Le New York Times présente ses excuses… En France, c’est pour quand ?

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Pas plus envisageable au Québec qu'en France

Il y a quelques jours, par la voix de deux éditorialistes, le New York Times et le Washington Post ont fait leur autocritique : « Pour le dire crûment, les médias sont passés à côté », écrivait l’un. « Les médias ont échoué dans les grandes largeurs à comprendre ce qui était en train de se passer », renchérissait l’autre.


Aujourd’hui, c’est l’éditeur du New York Times lui-même, Arthur O. Sulzberger, Jr., qui présente ses excuses : « Nous entendons nous recentrer sur la mission fondamentale du journalisme, qui consiste à rapporter honnêtement ce qui se passe en Amérique et dans le monde, sans crainte ni faveur […] et couvrir avec honnêteté et indépendance le nouveau président et son équipe. »


Honnêteté ou pragmatisme ? Touché par la grâce ou par la trouille ? La trouille que ses lecteurs tombent comme à Gravelotte ? Que le nouveau président des États-Unis, qu’il décrit depuis des mois comme un ogre croquant tout crus les petits enfants ne fasse – le cauchemar étant devenu réalité – qu’une bouchée de son canard ?


Qu’importe, les faits sont là. Surréalistes, pour nous autres Français, qui n’avons jamais vu, ô grand jamais, nos médias aller ainsi à Canossa. Eux aussi, pourtant, quelques heures avant les résultats, étaient très affirmatifs, chacun dans leur domaine de compétence : France 5, qui s’y connaît en com’, ricanait par la voix de Patrick Cohen de la « bêtise » de Trump qui avait « insulté tous les Latinos ». Ceux-ci, bien sûr, allaient le « lui faire payer ». Non mais, quel âne, ce Donald.


BFM TV avait fait des projections statistiques savantes : « C’est mathématique, Hillary Clinton devrait devenir la prochaine présidente des États-Unis. » On ne peut rien contre la science.


Sur France 2, la question du scrutin étant déjà entérinée, on en était à la planification : selon Christine Ockrent, « la prise de fonction de Hillary Clinton » aurait lieu « vers le 20 janvier, comme toujours ».


Challenges réglait d’épineux détails protocolaires : comment appellerait-t-on Bill Clinton ? Sans doute « Premier Gentleman », ce qui, eu égard à ses manières irréprochables en toutes circonstances à l’endroit de la gent féminine, irait évidemment au cher homme comme une moufle. La vérité est qu’ils étaient tous experts en FDO : Fourrage de Doigt dans l’Œil.


Et ils n’en sont pas à leur coup d’essai. « Errare humanum est, perseverare diabolicum ». En 2002, le ciel leur était, d’une façon toute similaire, tombé sur la tête. Ils étaient alors partis avec une lampe frontale explorer ces villages qui avaient « voté FN », ne trouvant – pour oser témoigner devant leur caméra – qu’un simplet, un idiot au front bas n’ayant ni emploi, ni réputation, enquillant les petits blancs au bistro – ce qui corroborait de façon perverse leur thèse -, semblant ignorer que tous les autres étaient entrés dans l’isoloir comme dans un sex-shop : furtivement, en regardant de droite et de gauche et en fermant bien le rideau occultant.


Nos journalistes, investis d’une mission d’éducation et non plus d’information, sont ces parents implacables qui, punissant durement leurs enfants rétifs, les humiliant, même, sans jamais chercher à les comprendre, s’étonnent ensuite que ceux-ci ne leur fassent pas de confidences, n’intériorisent pas leurs préceptes et leur claquent un jour la porte au nez.


Au lendemain de l’élection, Jean-Michel Apathie a dit qu’il fallait se poser des questions. S’interroger sur le… « suffrage universel ». On est loin du rêve américain.



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