Le bras de fer se poursuit entre les États-Unis et l’Iran

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L'Europe n'arrive pas à s'imposer au niveau géopolitique


Chaque jour, la tension monte entre Washington et Téhéran. Après le drone américain abattu par les Gardiens de la révolution iraniens (on ne sait, d’ailleurs, toujours pas avec certitude si ce drone était ou non dans les eaux iraniennes), c’est maintenant un drone iranien qui a été détruit. C’est, en tout cas, ce qu’affirme Donald Trump. Les Iraniens démentent, mais selon Le Figaro, une source militaire française confirme la version américaine. Quelques jours auparavant, la marine iranienne avait arraisonné un pétrolier « étranger » qui se livrait à de la « contrebande de pétrole ».


Au-delà de cette pittoresque bataille de drones et de pétroliers, on peut se demander jusqu’où ira ce bras de fer entre les deux ennemis – car il faut bien les appeler ainsi.


Les Américains tentent de créer une coalition internationale qui enverrait des navires de guerre dans le détroit d’Ormuz afin d’escorter les pétroliers. Plusieurs « tankers » ont, en effet, été arraisonnés ou endommagés par des attaques à l’origine incertaine, et Trump voudrait saisir cette occasion pour sensibiliser les Européens à la sécurité de l’approvisionnement du pétrole.


C’est peu de dire que ces derniers ne saluent pas cette idée avec beaucoup d’enthousiasme. Même les Anglais, fidèles valets de Washington en maintes occasions, ont manifesté une réticence immédiate. Certes, ils viennent d’arraisonner un pétrolier iranien près de Gibraltar et de faire prisonnier son capitaine, mais de là à envoyer sa flotte dans le détroit d’Ormuz face à l’Iran ! La France n’est pas, non plus, enthousiaste et l’Allemagne n’existe pas militairement.


L’idée des Européens est toujours la même : sauver l’accord nucléaire signé après tant d’effort. C’est louable, mais on ne voit pas bien ce qui pourrait faire revenir Donald Trump sur sa décision de dénoncer cet accord en 2018. Ils ont également manifesté leur désaccord sur l’alourdissement des sanctions américaines. Elles provoquent le marasme économique dont toute la population iranienne souffre, renforcent le clan des durs et affaiblissent le président Rohani, artisan de l’accord nucléaire et dangereusement fragilisé aujourd’hui.


Les Européens ont également eu l’idée, intéressante, de contourner ces sanctions en créant un système de troc qui permettraient aux entreprises européennes de ne pas faire de transactions en dollars et d’éviter, ainsi, des amendes astronomiques. Ils ont malheureusement été incapables de mettre en œuvre cet outil qui n’est qu’une coquille vide. Alors, à quoi sert l’Europe ? Cette question cent fois posée reste toujours d’actualité…


Trump ne parvient pas, non plus, à convaincre ses alliés locaux (hormis Israël et l’Arabie saoudite). Les Émirats arabes unis, par exemple, en première ligne face à l’Iran, n’ont aucune envie d’expérimenter la fiabilité des missiles iraniens.


Coincé entre sa rhétorique anti-iranienne et les volontés bellicistes de Bolton et Pompeo, ses deux principaux conseillers, Trump est aujourd’hui dans une impasse diplomatique. Mais Téhéran aussi : le peuple iranien en a assez des restrictions et de l’absence de liberté, en particulier les femmes. Le mouvement « Sans le voile » s’étend et inquiète les mollahs qui durcissent la répression.


Les diplomates ne sont plus écoutés et, en l’état actuel des contraintes de chacun, ni Téhéran ni Washington n’ont intérêt à calmer le jeu. Dans ce contexte, tout dérapage peut provoquer la guerre.