Le Parti conservateur misera-t-il sur son aile progressiste ?

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Le mode de scrutin du PCC favorise les candidats québécois


À moins d’une surprise, les candidats à la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC) proviendront tous de l’est du pays. Malgré le fait qu’elle est désignée comme favorite, Rona Ambrose n’aurait pas l’intention de se lancer dans la course à la chefferie, selon les informations de La Presse. Mais le National Post a publié mercredi un article intitulé : « Don’t rule Rona Ambrose out just yet ». Peut-être que cette histoire n’est pas encore terminée.


Si cela devait s’avérer, il s’agirait d’une première depuis la création du PCC en 2003. En effet, Stephen Harper et Rona Ambrose (qui a été chef intérimaire) viennent de l’Alberta ; Andrew Scheer est saskatchewanais d’origine.




 


Un sondage de la firme Léger publié la semaine dernière indiquait que, parmi les 1 554 répondants, Ambrose et Harper obtenaient les appuis les plus importants, avec 10 % et 9 % respectivement. Les autres noms du top 5 sont plus étonnants : Peter MacKay (7 %), Jean Charest (5 %) et l’actuel maire de Toronto, John Tory (4 %).


Étonnants, car ces trois hommes proviennent plutôt de l’aile progressiste du mouvement conservateur au pays. Peter MacKay a été le dernier chef du défunt Parti progressiste-conservateur (PC) avant la fusion avec l’Alliance canadienne en 2003 ; Jean Charest a été ministre du gouvernement Mulroney, puis chef du PC de 1993 à 1997, et John Tory a été le chef progressiste conservateur provincial en l’Ontario avant de se lancer sur la scène municipale en 2014.

Se pourrait-il, après deux défaites électorales consécutives contre les libéraux de Justin Trudeau, que le PCC tente de se recentrer et renouer avec un conservatisme plus économique que social ?


Pas si vite. Dans le même sondage, parmi les répondants qui affirment soutenir le PCC, Ambrose et Harper obtenaient le plus grand nombre d’appuis avec 18 % chacun. En troisième place se trouvait Peter MacKay avec 12 %. Jean Charest tombe loin derrière avec seulement 4 %.


Hypothétiquement, Jean Charest pourrait être un candidat intéressant pour affronter Justin Trudeau lors des prochaines élections fédérales, mais il devra d’abord se buter à un obstacle d’envergure : les membres du PCC qui voteront pour le futur chef et qui n’ont peut-être pas d’appétit pour un l’ancien chef libéral québécois — particulièrement ceux de l’ouest du pays. Ces mêmes membres avaient été divisés 51 % contre 49 % au treizième tour de scrutin entre Andrew Scheer et Maxime Bernier en 2017. L’historique récent du parti nous indique que les Red Tories n’ont pas la cote auprès des membres du PCC.



 


Néanmoins, il est important de rappeler que les partis politiques au Canada n’élisent pas leur chef selon les mêmes modes de scrutin. Au NPD, par exemple, le chef est élu au suffrage universel (à plusieurs tours). Dès qu’un candidat atteint 50 % des voix, il est alors automatiquement élu, sans tenir compte de la distribution géographique des votes.


En contraste, le mode de scrutin de la course à la chefferie du PCC accorde à chacune des 338 circonscriptions le même poids dans la pondération, soit 100 points, peu importe le nombre de membres qui y habitent. Les points sont accordés proportionnellement aux résultats du scrutin dans chaque circonscription. Par exemple, si un candidat X obtient 55 % du vote dans un comté, il accumule donc 55 points. Un comté de l’Alberta rurale qui contient plusieurs centaines (voire des milliers) de membres pèse donc autant dans la balance qu’Outremont ou Pointe-aux-Trembles. Considérant ceci, un candidat qui fait particulièrement bonne figure auprès des membres du Québec et de l’Ontario pourrait se faufiler en tête de peloton.


La course à la chefferie conservatrice est donc officiellement lancée. Jusqu’à présent, Erin O’Toole, Marilyn Gladu, Pierre Poilievre (tous de l’Ontario) et Peter MacKay (Nouvelle-Écosse) se sont prononcés. Jean Charest devrait dévoiler ses intentions sous peu. Reste à voir s’ils pourront amasser les 200 000 $ de financement populaire et les 3 000 signatures nécessaires à leur candidature au cours des six prochaines semaines. C’est certainement un défi de taille.




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