Le boulet de Pauline Marois

Actualité québécoise - vers une « insurrection électorale »?


L'élément le plus étonnant du sondage CROP publié la semaine dernière par La Presse, ce n'est pas le succès des troupes de Jean Charest. C'est bien davantage la faiblesse du Parti québécois qui, avec 33% des intentions de vote, est loin derrière les 44% du PLQ.
33%, c'est très peu pour un parti qui s'est bien tiré des dernières élections, qui forme une opposition professionnelle et rigoureuse, qui devrait, en principe, pouvoir profiter de la crise et des ratés de la première année de l'administration libérale.

Alors, c'est quoi le problème? Les yeux se tournent vers la chef, Pauline Marois. On évoque son image, des carences de sa personnalité, son château de l'Île-Bizard. Autant d'explications qui relèvent de l'anecdote. Pauline Marois, une ministre appréciée et compétente, devrait en toute logique mériter mieux que cela.
C'est pourquoi je pense qu'il faut chercher l'explication ailleurs. Et regarder du côté de l'option. C'est le faible attrait du projet souverainiste qui est devenu un boulet pour le Parti québécois et qui affecte la popularité de Mme Marois.
Les chiffres sont franchement catastrophiques. Dans un référendum sur la souveraineté, le «oui» récolterait 33% des voix contre 62% pour le «non». En répartissant les indécis, très peu nombreux, on arriverait à un score de 35-65. En gros, à peine plus d'un électeur sur trois appuie la souveraineté.
Bien sûr, ce ne sont que des sondages. Ça peut changer. Mais l'écart colossal de 30% entre le «oui» et le «non», et la persistance de cet insuccès depuis des années, suggèrent plutôt qu'on a quitté le terrain des fluctuations cycliques et que nous sommes en présence d'un phénomène structurel plus profond, et que nous sommes entrés dans une période que l'on peut qualifier de post-souverainiste.
Cela affecte le PQ de deux façons. Moins de souverainistes, c'est moins d'appuis naturels au PQ. Mais l'effondrement de l'option fait aussi en sorte que le PQ perd son pouvoir d'attraction auprès de non-souverainistes. Face à des gens qui ne veulent plus en entendre parler, les efforts de Mme Marois pour maintenir la flamme jouent un rôle de repoussoir. Notamment la stratégie du saucisson, qui consiste à multiplier les combats, et éventuellement les référendums, sur des enjeux sectoriels.
Depuis quelques jours par exemple, le PQ a lancé une grande offensive pour promouvoir l'indépendance énergétique du Québec. Il s'agit en fait de miser sur les énergies renouvelables et de réduire la dépendance envers les hydrocarbures. En soi, c'est une excellente chose. Mais le PQ essaie d'inscrire ce projet dans la marche vers la souveraineté. Au nom de quelle logique, puisque la réduction de la consommation de pétrole n'a pas grand-chose à voir avec le statut constitutionnel du Québec. Le lien, c'est qu'on joue sur les deux sens du mot indépendance. C'est le genre d'arguties qui réjouira peut-être les plus convaincus mais qui tombera sur les nerfs de tous les autres.
Le problème du PQ, c'est qu'il est encore au stade de la négation, et même parfois du jovialisme. L'ex-premier ministre Bernard Landry affirmait récemment que «l'idée progresse inexorablement» grâce entre autres à une triple alliance intergénérationnelle. Le conseiller Jean-François Lisée, en lisant les sondages comme les feuilles d'une tasse de thé, estime que le reflux de l'option est une «conclusion bizarre».
Pauline Marois a interprété le fait que des souverainistes participent à la politique municipale, notamment à Montréal, comme un signe que la souveraineté avait «le vent dans les voiles». Il serait plus juste d'en conclure que des souverainistes, devant l'impasse de l'option, ont choisi de mettre leurs talents aux services d'autres causes.


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