Le Plan Nord prévoit quelque 80 milliards de dollars (projets énergétiques, miniers, forestiers et touristiques) en investissement sur une période de 25 ans, a annoncé hier le premier ministre Jean Charest.
PHOTO: MATHIEU BÉLANGER, REUTERS
Le Plan Nord, dévoilé hier, est l'exemple type d'un projet visant un «développement durable». Il tente de concilier les volets économique, social et environnemental, sans être un projet purement économique, social ou environnemental.
L'exercice est périlleux, car il oblige le gouvernement à jongler avec trois boules, à faire des compromis, à concilier diverses attentes sans qu'aucune ne prenne le dessus. Bref, à faire plaisir à tout le monde... mais à personne en particulier.
À la lumière des réactions fort contrastées qui ont suivi l'annonce, le pari est réussi!
Certains écologistes craignent une vision trop axée sur le développement, d'autres se réjouissent du retrait de la moitié du Nord aux activités industrielles. Certains autochtones saluent la méthode de consultation, d'autres se désolent d'en être exclus. Quant au secteur privé, il s'est montré largement réceptif, mais il déchantera quand l'encadrement réglementaire se précisera.
Cette division est de bon augure, car elle prouve que le Plan Nord comporte des éléments intéressants, même si d'autres le sont moins. Et surtout, qu'il est nécessaire de se doter d'une vision d'ensemble, afin d'éviter de multiples batailles sur de multiples projets, au gré des boums économiques.
On parle tout de même d'un territoire qui couvre les trois quarts de la province, d'investissements de 80 milliards de dollars, de projets énergétiques, miniers, forestiers et touristiques échelonnés sur 25 ans. S'il y a un enjeu pour lequel on se devait d'élaborer un plan, c'est bien celui-là.
Vrai, certains projets auraient lieu de toute façon. D'autres sont hypothétiques ou tributaires des cycles économiques. Mais le Plan Nord a au moins le mérite de les enchâsser dans une vision à moyen terme, le temps d'une génération, au moment précis où l'on déplore l'absence de projets de société au Québec.
Cela dit, espérons que le gouvernement continuera d'avancer avec le doigté dont il a su faire preuve au cours des dernières années. Car rien n'est encore coulé dans le béton.
Maintenant le cadre dévoilé, Québec doit y ajouter ses éléments constitutifs. Le régime de redevances révisé, le gouvernement doit déposer son projet de loi visant à mieux encadrer le développement minier. Il doit élaborer une stratégie d'aménagement durable des forêts nordiques. Il doit préciser ses intentions quant aux compensations des populations locales.
Plus délicat encore, le gouvernement doit conclure les négociations entamées avec les Premières Nations et les Inuits, il doit s'entendre sur la reconnaissance des territoires ancestraux et sur la participation des communautés innues à la mise en valeur des ressources naturelles.
Le Plan Nord est le début du mouvement, non pas son aboutissement. C'est une façon d'attirer de futurs investissements étrangers, d'envisager la protection du territoire d'une façon cohérente et d'assurer aux jeunes autochtones un emploi après leurs études. Précisément ce que vise le développement durable.
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