Le grand mensonge : l’immigration pour maintenir à flot le budget de l’État

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« Ainsi, les pays du tiers-monde servent à la reproduction et les pays développés servent à la consommation : tout va bien dans le meilleur des mondes. »

Souvent, lorsqu’il est question d’immigration, on entend dire que l’immigration serait nécessaire pour financer nos programmes sociaux. L’argument sera qu’il y a de moins en moins de travailleurs et de plus en plus de retraités et donc que notre système de santé en souffrirait, ainsi que le reste de nos programmes sociaux. L’argumentaire tient sur le fait qu’on peut déduire empiriquement l’effort que les travailleurs auront à fournir pour financer l’État-providence en observant le rapport de dépendance. Le rapport de dépendance est simplement le rapport entre les individus en âge d’être dépendants (0 à 15 ans et les plus de 65 ans) par rapport aux individus en âge de travailler (16 à 65 ans). 


Ceci étant dit, les immigrationnistes affirment, et ils ont raison, que le rapport de dépendance est dû au vieillissement de la population. Vous aurez deviné que leur solution est d’avoir recours à l’immigration. Le raisonnement semble bon, à priori, mais lorsque l’on y réfléchit, cette solution n’en est pas une puisque les immigrants eux aussi finissent par vieillir ! 


Pour démontrer que le raisonnement est effectivement erroné, Grégoire Bergeron, auteur de l’étude « Immigration de masse au Québec : effet sur le poids démographique des Canadiens français », a réalisé des projections sur le très long terme pour évaluer l’impact de l’immigration sur le rapport de dépendance. Et sans surprise, la hausse du rapport de dépendance ne peut pas être endiguée par le recours à l’immigration.


La courte analyse de l’auteur est disponible sur son blogue : https://canadiens-francais-vs-immigrati … re-de.html


Méthode


L’auteur s’est servi de l’algorithme de calcul qu’il a développé pour son étude ultérieure concernant le poids démographique des Canadiens français. Il a analysé neuf cas de figure basés sur trois niveaux de fécondité (indice synthétique de fécondité de 1.6, 2.1 et 2.6) et trois niveaux d’immigrations (0, 50 000 et 500 000 immigrants/ans). Il a ensuite porté en graphique l’évolution du rapport de dépendance et de la population de l’an 1971 à l’an 2500. 


Résultats, analyse et explications


Sur le rapport de dépendance (RD), l’auteur note les éléments suivants :


• L’immigration ne peut pas empêcher la hausse du rapport des personnes à charge par rapport au nombre de contribuables;


• À long terme, il n’y a aucune différence à faire venir 50 000 ou 500 000 immigrants;


• Un taux de 30 000 immigrants par ans aurait le même effet sur le RD que l’actuel taux d’immigration de 50 000;


• Une hausse de l’indice de fécondité à 2.1 ou plus annule l’effet de l’immigration sur le RD.



L’auteur résume son analyse de la façon suivante :



« Est-il vrai que l’immigration peut équilibrer le rapport des contribuables par rapport au nombre des personnes à charge? Considérant que le rapport de dépendance des années 80 oscillait autour de 0.40, qu’il était autour de 0.45 en 2010, que dans le meilleur des scénarios avec immigration celui-ci se stabilise à 0.65, que dans le pire des scénarios sans immigration, celui-ci se stabilise à 0.73, que l’augmentation du taux de fécondité à 2.1 rend nul tout effet de l’immigration, nous pouvons conclure que l'affirmation est fausse. En aucun cas il ne sera possible de revenir à un rapport de 0.40 ou de conserver un rapport de 0.50. L’effet de l’immigration sur le rapport de dépendance est marginal lorsque l’indice de fécondité est de 1.6 et est nul lorsque celui-ci dépasse 2.1. Ainsi, on constate que, sur le long terme, l’immigration ne peut pas équilibrer le rapport des contribuables par rapport au nombre des personnes à charge. »





Puis il explique pourquoi l’immigration ne permet pas de résoudre le problème :



« Si l’immigration a un effet marginal ou nul sur le rapport de dépendance, c’est pour deux raisons. La première c’est qu’à long terme, les immigrants finissent eux aussi par vieillir. Pour remédier à ce problème, il faudrait prévoir des scénarios avec des flots d’immigrants toujours croissants à la manière d’une pyramide de Ponzi. Or ceci est inconcevable puisque nous arriverions rapidement au point où nos besoins en immigrants dépasseraient l’offre. L’approche que je qualifie de pyramide de Ponzi a déjà été étudiée par les Nations unies (Nations unies, 2001): par exemple, pour la Corée du Sud qui a un IDF similaire à la notre (IDF = 1.7 en 1990), les Nations unies ont calculé que pour la seule année de 2050 la Corée aurait besoin de 381 millions d’immigrants pour maintenir constant le rapport de dépendance, cette stratégie ferait passer leur population de 45 millions en 1995 à 6.2 milliards en 2050.


La seconde raison est que le rapport de dépendance de 0.40 des années 80 est un phénomène exceptionnel qui ne risque pas de se reproduire. Il est la résultante de l’effet combiné de trois événements, la première étant la fécondité élevée des années 1945 à 1965 (IDF = 4), la seconde étant la faible fécondité d’après 1965 (IDF entre 1.5 et 1.7), la dernière étant l’espérance de vie peu élevée dans les années 80 par rapport à celle d’aujourd’hui. Ces événements ont eu pour effet de minimiser le nombre d’individus d’âge inférieur à 15 ans ou supérieur à 65 ans tout en maximisant les individus âgés entre 15 et 65 ans; ce qui résultait en un rapport de dépendance de 0.40.»





Analyse de la FQS


Une fois de plus, nous constatons que les arguments du camp immigrationniste ne résistent pas à l’épreuve des faits. L’argument de l’immigration de remplacement avait déjà été étudié par les Nations unies (Nations unies, 2001), par le démographe Benoît Dubreuil (Dubreuil, 2011) et par plusieurs autres – Grégoire Bergeron ne fait que réitérer ce que d’autres avaient déjà constaté dans le passé. Cependant, la force du discours immigrationniste ne repose pas sur la vérité, mais plutôt sur le dicton qu’un mensonge répété 1000 fois finit par être perçu comme une vérité. Il faut donc constamment remettre les pendules à l’heure, puisque le mensonge ne cesse d’être répété. 


Si le vieillissement de la population ne justifie pas l’immigration de masse, il convient alors de rappeler la vraie raison. Le patronat et les multinationales ont intérêt à favoriser l’immigration de masse pour deux raisons. La première est qu’elle inonde le bassin de main-d’œuvre des pays industrialisés et permet de lutter contre la hausse du salaire de travailleurs. La seconde est que le système capitaliste est basé sur la croissance économique, alors que celle-ci dépend de la croissance de la consommation, qui dépend à son tour de la croissance démographique. Comme le capitalisme et le néolibéralisme ont échoué lamentablement à promouvoir le développement économique des pays en voie de développement, la consommation dépend principalement des pays développés. Comme le mode de vie des citoyens des pays développés est un frein à la fécondité, la démographie stagne, ce qui met en péril la croissance économique. Puisque le système ne parvient pas à transformer les citoyens du tiers-monde en consommateurs, la solution est d’importer ces citoyens dans les pays développés pour en faire des consommateurs. 


Ainsi, les pays du tiers-monde servent à la reproduction et les pays développés servent à la consommation : tout va bien dans le meilleur des mondes. 





Références


Bergeron, Grégoire (2017) « Immigration de masse au Québec : effet sur le poids démographique des Canadiens français ». https://vigile.quebec/IMG/pdf/immigrati … ancais.pdf


Bergeron, Grégoire (2017) « Analyse supplémentaire : Immigration, fécondité, et nombre de travailleurs par personne dépendante». https://canadiens-francais-vs-immigrati … re-de.html


Nations unies (2001) « Replacement Migration: Is It a Solution to Declining and Ageing Populations? ». Department of Economic and Social Affairs, Population Division, http://www.un.org/esa/population/public … ration.htm


Dubreuil, Benoît et Marois, Guillaume (2011) « Le remède imaginaire : pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec » Les Éditions du Boréal, ISBN : 978-2-7646-3094-6