Comme ce fut le cas lors de la rencontre précédente du Conseil de la fédération canadienne, en août, c’est le pétrole albertain qui a accaparé l’attention des premiers ministres réunis à Halifax, jeudi et vendredi derniers. Pas la santé ni la péréquation. Le pétrole. Et cette fois, ce n’est pas la Colombie-Britannique qui a fait parler d’elle pour son opposition, mais le Québec… pour son ouverture.
En l’absence de Stephen Harper, qui avait rejeté l’invitation de ses homologues provinciaux pour discuter d’économie, les premiers ministres des provinces semblent avoir mis de côté tous les sujets de discorde avec Ottawa. Jeudi soir, ils ont écouté un économiste ; vendredi matin, c’était au tour du gouverneur de la Banque du Canada ; à midi, ils ont « lunché » et, à 14 h, ils étaient déjà prêts pour répondre aux journalistes avant de reprendre l’avion. Avec un horaire semblable, on ne règle certainement pas le sort de la fédération !
Alors de quoi a-t-on parlé ? D’un peu de tout et de rien en particulier, du moins si l’on se fie au communiqué final : d’un nouveau programme d’infrastructures qu’on aimerait voir financé par Ottawa, de formation de la main-d’oeuvre, d’immigration, de commerce… Des thèmes qui laissent une impression positive à un communiqué final rédigé d’avance, mais rien au sujet des décisions unilatérales prises par Ottawa depuis un an en matière de financement des programmes dont les provinces auront à subir les conséquences pendant des années.
Il n’y avait donc pas de quoi être surpris d’entendre Mme Marois comparer le Conseil de la fédération aux rencontres annuelles avec les gouverneurs des États de la Nouvelle-Angleterre. Pour la première ministre, c’est désormais d’égal à égal avec Ottawa que son gouvernement tentera de négocier au lieu de passer par le Conseil de la fédération. De toute façon, Stephen Harper refuse de discuter avec ce conseil qui devrait pourtant plaire à tout politicien sincèrement fédéraliste.
En fait, c’est une rencontre en tête à tête entre Pauline Marois et son homologue albertaine, Alison Redford, qui a surtout retenu l’attention. Alors que le projet de construction de l’oléoduc albertain Northern Gateway rencontre une vive opposition en Colombie-Britannique, le Québec a choisi de participer à un comité bipartite qui sera chargé d’étudier les enjeux du transport de pétrole d’ouest en est.
Pas de doute que ce choix déçoit les militants environnementalistes, qui auraient sûrement souhaité une alliance entre le Québec et la Colombie-Britannique contre tout projet d’oléoduc. Mais pour le moment, Mme Marois ne l’entend pas ainsi parce que le Québec a besoin de pétrole pour alimenter ses deux dernières raffineries et une industrie pétrochimique en déclin. D’autant plus qu’entre l’inversion du pipeline Sarnia-Montréal et le transport maritime actuel, la preuve n’est pas faite que la seconde approche soit moins risquée.
En participant pleinement au Conseil de la fédération qu’elle jugeait inutile sans pour autant sauter sur l’occasion pour rebâtir un rapport de force des provinces avec Ottawa, Mme Marois distille un flou qui ne manque pas d’en laisser plus d’un perplexe. Il lui faut donc rapidement faire la preuve que l’autre approche, celle de la lutte à deux, sera aussi efficace pour corriger les sérieux problèmes que son ministre des Finances décrit en long et en large dans son premier budget.
Conseil de la fédération
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