Le déclin de l’empire libéral

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Est-ce la fin de l'ère libérale amorcée en 2003 ?

Les libéraux sont dans le trouble et ils le savent. Depuis son retour hâtif au pouvoir en avril 2014 après la défaite du bref gouvernement Marois, le PLQ a glissé de 42 % d’appuis à 26 %. Selon le sondage Léger-Le Journal-Le Devoir publié samedi, il plonge à 16 % chez les francophones. Du jamais-vu.


À 27 % chez les francophones, le Parti québécois reprend un brin de tonus. L’« effet » Hivon-Aussant n’y est pas étranger. Le PQ sort des soins palliatifs, mais il est encore loin de la guérison. À 42 % chez les francophones, la CAQ se maintient en tête. À 11 % seulement, Québec solidaire semble payer le prix pour son refus de converger vers le PQ.


À sept mois des élections, rien n’est encore joué. Le déclin continu du PLQ depuis 2014 est néanmoins une tendance lourde. Après trois victoires sous Jean Charest, une quatrième sous Philippe Couillard est tout simplement un mandat de trop.


De fait, s’il est devenu premier ministre, c’était dû en bonne partie à la mauvaise gouverne et à la campagne électorale erratique de Pauline Marois. En science politique, on dit d’ailleurs que les gouvernements ne sont jamais élus, ils sont défaits.


Carottes cuites


Traduction : quand l’électorat ne veut plus voir un gouvernement, le principal parti compétiteur est élu souvent par défaut. La fin d’un régime est toujours une histoire de désamour.


Les gouvernements ne sont jamais élus, ils sont défaits. 


Des effets nocifs de son austérité à la désorganisation outrancière du système de santé sous son napoléonesque ministre Gaétan Barrette, le PLQ croupit à 71 % d’insatisfaction. Ses carottes sont presque cuites. Son inaction sur les questions linguistique et nationale complète le tableau. Idem pour un système scolaire devenu le plus inégalitaire au pays.


L’arnaque des augmentations sans fin accordées aux médecins spécialistes par le tandem Barrette-Couillard, eux-mêmes des spécialistes, a fait déborder le vase. Ces hausses astronomiques sentent le conflit d’intérêts politique à plein nez.


La débâcle Barrette


Des primes absurdes pleuvent sur la profession médicale, mais pour les personnes vulnérables – âgées, handicapées ou proches aidants –, c’est la disette. Pis encore, le premier ministre ne prend toujours pas la pleine mesure de l’ampleur de la débâcle signée par le docteur Barrette.


La raison ? Ce boulet électoral, M. Couillard en est lui-même le géniteur. Si la santé et les services sociaux s’annoncent comme un enjeu électoral décisif, il n’a que lui-même à blâmer. En donnant carte blanche au docteur Barrette sur tous les fronts, il s’est peut-être acheté un séjour au pouvoir plus bref qu’il ne le pensait.


Mais attention. Avec ses 150 ans d’existence, l’empire libéral est affaibli, mais même s’il perdait l’élection, son déclin serait temporaire. Adorant le pouvoir et redevenu un parti d’intérêts affairistes sous messieurs Charest et Couillard, le PLQ est un animal politique résilient.


C’est pourquoi, après 15 ans au pouvoir presque sans interruption, même une défaite électorale l’écorcherait à peine. Tout juste s’il ne trouverait pas le moyen d’en blâmer le peuple...