Le monde doit se préparer à une pandémie, admet l'OMS

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Europe, Proche-Orient, Amérique du Nord : la pandémie de plus en plus probable


L'Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle le monde à se préparer à une éventuelle pandémie du nouveau coronavirus, jugeant très préoccupante [...] l'augmentation soudaine de nouveaux cas en Italie, en Corée du Sud et en Iran.




Nous devons nous concentrer sur l'endiguement [de l'épidémie, NDLR], tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie, a déclaré son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse à Genève.


En Italie, où une dizaine de villes du nord ont été placées en quarantaine au cours de la fin de semaine, le coronavirus a maintenant tué 5 personnes et en a infecté 219 autres, selon le plus récent bilan fourni lundi par le gouvernement.


Quatre victimes ont été recensées en Lombardie (nord-ouest) et une autre en Vénétie (nord-est). Il s’agit dans tous les cas de personnes âgées, souvent déjà atteintes d’autres pathologies.



Les médias italiens rapportent aussi deux autres décès liés au coronavirus, mais ces derniers n'ont pas encore été confirmés par le gouvernement.


L’Italie est maintenant le pays le plus touché par le virus en Europe, et le troisième dans le monde, après la Corée du Sud et la Chine. La situation inquiète les pays voisins, dont la France, l’Autriche et la Slovénie.


Depuis l’annonce d’un premier décès, vendredi, les craintes d’une propagation ont entraîné la mise en place de mesures qui vont inévitablement nuire à l’économie de la péninsule, la huitième du monde en termes de produit intérieur brut.La Bourse de Milan a d’ailleurs plongé de 5,4 % lundi, et les autres places boursières européennes ont aussi subi de lourdes pertes.


En Lombardie, les écoles, les universités, les musées, les cinémas et les théâtres ont été fermés, tout comme la Scala de Milan et la cathédrale de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge, deux des monuments emblématiques de la Ville. Les bars doivent aussi fermer leurs portes de 18 h à 6 h, suspendant du coup la tradition de l’apéro.


Le métro de Milan, ville de 1,3 million d’habitants, était à moitié vide lundi matin et des supermarchés ont été vidés par des citoyens qui craignent des pénuries, ce qui a contraint le maire Beppe Sala à lancer un appel à la raison.



Plutôt que de courir dans les supermarchés accaparer les aliments, il faudrait prendre soin des plus faibles, en particulier des personnes âgées, qui sont celles qui courent le plus de risque.


Beppe Sala, maire de Milan


En Ligurie (nord-ouest), la célébration des messes a été interrompue. Seuls les enterrements et les mariages restent programmés, pourvu qu’ils ne réunissent que de petits groupes.


En Vénétie, les autorités ont décidé de mettre un terme aux festivités du célèbre carnaval dimanche soir, deux jours plus tôt que prévu. Des écoles et des musées ont été fermés, mais les bars et les restaurants demeurent ouverts.


Quatre matchs de soccer de Serie A ont été annulés en fin de semaine, et toutes les excursions scolaires ont aussi été suspendues à l’intérieur et à l’extérieur de la péninsule.




 

 



Le coronavirus se propage rapidement




Des touristes italiens coincés en France et à l'île Maurice


Tout ce branle-bas de combat a un impact sur des touristes italiens, dont les plans se trouvent subitement bouleversés.



À l’île Maurice, une soixantaine de passagers italiens originaires de la Lombardie et de la Vénétie ont été interdits lundi de débarquer d’un avion d’Alitalia parti de Rome. Les quelque 240 autres passagers ont cependant reçu l’autorisation de descendre.


À Lyon, un bus en provenance de Milan a été bloqué pendant des heures avec tous ses passagers à bord à la gare routière de Perrache, en raison de cas suspects de coronavirus à bord. Les passagers ont finalement été libérés.


Malgré cette flambée de cas, la Commission européenne a fait savoir lundi qu’elle ne souhaitait pas dans l'immédiat le rétablissement de contrôles aux frontières à l'intérieur de l'Union européenne.


À l'heure actuelle, notre recommandation aux États membres n'inclut pas la réintroduction de contrôles aux frontières internes, a déclaré Adalbert Jahnz, un porte-parole, lors d'un point presse quotidien.


Le code Schengen sur les frontières autorise le rétablissement temporaire de contrôles, mais toute décision devrait être prise à certaines conditions, a prévenu pour sa part le commissaire européen à la Gestion des crises Janez Lenarcic.


Ainsi, une telle décision doit être basée sur une évaluation des risques crédible et des preuves scientifiques, être proportionnée et prise en coordination avec les autres, a-t-il expliqué.


Aucun pays n'a pour l'instant notifié à la Commission avoir pris une telle décision à cause du nouveau coronavirus, selon la Commission européenne.


La France a cependant recommandé lundi aux personnes revenant de Lombardie et de Vénétie d'éviter toute sortie non indispensable. Les enfants de retour de ces régions ne doivent pas être envoyés à la crèche, à l'école, au collège ou au lycée, selon ces recommandations.


La situation en Iran inquiète ses voisins


Moins d'une semaine après la détection du nouveau coronavirus, le ministère iranien de la Santé a rapporté lundi quatre nouveaux décès, portant à 12 le nombre de victimes de l'épidémie dans le pays. Officiellement, 61 personnes ont été contaminées.


Après la province de Qom, où 34 cas de contamination sont recensés, suivent celles de Téhéran (13 cas), Gilan (nord, 6 cas), Markazi (centre, 4 cas), Ispahan (centre, 2 cas), et les provinces de Hamedan (ouest) et Mazandaran (nord), avec un cas chacune, selon le ministère.


L'Iran est déjà le pays enregistrant le plus grand nombre de décès en dehors de Chine, mais un député iranien, Ahmad Amirabadi Farahani, accuse lundi les autorités de masquer la réalité.


À l'issue d'une session parlementaire à huis clos sur le virus, ce député ultraconservateur a accusé le gouvernement de ne pas dire la vérité sur l'ampleur de l'épidémie, selon l'agence semi-officielle Isna.


Des clientes portant un masque sont au comptoir d'une pharmacie.

Des Iraniennes portant un masque font des emplettes dans une pharmacie de Téhéran.


Photo : Getty Images / AFP/ATTA KENARE




De son côté, l'agence de presse Ilna, proche des réformateurs, rapporte que le député Faramani a parlé de 50 morts uniquement à Qom.



Le reste des médias n'a pas publié ce chiffre, mais nous préférons ne pas censurer ce qui concerne le coronavirus, car la vie du peuple est en danger.


Fatemeh Madiani, rédactrice en chef de l'agence Ilna


Lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision, le vice-ministre de la Santé, Iraj Harirtchi, a catégoriquement nié cette affirmation, tandis que le porte-parole du gouvernement, Ali Rabii, a assuré que ce dernier est transparent.


La confiance des Iraniens envers leur gouvernement a déjà été ébranlée cette année, en raison des mensonges qui ont précédé l'admission qu'un vol ukrainien a été abattu par un missile iranien près de Téhéran, début janvier.


Une délégation de l'OMS doit arriver en Iran mardi.



Oman et l'Irak rapportent de premiers cas liés à l'Iran


Le Sultanat d'Oman et l'Irak ont tous deux annoncé lundi de premiers cas de coronavirus, attribuables selon eux à la situation dans la République islamique.


Selon la télévision d'État d'Oman, le ministère de la Santé a soutenu que deux femmes ont contracté le COVID-19 lors d'une visite en Iran. Elles seraient dans un état stable.


En Irak, pays au système de santé délabré, le premier cas de contamination est imputé à un étudiant en religion iranien venu dans la ville sainte chiite de Najaf.


Âgé d'une vingtaine d'années, selon une source médicale, il serait arrivé en Irak avant que le pays n'interdise les voyages vers et depuis l'Iran, samedi.


Plusieurs manifestants portant des masques marchent dans une rue.

La crainte du coronavirus n'empêche pas les Irakiens de manifester contre leur gouvernement, y compris à Najaf, où le premier cas de la maladie dans le pays a été déclaré lundi.


Photo : Reuters / Alaa Al-Marjani




Aussitôt cette annonce faite, la direction de l'Éducation de la province de Najaf a annoncé suspendre jusqu'à nouvel ordre les examens de fin de premier semestre dans l'ensemble de ses établissements scolaires et universitaires.


Le gouverneur de Salaheddine, au nord de Bagdad, où aura lieu mardi un pèlerinage chiite a annoncé interdire l'entrée des pèlerins étrangers dans sa province, de crainte d'une contagion.


Inquiet des décès en Iran et de l'annonce d'une première contamination dans un autre pays voisin, le Koweït, l'Irak a fermé sa frontière à l'est avec les deux pays. L'Arménie, la Turquie, la Jordanie, le Pakistan et l'Afghanistan et Oman ont fermé leur frontière ou restreint les échanges avec l'Iran.


Ailleurs au Moyen-Orient et en Asie centrale, l'Afghanistan, Bahreïn, et le Koweït ont aussi signalé lundi de premiers cas de contamination au coronavirus.


Dimanche, Air Canada a confirmé qu'une passagère à bord d'un de ses vols de Montréal à Vancouver, le 14 février, a été déclarée positive au COVID-19. Elle venait aussi d'Iran.


Un homme qui porte un masque prend un égoportrait dans un miroir.

Un homme qui porte un masque prend un égoportrait dans un miroir, à Séoul, en Corée du Sud, le 24 février 2020.


Photo : Reuters / Heo Ran




Près de 300 nouveaux cas en Corée du Sud


La Corée du Sud est pour sa part le pays recensant le plus grand nombre de cas de contamination au coronavirus en dehors de Chine.


Avec 291 nouveaux cas de contamination en l'espace de 48 heures, le pays dénombre désormais près de 900 patients contaminés, dont 7 mortellement, soit plus que le Japon où le paquebot Diamond Princess constituait jusqu'à présent le premier foyer de contamination hors de Chine.


Face au rythme de contagion, le président sud-coréen Moon Jae-in a proclamé dimanche l'état d'alerte maximale.


Dans le sud-est, Daegu, une ville de 2,5 millions d'habitants où ont été signalés un grand nombre de cas, prenait lundi des allures de ville morte. Seule une poignée de voyageurs, le visage recouvert d'un masque, entraient ou sortaient de la gare de la quatrième ville du pays.


Plus de la moitié des cas annoncés en Corée du Sud concernent des membres d'une secte d'inspiration chrétienne. Dix-huit d'entre eux rentraient d'un pèlerinage en Israël, où deux cas ont été déclarés et où de nouvelles mesures d'interdiction d'entrée ont été prises.


Des travailleurs portent des masques.

Des employés d’une usine de Shanghai, en Chine, portent des masques, le 24 février 2020.


Photo : Reuters / Aly Song




Pas d'accalmie en Chine


En Chine même, où le coronavirus est apparu en décembre dans un marché de Wuhan, l'épidémie a fait encore 221 morts au cours des 48 dernières heures.


Au total, 2663 personnes ont succombé au COVID-19 en Chine.


Le nombre de nouveaux cas de contamination a atteint 508 dans le bilan de mardi matin (heure locale), contre 409 lundi et 648 dimanche.


Signe de la gravité de la situation, le régime communiste a décidé de reporter la session annuelle du Parlement, qui devait s'ouvrir le 5 mars. C'est une première en trois décennies.


À Wuhan, la mairie a renoncé aux mesures d'allègement de quarantaine qu'elle avait elle-même annoncées quelques heures plus tôt.


Coupée du monde depuis exactement un mois, la ville de 11 millions d'habitants avait annoncé lundi matin que les non-résidents allaient pouvoir quitter la ville du centre du pays s'ils ne présentaient pas de symptômes de la maladie et n'avaient jamais été en contact avec des porteurs du virus.


Quelques heures plus tard, la mairie a affirmé que cette décision était invalidée et que des sanctions étaient prises contre ceux qui avaient fait cette annonce sans autorisation.


Wuhan met en œuvre l'esprit des importantes instructions du [président] Xi Jinping concernant la lutte contre la propagation du virus, a assuré la mairie.


Une équipe d'experts de l'OMS s'est rendue pendant le week-end à Wuhan, a rapporté le ministère de la Santé. Il s'agit de la première visite annoncée d'experts internationaux sur place depuis le début de l'épidémie. Selon le ministère, ils ont inspecté deux hôpitaux ainsi qu'un hôpital de fortune installé dans un centre sportif.


La directrice du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva a dit, lors d'une réunion ministérielle du G20 en Arabie saoudite, que la crise pourrait mettre en péril la reprise mondiale. Le FMI a déjà abaissé de 0,4 point sa prévision de croissance pour la Chine en 2020, à 5,6 %. La Chine étant la deuxième économie mondiale, ce repli devrait coûter 0,1 point de croissance au PIB planétaire.




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