LIBRE OPINION

Le consensus de Washington, de «mea culpa» en «mea culpa»

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Zéro sur toute la ligne !

Malgré l’émoi qu’a produit le récent mea culpa du FMI concernant l’austérité exigée à ses débiteurs, il n’y a pas lieu de crier au changement de paradigme. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les observateurs des institutions de Bretton Woods et du consensus de Washington sabrent le champagne trop tôt.

Trois économistes chercheurs associés au FMI, Jonathan Ostry, Prakash Loungani et Davide Furceri, ont effectivement pris une position pour le moins surprenante dans le dernier numéro de la revue Finance and Development (« Neoliberalism : Oversold ? »). Ils y remettent en question deux piliers du néolibéralisme : la libre circulation des capitaux et la priorité donnée à la réduction des déficits. En bref, comme très bien résumé par un chercheur de l’IRIS, le FMI conclut qu’une diminution majeure de la dette publique par des mesures d’austérité n’aurait que des effets limités sur la prévention de crises économiques.

Ce n’est pas la première fois que le FMI ou la Banque mondiale rectifient leur discours après des conséquences désastreuses de leurs conditionnalités. Par exemple, la « décennie perdue » des années 1980 en Amérique latine n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd. La mise en place en 1999 de la Stratégie de réduction de la pauvreté en remplacement des Programmes d’ajustement structurels avait été qualifiée par certains commentateurs de « changement de paradigme », et certains entrevoyaient même la chute imminente du consensus de Washington.

L’inclusion du concept de développement humain dans les politiques du FMI et de la Banque mondiale, ainsi que l’accent mis sur l’empowerment des pays du Sud dans la rédaction de leurs programmes de développement sont autant de preuves d’un changement sinon idéologique, du moins rhétorique.

Un pas plus loin

En 2008, le Nobel d’économie Joseph Stiglitz avait d’ailleurs ouvert tout un débat sur la possible émergence d’un post-consensus de Washington. Dans la même foulée, l’économiste américain à l’origine du terme « consensus de Washington », John Williamson, avait modifié la liste originale de dix prescriptions économiques en y ajoutant une dizaine de politiques de bonne gouvernance. Il reconnaissait ainsi les impacts négatifs des conditionnalités imposés par les institutions internationales. Ce nouveau consensus visait à minimiser les impacts négatifs d’un néolibéralisme trop orthodoxe.

En 2013, le FMI avait d’ailleurs déjà fait un mea culpa pour l’échec grec. Un rapport de l’organisation admettait alors que malgré les politiques d’austérité, « la confiance des marchés n’a pas été rétablie, le système bancaire a perdu 30 % de ses dépôts et l’économie a fait face à une récession beaucoup plus forte que prévu et à un chômage exceptionnellement élevé ».

Il est vrai que les données publiées par le FMI, début juin, vont un pas plus loin. Les économistes de l’organisation affirment que les politiques d’austérité comportent un risque important pour l’augmentation des inégalités, ce qui affecterait les possibilités d’une croissance durable. Bien qu’ils ne fassent pas la promotion universelle d’un ratio dette/PIB explosif comme celui du Japon par exemple, ils critiquent tout de même ce qu’on pourrait qualifier d’obsession de la réduction de la dette, dont le FMI a trop souvent fait preuve dans le passé. Une baisse du ratio dette/PIB de 1 %, affirment-ils, ferait même augmenter le chômage de 0,6 %, et le coefficient de Gini (mesure des inégalités) de 1,5 %.
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