défiler vers le Parlement, ont interrompu leur marche en raison des affrontements. Les heurts se sont ensuite étendus dans le centre d'Athènes où plusieurs bâtiments étaient en flammes. Dans la crainte de violences, quelque 6000 policiers avaient été déployés dans le centre de la capitale grecque. Malgré un premier plan d'aide de 110 milliards d'euros, accordé en mai 2010 par l'UE et le Fonds monétaire international, la Grèce n'arrive pas à sortir d'une crise de la dette qui l'a précipitée au bord de la faillite et menace son avenir dans la zone euro. Le pays n'a pas de quoi rembourser les 14,5 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance le 20 mars prochain et doit sceller l'accord vital avec ses créanciers privés pour alléger sa dette d'ici là. La veille, dans une allocution télévisée, Lucas Papadémos avait défendu un accord qui «assurera l'avenir» du pays au sein de la zone euro. «Une faillite aboutirait à un chaos économique incontrôlable et une explosion sociale», avait averti le chef du gouvernement. Les députés grecs «vont assumer leur responsabilité» et «définir le choix le plus important» pour la Grèce: «avancer avec l'Europe et la monnaie unique», a ajouté hier le chef du gouvernement devant les députés, peu avant un vote crucial pour le pays et la zone euro. Il a rappelé que les trois objectifs du plan était l'assainissement des finances publiques, le rétablissement de la compétitivité du pays, le renforcement de son système bancaire. Conscient des «sacrifices» que ce tour de vis supplémentaire va impliquer pour la population, il a reconnu que le choix était «difficile» et représentait «une épreuve politique et morale». Dans le journal dominical allemand Welt am Sonntag, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaüble, estime que «la Grèce ne peut être un puits sans fond». Et de justifier les pressions européennes en expliquant qu'Athènes n'a pas tenu ses précédents engagements. «C'est pourquoi les promesses de la Grèce ne nous suffisent plus.» D'après l'Associated Press et l'Agence France-Presse



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