Le général Dempsey en a assez, plus qu'assez

Géopolitique — nucléaire iranien


Le général Dempsey, président du comité des chefs d’état-major des forces armées US et par conséquent la plus haute autorité des forces armées US, montre son irritation manifeste des divers plans militaires du bloc BAO contre la Syrie et l’Iran. Il l’a montré à des journalistes, au cours d’un déplacement au Royaume-Uni, dans des termes assez crus. On sent l’irritation qui est celle, nous semble-t-il, de l’establishment militaire US, qu'on jugerait de moins en moins incliné à suivre les diverses envolée guerrières de différentes directions politiques des pays de bloc BAO, qu’il s’agisse de la Syrie, qu’il s’agisse de l’Iran.
Antiwar.com présente une revue rapide des déclarations de Dempsey sur la Syrie (le 31 août 2012) et sur l’Iran (également le 31 août 2012). DEBKAFiles fait également un rapport sur les déclarations de Dempsey, le 31 août 2012, en se cantonnant à l’Iran (et Israël), bien entendu.
• Concernant la Syrie, Dempsey contredit plus ou moins Obama (on peut s'arranger dans l'interprétation), qui avait envisagé la possibilité d’une intervention en Syrie si les armements chimiques et biologiques devenaient incontrôlables ; il contredit également les guerriers européens, type-Hollande, qui vous assure qu’on étudie la mise en place d’une no fly zone. Dempsey commence par dire que ceux qui comparent la situation en Libye à celle de Syrie, notamment pour l’établissement d’une no fly zone, ou toute autre sorte d’intervention, ne font guère que nous fournir, “au mieux”, “une source d’amusement”. Définitivement, pour Dempsey, – cela, il l’adéjà dit mais il le martèle plus que jamais, – une intrusion en Syrie présente des risques militaires énormes pour lesquels les forces US et celles de l’OTAN ne sont pas prêtes, et, sans doute, sans assez de moyens pour espérer l’envisager d’une façon assurée. Dempsey déclare, avec manifestement une pensée pour les Russes et les moyens militaires qu’ils déploient en Syrie :
«“If you chose to establish [a safe zone/no-fly zone] you would assume the responsibility for protecting it. If you are tasked to protect it you have to look at those who might seek to attack it or to influence it and that could take you, depending on weapons systems, it could take you to a limited no-fly zone it could take you to the point of having to interdict air and ballistic missile systems…»
• Concernant l’Iran, Dempsey repousse l’idée d’une participation US à une attaque israélienne contre l’Iran, sans parler d’une attaque directement des USA, complètement hors de question. Les termes qu’il emploie ne sont pas très agréables pour Israël puisqu’il affirme droitement qu’il ne veut pas “être complice“ d’un tel acte («I don't want to be complicit if [Israeli] choose to do it»), – comme s’il parlait, après tout, en parlant d’Israël, d’un voleur à l’étalage commettant son habituel chapardage. Dempsey affirme que les sanctions suffisent, qu’une attaque ne ferait que retarder le programme, voire inciter les Iraniens à faire encore plus et plus vite dans le domaine du militaire nucléaire, qu’il n’y a de toutes les façons aucune preuve que l’Iran veuille produire une arme nucléaire et ainsi de suite… Toute la panoplie des adversaires d’une attaque qu’on trouve en général sur les sites dissidents y passe, ce qui vaut une analyse critique de DEBKAFiles particulièrement désenchantée, se terminant par ce paragraphe d’une amertume moqueuse…
«But Iran’s leaders must be laughing up their sleeves at America’s futile efforts to isolate them, as they race toward their nuclear goal while showcasing Tehran as the stage for the Non-Aligned Summit attended by dozens of world leaders.»
DEBKAFiles estime que Dempsey a agi directement suivant les consignes de la Maison-Blanche, pour qu’Obama se débarrasse une fois pour toutes de l’acharnement israélien à l’entraîner contre l’Iran. Nous ne souscririons pas à 100% à cette version, qui renvoie un peu trop à la haine farouche anti-Obama des Israéliens extrémistes, tout en envisageant qu’elle soit à moitié vraie, à moitié fausse ; c’est-à-dire l’idée que Dempsey, sans agir sur consigne expresse de la Maison-Blanche, aille tout de même dans le sens de ce qui arrange la Maison-Blanche. D’une façon plus assurée, nous penserions volontiers que Dempsey exprime surtout l’exaspération des militaires US, confrontés à des myriades de problèmes internes, toujours engagés en Afghanistan, et qui ne tiennent absolument pas à engager une nouvelle campagne majeure alors que leurs moyens et leurs forces sont à bout de souffle. De là, le fait qu’il parle aussi bien de la Syrie (ce que DEBKAFiles, obnubilé par l’Iran, ne mentionne même pas), que de l’Iran.
Enfin, et peut-être surtout, il y a la possibilité très réelle d’une connexion politique chez les militaires US. Leurs intérêts politiques sont très grands dans la région, et peut-être ces militaires comprennent-ils bien mieux que les dirigeants politiques ce qui est en jeu actuellement. Il s’agit de la coopération militaire avec l’Égypte, la Jordanie, les pays du Golfe dont Bahrain d'où opère la Vème Flotte, la Turquie elle-même, dont les militaires sont excédés par l’aventure politique entreprise par l’équipe Erdogan et qui pourrait aussi bien les amener à une confrontation avec les Kurdes qu’à une incursion en Syrie, etc. Les militaires US ont sans doute largement précédé les directions politiques de leurs pays respectifs dans l'appréciation de la signification fondamentale du sommet du NAM de Téhéran, et ils tendent désormais à adopter une attitude défensive de recherche d’arrangements avec leurs alliés et partenaires arabes, et non plus, surtout plus du tout, une politique forcenée d’engagement forçant ces pays arabes, ou les affrontant éventuellement, dans des confrontations dont on peine à trouver le sens et l’intérêt stratégique et qui se trouvent soumis aux jugements hallucinés et du type “infraresponsables” des directions politiques, avec le zeste massif de paranoïa de quelques politiciens israéliens. Pour les militaires US, une campagne en Syrie ou une campagne en Iran porte le risque potentiel de voir désintégrées des alliances qu’ils ont mis, ces militaires US, un demi-siècle à constituer. Nous les verrions plutôt, aujourd’hui, sur le mode urgent de damage control, pour tenter de sauver ce qui peut l’être d’un courant qu’ils jugeraient irrésistible de réduction massive de l’influence du bloc BAO.
…Ce qui nous conduit aux rumeurs qui accompagnent actuellement la circulation à Washington de la présentation de ce qui serait un rapport de 82 pages, intitulé Preparing For A Post Israel Middle East, qui aurait été réalisé sous le tutorat des 16 agences de renseignement US formant la direction nationale du renseignement. Un article de Francis Lamb, qui est repris par divers site (PressTV.com, le 27 août2012, Information Clearing House le 28 août 2012, etc.), éveille divers intérêts en même temps que l’alarme et la hargne furieuse desneocons et du lobby pro-sioniste, – «…an 82 page analysis that concludes that the American national interest in fundamentally at odds with that of Zionist Israel. The authors concludes that Israel is currently the greatest threat to US national interests because its nature and actions prevent normal US relations with Arab and Muslim countries and, to a growing degree, the wider international community.» On a compris de quoi il s’agit, et il est inutile de s’attarder au contenu, à l’influence, etc., voire au statut exact de ce rapport, sinon pour noter le poids d’hérésie qu’il comporte par rapport à la pensée-Système. Il s’agit pour nous de mesurer, avec cette nouvelle comme conclusion, le renforcement du constat que la pression et la convergence des évènements conduisent à des orientations de réflexion de plus en plus radicales, et de plus en plus radicalement contraires à la politique déstabilisante et déstructurante massive du bloc BAO.
Mis en ligne le 31 août 2012 à 13H43




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